Édition du 12 novembre 2024

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Éducation

Hausse des droits de scolarité : le gouvernement doit reculer

Nous qui étions jadis au service de grandes institutions d’enseignement supérieur du Québec avec la volonté de servir aussi bien la communauté universitaire que la communauté en général et avec le souci d’accroître l’accessibilité aux savoirs fondamentaux, nous déplorons la fermeture dont fait preuve l’actuel gouvernement dans l’affaire de la hausse des droits de scolarité. Non seulement ce gouvernement souffre-t-il avec indifférence un niveau élevé d’inéquité dans la société, mais il n’hésite pas à accroître les inégalités prudens et sciens, sous prétexte de nécessités économiques et budgétaires, du reste fort contestables. La manière dont il entend réserver l’accès à l’éducation supérieure aux seules couches nanties de la population en témoigne cruellement. 

Qui plus est, nous ne reconnaissons plus la noble fonction rectorale au sein des institutions que nous avons servies avec cœur. Les recteurs et les principaux, qui ont indument demandé au gouvernement une hausse des droits de scolarité plus élevée encore, ont acquis un pouvoir accru qui les constitue comme de vrais tiers inclus dans les décisions collectives au détriment du tiers exclus qu’est aujourd’hui plus que jamais la population du Québec. Des recteurs en poste volent au secours du gouvernement en lui fournissant des arguments sur un besoin factice de financement et sur un besoin tout aussi controuvé de « compétitivité » des institutions universitaires. Or, ces arguments servent principalement à masquer la mauvaise gestion des universités québécoises et les pratiques dépensières dont ces mêmes administrations ne cessent de se montrer capables.

Quand une partie importante de la population parvient, comme le font les étudiants et leurs alliés dans leur mouvement de grande envergure, à manifester avec force son opposition aux décisions qui la concernent, retirant dès lors une partie de sa confiance et de sa légitimité aux élites dirigeantes, il est dans l’intérêt de celles-ci de revenir sur ses mauvaises décisions. Nous invitons ainsi le gouvernement à faire preuve de flexibilité et à reculer, faute de quoi, comme le chêne de La Fontaine qui ne sait pas plier, pourrait bien se trouver déraciné.


Signataires :
Léo-A Dorais, fondateur et ex-recteur de l’Université du Québec à Montréal (1969-1974)

Michel Gervais, ex-recteur de l’Université Laval (1987-1997)

Louis-Edmond Hamelin, ex-recteur de l’Université du Québec à Trois-Rivières (1978-1983)

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