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Fonction publique

Économies de 838 millions $ en un an sans nuire aux services à la population - Le SPGQ s'inquiète des propos de François Legault

QUÉBEC, le 1er févr. 2019 - Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) s’inquiète des propos du premier ministre François Legault, qui estime raisonnable de dégager des économies de 838 millions $ en un an sans nuire aux services à la population. Le premier ministre ajoute même que « c’est l’ensemble des ministères à qui on a demandé, comme on l’avait dit dans le cadre financier, de faire des gains d’efficacité, d’éliminer de la bureaucratie ».

Pour le président du SPGQ, Richard Perron, ce constat s’avère étonnant et paraît peu documenté. « Ces propos semblent témoigner d’une position peu éclairée. D’ailleurs, l’idée n’est pas nouvelle et des compressions ont déjà fragilisé l’administration gouvernementale au cours des dernières années, comme la réingénierie de l’État et l’annonce d’un gel des effectifs jusqu’en 2016, sans oublier diverses vagues de compression », indique M. Perron.

Ces vagues de compressions et de politiques d’austérité ont grandement touché la fonction publique québécoise. La Protectrice du citoyen du Québec l’a d’ailleurs clairement affirmé dans son rapport annuel 2016 : couper dans les ressources de la fonction publique implique nécessairement une diminution des services aux citoyens.

« En novembre 2018, le SPGQ dévoilait une étude qualitative réalisée auprès de plus de 3 600 de ses membres. L’étude révélait que les compressions et les politiques d’austérité ont eu des impacts sur la qualité des services offerts à la population au cours des 10 dernières années. Les compressions ont contribué à réduire le volume de plusieurs services offerts aux citoyennes et citoyens, ce qui a augmenté à la fois les délais dans le traitement de dossiers et l’insatisfaction d’usagers », ajoute le président du SPGQ.

Dans cette étude du SPGQ, le personnel professionnel du gouvernement du Québec cite de nombreux exemples d’impacts sur les services. Notamment, la surcharge de travail provoquerait parfois la prolongation de la détention des personnes incarcérées, et ce, en raison du retard dans la réalisation des dossiers au sein des ministères et organismes associés à la sécurité publique. Aussi, les délais dans le traitement de certains dossiers au ministère de l’Environnement généreraient des pertes d’occasion d’affaires et des fermetures d’entreprises.

« À Revenu Québec, plusieurs de nos membres ont signalé que, à la suite des compressions, la charge de travail a augmenté. Quant à la qualité dans le traitement des dossiers, elle a diminué. Il en résulte que le gouvernement du Québec ne récupérerait pas tous les taxes et impôts, notamment ceux des grandes entreprises. Cela entraînerait une diminution des revenus du gouvernement et, par extension, des programmes et des services gouvernementaux offerts à la population. Des compressions additionnelles, sous prétexte d’une trop grande bureaucratie, affecteraient nécessairement le volume et la qualité des services offerts », indique Richard Perron.

Depuis plusieurs années, les gouvernements prétendent ne pas avoir les moyens de financer adéquatement les services publics. Une réduction des dépenses serait souvent nécessaire pour assainir les finances publiques, disent-ils. Pourtant, des mesures efficaces contre les paradis fiscaux permettraient aux gouvernements du Canada et du Québec de réinvestir massivement dans les services publics.

« De nombreux auteurs et organisations se sont penchés sur des solutions pour lutter contre les paradis fiscaux. Les solutions existent. Or, selon plusieurs experts et organismes, les mesures appliquées par le gouvernement du Canada et celui du Québec pour contrer les paradis fiscaux sont souvent insuffisantes. Le gouvernement du Québec dispose pourtant de la latitude nécessaire pour agir. Qu’attendent les gouvernements pour agir sur la colonne des revenus des mieux nantis, qui ne paient pas tous leurs impôts, plutôt que de rogner les services à la population ? » s’interroge M. Perron.

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