Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Détournement de la démocratie

Dans le duo philosophique de l’émission de radio Dessine-moi un dimanche de Radio-Canada le dimanche matin 5 août 2012, peu avant 10 h, Xavier Brouillette a signalé un problème extrêmement important du fonctionnement de la démocratie représentative actuelle. Ce problème, c’est le renversement du rôle des représentants élus qui se croient autorisés à nous donner des ordres.

En effet, alors que les personnes élues sont censées représenter les électeurs (et d’ailleurs tous les électeurs, pas juste les personnes qui leur ont accordé leur vote, contrairement à ce que racontent les Libéraux), et donc être à leur écoute et à leurs ordres pendant le durée de leur mandat, elles nous disent plutôt : « Vous nous avez élus, maintenant taisez-vous et obéissez pendant quatre ans. La démocratie reviendra dans quatre ans, et vous pourrez élire de nouveaux représentants à ce moment-là. »

Cette conception est un véritable détournement de démocratie qui transforme le représentant en dirigeant. C’est une façon de légitimer la dictature, une dictature que l’on élit pour quatre ans. Et c’est très clairement la façon de voir du Parti libéral.

Un candidat à une élection n’a pas à essayer de nous séduire pour dire qu’il est le meilleur afin qu’on l’élise et qu’il nous dirige par la suite. Il doit montrer que les orientations de son programme sont les plus bénéfiques pour la population et qu’il sera à l’écoute de cette dernière pendant toute la durée de son mandat.

Outre le fait incroyable que le nombre de sièges à l’Assemblée nationale ne représente absolument pas la volonté générale de la population, à cause des distorsions importantes que génère le scrutin majoritaire uninominal à un tour, les élus s’imaginent qu’ils sont là pour imposer des décisions parce que c’est leur rôle de diriger.

On a entendu le chef du Parti libéral à cet égard : « On ne se laissera pas intimider. » La pression populaire pour un dictateur, ça s’appelle de l’intimidation. Pour un vrai démocrate, ça s’appelle une voix qu’il faut écouter.

Un candidat doit être élu pour obéir à la population pendant quatre ans, et s’il n’aime pas ça, qu’il démissionne ou qu’il ne se représente pas aux prochaines élections.

Je ne suis pas partisan de la seule démocratie directe, je crois qu’il faut un équilibre entre démocratie représentative et démocratie directe. Mais, il est certain que les jeunes qui pratiquent uniquement la démocratie directe sont vraiment démocrates parce qu’ils sont à l’écoute de leurs assemblées et ne leur donnent pas d’ordre. À l’inverse les candidats qui limitent la démocratie à un vote une fois aux quatre ans pour nous dire que, le reste du temps, il faut s’écraser, sont des dictateurs déguisés.

Un parti vraiment démocrate proposerait qu’une fois ses représentants élus, il y ait de nombreuses consultations dont on prend en compte les résultats, qu’il y ait participation des groupes concernés à l’élaboration des politiques et qu’il y ait de nombreux lieux où la démocratie directe puisse s’exercer.

Dans les partis en lice pour ces élections, lequel est le plus près de cette conception ? Lequel est le plus susceptible d’écouter sa base et la population ? Lequel croit qu’on n’est pas élu pour donner des ordres et se faire appuyer par la matraque ? Lequel accorde plus d’importance à la population qu’au chef ?

LAGACÉ Francis

Francis Lagacé

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