En effet, lorsqu’on prend le temps d’examiner le dossier des membres de l’exécutif du Mouvement des étudiants socialement responsables du Québec (MESRQ), on découvre rapidement que l’ombre la plus sombre qui se profile derrière l’organisme n’est pas tant celle du PLQ, mais plutôt celle du mouvement libertarien et de ses principaux porte-voix au Québec, l’Institut économique de Montréal (IEDM) et le Réseau Liberté-Québec (RLQ).
Le Mouvement des étudiants sous l’influence d’un journal de droite libertarienne
Ce n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard si l’on retrouve sur la page web du MESRQ un lien menant directement au site internet d’un journal ultraconservateur, The Prince Arthur Herald, fondé à l’hiver 2011 par des étudiants de l’Université McGill. Le journal a été créé essentiellement pour contrer la supposée influence omniprésente de la gauche dans les journaux étudiants distribués sur les campus à travers le pays. Ses dirigeants se vantent d’ailleurs de publier « le plus grand journal de droite au Canada ».
Les liens étroits entre The Prince Arthur Herald et le MESRQ sont évidents. Il suffit d’ailleurs de constater que deux des principaux porte-parole des étudiants pour la hausse font partie de l’équipe du journal. C’est le cas du représentant média du MESRQ, Jean-François Trudelle (celui-là même qui a été identifié comme un militant du PLQ), qui occupe également la fonction de rédacteur en chef de la section francophone du journal The Prince Arthur Herald. Et il n’est pas seul puisqu’une autre figure bien en vue du MESRQ, Arielle Grenier, est responsable de la section Culture et société au journal. Sur sa page Facebook, l’étudiante s’affiche d’ailleurs de pensée libertarienne.
Un appui non spontané à la hausse
L’influence du journal The Prince Arthur Herald sur les leaders du mouvement étudiant pour la hausse des droits de scolarité se confirme lorsqu’on se donne la peine de visiter leurs pages Facebook qui, pour plusieurs, présentent un lien direct avec le journal de droite libertarienne. Il ne fait donc aucun doute que l’émergence d’un mouvement pour la hausse des droits de scolarité n’est peut-être pas aussi spontanée qu’on pourrait le croire alors que ses principaux initiateurs sont nuls autres que les étudiants libertariens de McGill.
L’IEDM aux premières loges
Cependant, l’étude des jeux d’influence qui ont mené au MESRQ ne s’arrête pas là. Cela devient encore plus intéressant lorsqu’on lève un peu plus le voile sur ceux qui se trouvent derrière The Prince Arthur Herald. Et qui voit-on ? Rien de moins que certains des principaux protagonistes de l’Institut économique de Montréal et du Réseau Liberté-Québec. En effet, parmi les neuf membres qui siègent au Conseil des gouverneurs du journal, on retrouve Adrien Pouliot, cofondateur de l’IEDM et président du conseil de cet organisme pendant neuf ans. Un autre membre est Jasmin Guénette, directeur des affaires publiques à l’IEDM de 2002 à 2008. Le trio est complété par Vincent Geloso, ex-économiste à l’IEDM où il est toujours chercheur associé.
Un Réseau Liberté-Québec qui n’est pas en reste
L’influence libertarienne, qui imprègne les écrits du Prince Arthur Herald, est également entretenue par deux autres membres du Conseil des gouverneurs, Éric Duhaime (également un ancien de l’IEDM) et Roy Eappen, tous deux cofondateurs du Réseau Liberté-Québec, lui-même une créature de l’IEDM. Il est d’ailleurs plutôt ironique de voir Éric Duhaime siéger au Conseil des gouverneurs d’un journal si dédié à la cause de la hausse des droits de scolarité alors que lui-même prétend, à qui veut l’entendre, s’y opposer. C’est du moins ce qu’il a affirmé à l’émission Tout le monde en parle devant des centaines de milliers de téléspectateurs. À croire que le volubile et démagogue porte-parole du Réseau Liberté-Québec ne réussit pas à convaincre grand monde dans son propre entourage… ou qu’il est beaucoup plus discret à combattre la hausse qu’il le prétend.
Une pieuvre qui étend ses tentacules sur la société québécoise
Au moment du lancement du Prince Arthur Herald en 2011, son directeur en chef des communications, Marc-Olivier Fortin, a reconnu en entrevue que le journal bénéficiait de l’appui de gens d’affaires influents, sans apporter plus de précisions. Il y a fort à parier que ces personnalités anonymes sont les mêmes qui financent généreusement, année après année, l’IEDM pour faire avancer leur idéologie libertarienne et reculer d’autant les droits sociaux de la majorité.
Après avoir donné naissance au Réseau Liberté-Québec et à la Ligue des contribuables du Québec, la pieuvre de l’IEDM étend de nouveaux tentacules sur la société québécoise à travers un prétendu journal étudiant « indépendant » et un mouvement étudiant « supposément spontané » dont l’inspiration qui leur a permis de naître est venue de beaucoup plus haut que leurs simples militants.
Un « mouvement contre les jeunes »
Tout un paradoxe pour Éric Duhaime, qui vient de publier L’État contre les jeunes, de voir le RLQ et l’IEDM cautionner indirectement un « mouvement étudiant » dont les revendications risquent de réduire l’accessibilité des jeunes aux études universitaires. Bref, un « mouvement contre les jeunes »…
À suivre bientôt sur ce blogue… d’autres liens révélateurs.