Par le Groupe des 13
À quelques jours des élections, force est de constater que les chef.fes de partis n’ont pas tiré de grandes leçons du mouvement planétaire #moiaussi des derniers mois. La devise du Québec ne semble pas s’appliquer aux dossiers chauds soulignant l’ampleur des discriminations, iniquités et violences diverses et variées dont sont encore victimes les femmes au quotidien dans notre société dite progressiste. Il semble malheureusement que leur vote soit considéré aussi acquis que leur consentement.
Considérant l’ampleur (enfin !) démontrée de la problématique des agressions et du harcèlement sexuels, les 50.3% de femmes que compte le Québec attendaient davantage de propositions axées vers la fin des discriminations durant la campagne.
Rappelons [1] que les femmes composent 80% des victimes de violence conjugale et 86% des victimes d’agressions sexuelles. Rappelons que, quel que soit leur niveau d’études, elles touchent, à leur entrée sur le marché du travail, 85,4% du salaire des hommes et que cela aura des impacts jusqu’à leur retraite. 76% des familles monoparentales sont dirigées par des femmes. 58% des travailleurs au salaire minimum sont des femmes. Elles réalisent encore près du double des tâches ménagères. Et cela sans compter la question des femmes autochtones disparues et assassinées ou des femmes en situation de handicap qui subissent trois fois plus de violence…
Si l’égalité est bien réelle dans les textes de loi, ces quelques statistiques montrent clairement que l’accès à ces droits est loin d’être une réalité pour toutes. Les partis, et leurs chef.fes, se plaisent à répéter que plus de femmes que jamais se présentent durant cette campagne et que cette parité est une belle progression. Certes, mais raison de plus pour questionner l’absence des enjeux spécifiques aux femmes du débat électoral.
Ceci est donc un cri du cœur aux chefs de partis ! Il est minuit moins une…
Nous aspirons toutes et tous à vivre dans une société prospère et inclusive. Il est de la responsabilité de nos gouvernements d’assurer la sécurité, la dignité et l’égalité pour toutes les femmes. Les idées novatrices ne manquent pas : un ministère de la Condition féminine, des moyens dédiés pour des cours d’éducation sexuelle incluant les relations saines et égalitaires, l’utilisation de l’analyse différenciée selon les sexes et intersectionnelle (ADS+) dans la production des politiques publiques, une loi-cadre sur la conciliation famille-travail-études, etc.
Quand les femmes pourront-elles vivre une vie sans discrimination liée à leur sexe ? Quand seront-elles payées à la juste mesure du travail réalisé ? Quand ne seront-elles plus menacées d’être violées par leur conjoint ou dans la rue ?
Ce sont toutes ces questions et plus encore qu’il aurait été utile de débattre dans le cadre de cette campagne et qui ont été évacuées faute de volonté politique. À une semaine du scrutin, il est encore possible de se donner un projet de société équitable et égalitaire. Il est minuit moins une…
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