Les témoignages recueillis lors de la Commission populaire ont souligné que les effets de l’austérité ont laissé les plus vulnérables sur le carreau. « Les familles et les personnes de milieux les plus modestes s’appauvrissent. Elles ont de plus en plus de difficulté à répondre à leurs besoins de base et voient leur accès à des programmes sociaux et des services publics de qualité grandement diminué », affirme Laurence Lagouarde de la Fédération des associations de familles monoparentales et recomposées du Québec (FAFMRQ). La protectrice du citoyen, l’a d’ailleurs récemment dénoncé : « au fil des ans, les compressions budgétaires touchent de plus en plus les services directs à la population, et on a des conséquences comme des longs délais, des avantages ou des indemnités réduits, des services auxquels on n’a pas accès avec l’intensité requise ou en temps opportun ou tout simplement pas d’accès »1.
En raison de cet effritement du filet social, les travailleuses et travailleurs des organismes communautaires mènent quotidiennement une double bataille : soutenir les personnes qui, abandonnées par l’État, font appel à eux, tout en essayant d’assurer leur propre survie. « C’est impossible de répondre à l’augmentation des demandes que nous recevons - un nombre de personnes en augmentation avec des besoins de plus en plus complexes - tout ça avec de moins en moins de moyens. La situation de sous-financement des organismes communautaires autonomes est tout simplement intenable », précise Martin Bécotte, directeur de la Fédération régionale des OSBL d’habitation de la Montérégie et de l’Estrie et membre du conseil d’administration du RQ-ACA, en tant que délégué du Réseau québécois des OSBL d’habitation. M. Bécotte poursuit : « Le gouvernement s’est engagé à assurer un financement adéquat des groupes communautaires, en plus de garantir une certaine justice sociale : on est loin du compte ! »
Les participantEs à la Commission populaire pour l’ACA ont aussi indiqué que ni la lettre, ni l’esprit de la Politique gouvernementale en matière d’action communautaire, adoptée en 2001, ne sont respectés. M. Bécotte soutient que « le gouvernement voit les groupes communautaires comme une extension des services publics. Or, ils font les choses autrement : les groupes communautaires s’inscrivent dans une perspective de transformation sociale et de participation citoyenne large. On ne parle pas juste d’organismes de services, mais de générateurs de citoyenneté et de vie démocratique ».
« Ce rapport témoigne des grandes difficultés que vivent les organismes communautaires dans leur travail quotidien et des répercussions qu’elles ont sur celles et ceux qui s’y rendent. Mais il parle aussi de la richesse de l’expérience terrain développée au cours des années et de l’énergie déployée pour y arriver », conclut Alexandra Pierre de la Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles.
Les membres du RQ-ACA iront porter le rapport Les organismes d’action communautaire autonome : entre engagement et épuisement, à l’Assemblée nationale à la fin novembre. Ils participeront également aux actions de grève et de fermeture des 7-8-9 novembre prochains, organisées par la Campagne Engagez-vous pour le communautaire.
Le rapport est disponible à https://mobilisationaca.com/.
1 Madame Raymonde Saint-Germain, protectrice du citoyen, citée dans « L’austérité a fait mal », de Simon Boivin, Le Soleil, le 29 septembre 2016.