Les relations entre Barak Obama et Netanyahou sont notoirement détestables même si cela n’a eu aucun impact sur l’ampleur de l’aide multiforme accordée par les États-Unis à Israël. Donald Trump, le probable adversaire d’Hillary Clinton, qui prône une politique étrangère plutôt isolationniste, s’était vu accusé de n’être pas suffisamment ferme dans son soutien à Israël avant de se reprendre et d’affirmer sa pleine solidarité et même son souhait de voir transférer l’ambassade américaine à Jérusalem. Hillary Clinton n’a pas voulu être en reste.
L’ancienne Secrétaire d’Etat américaine a voulu se présenter comme la plus déterminée à soutenir Israël et ce, de façon inconditionnelle. Son discours semble avoir été écrit par l’AIPAC lui-même et n’a en tous les cas comporté aucune remarque de nature à déplaire à ses hôtes. Hillary Clinton a d’ailleurs été chaleureusement interrompue par des applaudissements à 55 reprises.
Dans son discours, Hillary Clinton a célébré la nécessité d’établir entre Israël et les États-Unis une alliance plus forte que jamais au moment où les menaces s’accumulent sur Israël. Elle en a distingué trois : l’Iran, la montée des extrémismes dans un arc d’instabilité et les efforts internationaux pour délégitimer Israël.
Si elle a à juste titre déploré que les familles israéliennes vivent dans la peur du fait des attaques au couteau, elle ne semble pas être consciente que les familles palestiniennes peuvent également vivre dans la peur du fait des violences des extrémistes et des colons israéliens ou des incursions militaires dans les territoires occupés. Elle a reproché aux leaders palestiniens d’inciter à la violence et de célébrer les terroristes comme des martyrs en donnant des récompenses à leurs familles.
Elle a proposé d’amplifier la coopération militaire américano-israélienne pourtant déjà largement développée et s’est prononcée en faveur du développement de l’Iron Dome (dôme de fer, système de défense anti-missile israélien). Elle souhaite établir un nouveau Memorandum of Understanding militaire de 10 ans entre Israël et son pays et que les États-Unis fournissent à Israël les armes les plus sophistiquées pour assurer sa défense.
Elle s’est par ailleurs engagée à inviter en tout premier lieu, si elle est élue présidente, le premier ministre israélien à la Maison-Blanche, se démarquant ainsi de Barack Obama.
Pour elle, le mouvement Boycott Désinvestissement Sanction (BDS) doit être combattu car il a pour objectif de diaboliser Israël.
Hillary Clinton a cependant rappelé son soutien à la solution des deux Etats même si, apparemment pour elle, seule la partie palestinienne est responsable de sa non-réalisation. Elle n’a pas dit pas un mot sur le développement des colonies israéliennes ou sur la répression militaire qui frappe souvent de façon indéterminée la population civile palestinienne. Elle avait d’ailleurs soutenue le bombardement sur Gaza en 2014. Afin de rassurer ses interlocuteurs, elle s’est élevée contre toute tentative d’imposer une solution extérieure, y compris par la voie des Nations unies. Pourtant, chacun constate que laisser les deux protagonistes israéliens et palestiniens négocier seuls un éventuel accord ne conduit à rien du fait de l’inégalité du rapport de force et de l’absence claire de volonté du gouvernement israélien de droite et d’extrême droite actuel d’y parvenir.
Si Hillary Clinton est élue, les dirigeants israéliens ont donc la certitude de pouvoir mener en toute liberté leur politique actuelle qui peu à peu rend impossible la solution des deux Etats. Non seulement Hillary Clinton s’est engagée à n’exercer aucune pression sur eux mais, de surcroît, d’empêcher les autres nations de le faire (cela étant, pays européens et arabes ne semblent pas vouloir être très actifs sur ce dossier, les pressions venant plus des opinions publiques). On voit mal, dès lors, ce qui pousserait les dirigeants israéliens à se montrer plus ouverts. C’est une véritable bombe à retardement sur le plan stratégique.