Tout a commencé il y a 2 ans, peu après que François ait amorcé son pontificat. Le nouveau pape a alors eu la maladresse d’aller à l’encontre du sentiment populaire et de la protestation des catholiques de la ville de Osorno (au sud du Chili, dans la région de Los Lagos) en plaçant à la direction du diocèse de cette ville un évêque de réputation pédophile et protecteur de prêtres accusés de pédophilie. Les attentes des chiliens étaient donc élevées chez les chiliens croyants et non croyants pour que François au cours de sa visite corrige ses gaffes. On aurait voulu qu’il rencontre les victimes, qu’il écoute les doléance des fidèles et des prêtres d’Osorno, qu’il condamne clairement les abus, qu’il désavoue nommément les prêtres pédophiles. Et enfin, qu’il ait le courage de suspendre l’évêque contesté de ses fonction, du moins jusqu’à ce que justice soit rendue.
Le pape François n’a rien fait de tout cela. Au contraire, dans ses discours, il s’est limité à manifester un sentiment de « honte en général » pour les souffrances causées par la pédophilie et des torts causés à l’Église catholique. À part de pleurer, François a refusé de rencontrer et d’écouter les victimes qui intentent des poursuites contre les prêtres accusés de pédophilie. Quant à l’évêque controversé de Osorno, il n’a même pas été tenu à l’écart du pape, au contraire il a été admis au premier rang parmi les concélébrants eucharistiques et parmi la délégation épiscopale qui accompagna le pape dans sa visite en territoire mapuche.
Échec de la rencontre avec les autochtones mapuches.
De la visite du pape au Chili, les medias et l’opinion n’ont donc retenu que la prestation pitoyable du pape mettant l’accent sur sa défense de l’évêque d’Osorno en disant aux journalistes que sans preuves, les dires ne sont que des calomnies. De sorte que, en raison de ce contexte et du racisme ambiant, la presse et l’opinion publique chilienne ont à peine donné de l’importance à la visite du pape sur le territoire des autochtones mapuches, La Araucania. Visite qui pourtant a constitué une mascarade politique aussi grave sinon plus graves politiquement, en raison des rapports conflictuels de l’Etat chilien avec les autochtones mapuches.
En effet, surprotégé par des cordons policiers déployés tout au long de son parcours, le pape a réduit sa visite chez les Mapuches par la célébration d’une messe, par un discours d’un semblant de pardon en reprenant les paroles de la poète Violetta Para, disant que Aurauco « tiene una pena » (qu’il est triste). Parole qu’il a aussitôt enchaîné, en condamnant “la violence qui rend mensongère le bien fondé de la cause”(visant manifestement les organisations d’auto-défenses mapuches). Et pour conclure sa visite aux autochtones mapuches, François a partagé un repas, à huit clos, avec des dignitaires ecclésiastiques et gouvernementaux auquel furent conviés quelques notables mapuches, triés sur le volet.
Visite perçue à juste titre comme un affront de la part des mouvements de défense des droits autochtones et par les dirigeants et les « machis » mapuches que le pape a refusé de rencontrer. Il en fut de même pour la déclaration et les réclamations adressées au chef de l’Église catholique, auxquelles le pape François n’a donné nulle réponse.
Extraits d’une entrevue du journal La Nacion avec Aucán Huilcamán.
La journaliste, Julieta Nassau du journal argentin La Nation, a rencontré l’un des principaux dirigeants Mapuche, porte-parole du « Conseil de toutes les terres », co-signataire d’une « Déclaration » demandant au pape de reconnaître les responsabilités de l’Église catholique, de présenter des excuses et de s’engager à réparer les torts commis aux autochtones. Le pape François en plus d’ignorer cette pétition, s’est refusé à recevoir Aucan Huilcaman. [1]1
« La Nation : Qu’est-ce que le Pape a manqué de dire dans son message ?
AUCAN : Il a oublié de reconnaître notre droit sur la terre. C’est là, la cause des tensions et des controverses. Il a oublié de dire que l’État est responsable de ce qui arrive aux mapuches.
La Nation : Vous avez sollicité de vous réunir avec le Saint Père et ça n’a pas eu lieu. Que vouliez-vous lui dire ?
AUCAN : Nous voulions soulever deux questions. Celle de la responsabilité institutionnelle des États de l’Argentine, du Chili et du Vatican concernant les crimes contre l’humanité, du génocide ( durant la conquête du désert (Atacama) et de la « pacification » de la Araucania). Nous voulions lui parler du génocide pour la confiscation forcée du territoire mapuche et du problème de légitimité qui s’en suit.
Nous voulions aussi lui rappeler que le droit international nous garantit de deux grands moyens. Le droit à l’autodétermination qui nous permet de former notre propre gouvernement, ce sur quoi nous travaillons. Deuxièmement, le pouvoir de faire remonter les traités entre l’État chilien et les mapuches jusqu’en 1825 (...)
(...) La tiédeur du discours du pape est inconséquente, puisqu’il connaît très bien l’histoire (de la conquête), ce qui évidemment le conduit à être précautionneux. Il a agi comme un politicien. Son discours est politique en vue de couvrir les États argentin et chilien en plus des corporations... »
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