Nous déclarons :
1- Le colonialisme européen est arrivée sur notre continent il y a 565 ans où elle perdure toujours comme néocolonialisme. Cependant, ce dernier demeure effectivement du “colonialisme européen” ancré par la présence des colonies Françaises, Hollandaises et Anglaises dans Les Caraïbes et Les Malouines et sur tout les territoires si ajoutent les possessions Yanquis. Nous croyons que le temps est venu pour que l’État du Vatican, représenté par l’autorité suprême de l’Église Catholique par le pape François, reconnaisse la responsabilité historique de cette institution dans la dépossession de nos terres ancestrales, des génocides, des injustices et de la discrimination que nous continuons de subir en tant que peuples depuis tout ce temps.
(Nous demandons que le pape) exprime publiquement ses regrets et qu’il implore le pardon des personnes affectées, c’est-à-dire nous les peuples autochtones de notre continent AbyaYala (aussi connu du nom Amérique). L’Église Catholique est directement responsable des abus et des assassinats commis avec le signe de la croix par l’Inquisition, abus et assassinats qui furent bénis et justifiés par la papauté et que l’actuel pape continue, maintenant, de représenter.
L’Église Catholique a elle-même directement été bénéficiaire de l’appropriation de nos terres et du travail servile sinon forcé auquel furent soumis la majorité des autochtones de notre continent. Ainsi, dans presque tous les pays de la dite Amérique Espagnole du 19ième siècle, au moment de la dite Indépendance, l’Église catholique était le principal et le plus important propriétaire terrien. Durant tout ce temps, l’Église catholique a joué un rôle néfaste en imposant de force la langue des colonisateurs aux peuples autochtones dans le but de les assimiler et de les soumettre définitivement, les privant de leurs langues et de leur culture. Ce qui a entraîné la disparition progressive et non usage de plusieurs langues autochtones. C’est le cas au Chili avec les langues Kunza, Kakana, Kolla, Selknam, Kaweshqar et Yámana. Dans ce contexte, cette acculturation continue de contribuer à dénier l’histoire de nos peuples, comme si celle-ci aurait débuté en 1492 avec l’arrivée des colonisateurs européens sur nos terres.
Il y a quelques remarquables exceptions. Celles de chrétiens authentiques comme le Père Bertolomé de Las Casas et de missionnaires jésuites au Paraguay et en Bolivie. Ceux-ci ont fermement dénoncé et se sont opposés aux atrocités et aux vols du colonialisme européen. Cette fidèle tradition au message du Christ continue aujourd’hui d’être suivie par plusieurs chrétiens progressistes (religieux, laïques ou simples croyants). Ces derniers comprennent, nous appuient et nous accompagnent dans nos justes luttes et nous souhaitons que nous continuions ensemble dans cette bataille pour un monde meilleurs.
Les credos religieux chrétiens ou non chrétiens, perpétuent toujours la continuité du colonialisme, puisque toutes les autorités hiérarchiques et les dirigeants des églises se sont alliés au capitalisme. C’est pourquoi nous appelons les bases populaires des croyants de ces religions à se révolter devant l’endoctrinement politique de leurs églises qui justifient les assassinats des travailleurs et des autochtones.
2- Ce que nous affirmons n’est en rien une exagération. Il est faux également de l’attribuer à un supposé « ressentiment » qui nous accablerait en raison des souffrances que nous subissons depuis 5 siècles de dépossession, de violence et de discrimination. Nos dires sont documentés. Les historiens de réputation qualifient le colonialisme européen sur notre continent comme le pire génocide dont aurait souffert l’humanité. Selon leurs évaluations, le nombre de morts autochtones (au cours de la période coloniale européenne) s’élèveraient entre 65 et 80 millions.
C’est en raison de la reconnaissance historique de ces faits que, au cours des dernières années, des organismes juridiques internationaux tels que l’OIT (Convention 169) et l’ONU ( déclaration universelle des droits des peuples autochtones ) ont reconnu officiellement les droits de nos peuples à l’autodétermination et à s’auto gouverner (articles 3,4 et 5).
3- Pour des raisons de justice élémentaires auxquelles s’ajoutent celles du droit international plus haut mentionnées, il serait inadmissible que le pape François, la plus haute autorité des Églises Catholiques et chef de l’État du Vatican, évite d’assumer la responsabilité historique qu’il incombe à son Église. C’est à dire, reconnaître les atrocités dont l’Église Catholique est responsable et en conséquence : exprimer son repentir, demander pardon et offrir des réparations compensatoires pour tous les crimes commis.
Le Vatican serait en mesure d’offrir de justes réparations puisqu’il est l’État le plus riche du monde en raison de son patrimoine et de ses capitaux accumulés non seulement dans la Cité du Vatican mais un peu partout sur la planète, là où l’Église Catholique s’est implantée. À titre d’exemple, au Chili avant la réforme agraire de 1964 à 1973, l’Église Catholique était le plus grand propriétaire terrien du Chili. De nos jours, l’Église Catholique du Chili est celle qui obtient le plus de subventions pour financer ses collèges privée de même qu’elle est la propriétaire qui détient plus grand nombre d’universités privées au Chili.
L’Église Catholique (au Chili et dans le reste du monde), a donc amplement les moyens matériels pour indemniser les peuples autochtones pour contribuer à réparer les torts et les crimes directs et indirectement commis. Elle a agi à l’encontre des enseignements de ses propres évangiles ; d’autant plus, si on donne foi aux paroles même du pape François, prêchant qu’il veut « une Église pauvre pour les pauvres » ! C’est précisément ce que nous sommes nous les peuples autochtones du Chili et de ce continent AbyaYala ou Amérique. On nous a appauvri et nous le sommes toujours en raison des extorsions, du génocide, du racisme et de la discrimination produits du colonialisme et du néocolonialisme dont l’Église Catholique fut l’auteur ou complice. Dans plusieurs situations, c’est encore le cas aujourd’hui.
4- En dernier lieu nous voulons dénoncer l’immense déploiement policier à caractère militaire qui a été mis en place tout au long du parcours du pape en visite sur le territoire Mapuche, la Araucania au sud du Chili. (Surveillance par hélicoptères, des centaines de policiers qui formaient des cordons depuis plusieurs jours) Tout pour faire penser à une incursion guerrière qu’à celle de la visite spirituelle d’une pape sur notre territoire. À cela s’ajoute le plus grand manque de respect de la part des autorités gouvernementales chiliennes et de la hiérarchie cléricale catholique qui, de façon arbitraire et sans consulter le peuple mapuche, ont désigné un supposé « délégué mapuche » pour se réunir avec le pape. Un Yanacona du nom de Hugo AlcamánRiffo, un personnage trop connu, corrompu et mêlé à plusieurs délits : violence domestique, extorsion de terrains, fraudes et falsifications de signatures, etc. Personnage indésirable que les membres de sa propre famille ont fait expulser de leur communauté.
Pour toute ses raisons, et comme façon de réparer ce manque flagrant de respect au peuple mapuche, nous demandons que le Souverain Pontife se réunisse avec la Machi Francisca Linconao, comme elle-même en a fait la demande sur un pied d’égalité puisque l’un et l’autre sont les représentants de croyances et de « cosmovisions « différentes mais partagés par des secteurs importants de notre société.
CE NE SONT PAS DES CRUCIFIX ET DES BIBLES QUE NOUS VOULONS POUR COMPENSER LES EXTORSIONS, LE GÉNOCIDE ET LA DISCRIMINATION QUE NOUS AVONS HISTORIQUEMENT SUBIS !
C’EST LA DÉVOLUTION DE NOS TERRES ET DE NOTRE LIBERTÉ QUE NOUS VOULONS ! LE RESPECT DE NOTRE CULTURE ET NOTRE DROIT À L’AUTODÉTERMINATION !
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