En même temps, ici et là, il y avait un certain malaise. Son manque de transparence, son approche distante et froide, sa tendance à ne pas aborder les vrais problèmes que vivent les électeurs étaient observés par plusieurs. Elle était perçue comme trop axée sur une approche politique traditionnelle et trop proche de Wall Street. Était-elle intéressée à servir la population, ou à se servir elle-même ? Ses réponses n’ont jamais été claires.
À l’opposé, il a eu la campagne de Bernard Sanders. Il s’est promené partout, prenant la parole devant des foules de vingt à trente mille personnes. Il a toujours affirmé qu’il n’avait pas peur de se présenter comme un « socialiste démocratique » et que pour lui, le principal problème, c’est l’accaparement des ressources et du pouvoir par le 1%. Avec son discours populiste de gauche, il a parlé aux électeurs, il s’est adressé à leurs problèmes, sans pour autant avoir des solutions magiques comme l’a prétendu Hillary Clinton. Il a osé mentionner la nécessité d’une « révolution politique » aux États-Unis, indispensable selon lui pour sauver la démocratie américaine et remettre le pays dans les mains des travailleurs et des classes moyennes. Pour Bernie, le « WE the People » (les trois premiers mots inscrits dans la Constitution américaine) est le fondement de la démocratie.
Aujourd’hui, Sanders est en avance de 6% pour l’élection primaire dans l’état du New Hampshire (qui aura lieu le 9 février). Il est en deuxième place à moins de 2% derrière Hillary dans l’Iowa (élection le 1 février). D’autres sondages notent la montée de Bernie un peu partout, y compris dans des États réputés conservateurs comme la Caroline du sud.
Devant cette menace, Hillary a rapatrié Bill. Son mari a encore la cote parmi plusieurs Démocrates pour qui il reste un homme simple et de cœur. Le camp Clinton commence à avoir peur, voyant que la montée de Sanders n’est pas un feu de paille, que son discours de gauche modéré résonne, qu’il a des appuis croissants au sein de la population.
Lors du dernier débat télévisé sur les primaires des Démocrates, Hillary Clinton s’est attaquée avec insistance pour déconstruire les positions de son principal adversaire. Mais à la surprise générale (selon les sondages réalisés après le débat), ses attaques ont produit le contraire de ce qu’elle espérait. Sanders a encore marqué des points.
Peut-on rêver ?!? Il ne faudrait pas sous-estimer les forces derrière Hillary. Les Clinton n’ont pas dit leur dernier mot.