Comme l’écrit Paul Gradvohl, maître de conférence à Nancy II, dans Le Monde de ce 3 janvier, le régime du premier ministre Victor Orban ressemble à « la Hongrie horthyste de l’entre deux-guerres, un système autoritaire où l’opposition n’a aucune chance et qui s’abrite derrière des frustrations nationales pour maintenir une élite dépassée au pouvoir » […].
Survol des mesures votées par le Parlement aux deux-tiers aux mains de la droite ultranationaliste du FIDESZ-Union civique hongroise [2] :
• Les postes importants dans l’économie, la police, l’armée et la justice sont attribués pour 9-12 ans à des membres du FIDESZ. Si celui-ci perdait les prochaines élections (en 2014), ces responsables ne pourraient pas être révoqués avant terme.
• Le taux unique (flat tax) de l’impôt sur le revenu est fixé à 16 %.
• La TVA passe de 25 % à 27 % pour les produits de première nécessité, le gaz et l’électricité.
• La radio, la TV et l’agence MTI unifiées sont dirigées par un conseil, présidé par une proche de Victor Orban. Les journalistes récalcitrants ont été licenciés ou mis en préretraite. La seule radio d’opposition, KlubRadio, a perdu sa fréquence.
• Les sans-abri sont passibles d’emprisonnement.
• Pourtant converti au social-libéralisme, le Parti socialiste hongrois (MSzP) – issu de l’ex-parti unique d’avant 1989 – est déclaré rétroactivement « coresponsable des crimes communistes jusqu’en 1989 » (ce qui rendrait possible des procédures judiciaires à son encontre ou même sa mise hors-la-loi).
• Les élections au Parlement (réduit de 386 à 199 député·e·s) se feront à un tour, au scrutin de circonscription et au scrutin proportionnel de liste. Ce système aurait permis au FIDESZ de gagner les élections de 2002 et 2006.
• Seul point vraiment contrariant pour l’Union européenne : les trois adjoints du président de la Banque centrale hongroise seront désormais nommés par le premier ministre.
Les précédentes manifestations de l’opposition, l’année passée, avaient réuni peu de participant·e·s. Mais, le 2 janvier 2012, à Budapest 100 000 personnes ont manifesté contre la Constitution néo-horthyste de Victor Orban, sous le mot d’ordre « Il y aura à nouveau une République ! ». Après l’hiver, un printemps magyar ? 7
Notes
[1] Voir de « solidaritéS » sur ESSF (article 21454), Hongrie : le retour des années 1930 ?.
[2] FIDESZ est un sigle hérité de Fiatal Demokraták Szövetsége (Alliance des jeunes démocrates) mouvement de jeunesse créé en 1988 du temps de la République populaire.
* Paru en Suisse dans « solidaritéS » n° 201 (13/01/2012) http://www.solidarites.ch/.