Le court ouvrage possède un double mérite. Il nous alerte d’abord sur « le grand déni » du discours dominant qui cherche à accréditer l’idée que la crise serait en voie de résorption tout en faisant oublier que l’une des principales causes de cette crise est justement les efforts financiers consacrés au sauvetage des banques en 2008-2009. Il souligne à juste titre que les États ont abandonné leur souveraineté au profit des banques au niveau des outils d’orientation de l’économie en leur cédant la capacité de jouer sur les taux de change, sur l’émission de prêts, les taux d’intérêts, etc. Il prévient que la prochaine crise viendra tout probablement d’un éclatement de la bulle spéculative des dettes publiques sous l’effet d’un soudain relèvement des taux d’intérêt. L’exercice de démonstration s’accompagne d’une description des différents produits financiers que les banques utilisent, produits tous plus toxiques les uns que les autres sauf pour quelques spéculateurs prudents qui auront eu la bonne idée de contracter une assurance contre les risques d’un défaut de paiement ce qui revient à les mettre en position de souhaiter un tel défaut de paiement et la ruine qui s’ensuit pour l’entité (États, entreprises, etc.) qui fera faillite au grand plaisir des spéculateurs.
Il cherche ensuite à tracer les voies d’une reprise en main sur le système de financement de l’économie. L’enjeu est politique. Il faut « sortir de ce consensus qui va de la droite à une partie de la gauche ». Notre seule planche de salut est de mettre en place ce nouveau système dès maintenant. Il faut, selon l’auteur, « saigner la finance avant qu’elle ne nous saigne ».
Le défi est de reprendre le contrôle collectif de la monnaie dont la création est progressivement passée entre les mains d’acteurs privés, en l’occurrence les banques. Les peuples doivent pouvoir maîtriser la création monétaire, la gestion des taux de change et des taux d’intérêt et, ultimement quoi faire avec les capitaux disponibles. La proposition maîtresse serait d’en venir à une monnaie commune, mais pas unique, à l’échelon mondial. Avec cette mise en garde : l’effacement de la dette publique ne manquera pas d’advenir, soit comme une retombée d’une formidable secousse financière, soit comme le résultat d’un nouveau système de financement de l’économie mondiale. À lire.
