Je m’appelle Andrée-Anne et je suis enseignante de francisation. Aux yeux de notre gouvernement, je suis toutefois qu’un simple matricule, le matricule 32 440.
J’enseigne au CSS de la Capitale à l’école Dominique-Savio. Notre école est située en milieu défavorisé et multiculturel. Je suis celle qui est en charge d’accueillir les nouveaux élèves allophones. Je suis donc celle qui est témoin des étincelles dans les yeux des parents et des yeux des enfants lorsqu’ils arrivent à l’école. Je tenais à venir exposer les incohérences entre ce que le gouvernement dit et les faits qu’on constate sur le terrain, car l’écart est grand.
Pour commencer, vous souvenez-vous de cette fameuse phrase à saveur populiste : ‘’En prendre moins, en prendre soin’’ ? C’est monsieur Legault qui nous a lancé cela lors de son premier mandat. J’aimerais beaucoup savoir que signifie ‘’en prendre soin’’ dans le dictionnaire de notre gouvernement. Si on se définition du Larousse, la locution verbale ‘’en prendre soin’’ veut dire s’en occuper, veiller sur lui ; y penser, faire en sorte que.
Dites-moi maintenant si on peut dire que le gouvernement prend soin des nouveaux-arrivants quand :
• Il les intègre, pour ne pas dire garoche, dans des classes régulières, sans service de francisation.
• Un élève qui arrive en cour d’année se voit refuser une place au sdg, car le service est déjà plein. Cela implique qu’un parent doive rester à la maison afin de faire dîner son enfant. On l’empêche d’assister à ses cours de francisation et à chercher un emploi.
• Un élève ayant vécu la guerre dans son pays d’origine se voit refuser le service de psychologie, car la psy doit, aussi bienveillante soit-elle, déjà assurer les suivis dans 3 écoles différentes.
• Est-ce que je peux dire que je m’occupe bien de mes élèves quand je suis rendue à 55 élèves suivis ?
• Est-ce que ma collègue titulaire peut dire qu’elle veille sur son élève allophone quand elle lui tend un iPad pour jouer sur Duolingo pendant les mathématiques parce qu’elle ne comprend pas ?
Malheureusement, face à nos demandes, le gouvernement fait la sourde oreille. À l’heure actuelle, à la table de négociation, l’ouverture de nouvelles classes d’accueil n’est pas envisagée par le gouvernement. À titre informatif, au CSS de la Capitale, il n’y a que 5 classes d’accueil. Aux PS, il n’y a aucune classe d’accueil. Pourtant, les besoins sont criants.
Le gouvernement profite du fait que les parents aient souvent une méconnaissance du système scolaire public et qu’ils ne parlent pas la langue. Difficile de demander quelque chose ou quand on ne maitrise pas la lague de la société d’accueil.
J’aimerais être capable de prendre soin de mes élèves dans leurs apprentissages du français et dans la découverte de leur nouvelle culture. Vous dites qu’un nouvel arrivant DOIT apprendre le français en 6 mois, faudrait peut-être leur fournir les bons outils. En prenant soin pour de vrai des nouveaux-arrivants, ceux-ci auront davantage le désir de connaître notre culture, de s’y intéresser et de s’y intégrer. Pour se faire, il faudra d’abord que la CAQ s’intéresse à eux.
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