photos Élisabeth Germain et W. Stuart Edwards
Nous nous inscrivons dans une société où il y a trop peu de garderies, où les obstacles à l’emploi des femmes sont toujours plus nombreux, où les femmes qui prennent la parole dans l’espace public vivent des violences quotidiennes, où des milliers de femmes autochtones sont enlevées et assassinées, où les métiers majoritairement féminins sont sous-financés, où des milliers de femmes sans statut sont maintenues dans des conditions de précarité extrême, où les féminicides et les violences basées sur le genre augmentent constamment. Tous ces facteurs contribuent à garder les femmes dans des conditions de pauvreté et de précarité sans aucune mesure.
À la Fédération des femmes du Québec, nos revendications en lien avec la pauvreté ne datent pas d’hier. Il y a 28 ans, la FFQ organisait une grande marche qui a réuni plus de 15 000 Québécoises afin de combattre la pauvreté des femmes. Nos revendications étaient simples : augmenter le salaire minimum au-dessus du seuil de la pauvreté, créer davantage de logements sociaux, une loi proactive sur l’équité salariale, et bien d’autres. Ça fait des décennies que, nous, féministes prenons la parole pour demander de réinvestir dans le réseau public des garderies et des écoles, dans le système de santé, qu’on dit qu’il faut valoriser les emplois traditionnellement féminins en les payant un salaire juste et équitable, qu’on dénonce le fait que la précarité financière emprisonne des femmes dans des relations toxiques et violentes. Rappelons-le, les femmes travaillent trop souvent deux emplois à temps partiel, elles sont surreprésentées dans les travailleuses au salaire minimum et, ultimement, elles sont à bout d’un système qui les exploite.
Éliminer la pauvreté des femmes, ça passe par reconnaître la valeur sociale et économique du travail invisible qu’elles effectuent dans leurs familles et leurs communautés. Éliminer la pauvreté des femmes, c’est travailler activement à ce que l’atteinte de l’égalité salariale ne se fasse pas dans 300 ans. Éliminer la pauvreté des femmes, c’est aménager des espaces professionnels et publics favorisant la conciliation entre le travail, les études et la famille. Il faut prendre des actions concrètes pour renforcer notre filet social pour qu’aucune femme ne soit laissée derrière.
La pauvreté affecte spécifiquement les femmes racisées et noires, les femmes de la diversité sexuelle et de la pluralité de genre, les femmes autochtones, les femmes aînées et les jeunes femmes, les mères et les proches aidantes. Nous avons besoin d’un gouvernement et de programmes sociaux qui sont capables d’identifier les besoins spécifiques de toutes ces femmes, qui sont capables de regarder plus loin pour agir contre les systèmes d’oppression qui gardent les femmes dans des situations de pauvreté extrême. Il faut que le gouvernement soit capable de comprendre et d’agir contre le racisme systémique, le capitalisme, le capacitisme, le colonialisme, la lesbophobie, la transphobie, contre le sexisme.
C’est pour ça qu’on est là aujourd’hui, pour rappeler au gouvernement qu’il sert l’entièreté de la population. On est là pour manifester aujourd’hui, demain, tant qu’il le faudra pour que les droits de toutes les femmes soient respectés. Il faut afficher notre résistance féministe.
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