Ils doivent notamment décider de ce qu’ils feront de la manne qui leur tombe dessus depuis que Gabriel Nadeau-Dubois, dans un geste d’une grande noblesse, a décidé de leur remettre les 25 000 dollars que lui ont attribués les membres du jury du prix du gouverneur général, et d’inviter les gens à doubler sa mise (la suite, imprévue, a fait les manchettes).
Devant l’inégalité flagrante de la lutte que mènent ces citoyens contre des sociétés pétrolières et gazières disposant des pouvoirs exorbitants que procure l’argent, des milliers de personnes ont décidé, par solidarité, de les aider à se faire entendre.
Comme M. Nadeau-Dubois, ces milliers de personnes estiment qu’il est aujourd’hui de leur devoir d’aider ces citoyens ordinaires qui, regroupés dans des comités locaux composés de bénévoles, ont décidé de s’opposer d’abord à l’exploitation des gaz de schiste, puis à celle du pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta, et, plus généralement, de militer pour une transition énergétique qu’ils jugent inévitable.
Toutes ces personnes sont convaincues qu’il est aujourd’hui suicidaire pour l’humanité de persister dans la voie d’une croissance continue basée sur la consommation effrénée d’énergie et sur l’accumulation toujours plus grande de richesses. Elles ont entendu les nombreux scientifiques qui exhortent les gouvernements à amorcer immédiatement une transition énergétique cohérente et concertée à l’échelle de la planète pour contrer le réchauffement climatique. Elles ont entendu les financiers et les économistes avisés qui estiment de plus en plus périlleux d’investir dans des formes d’énergie qu’il faudra inévitablement abandonner à plus ou moins brève échéance.
Et, perplexes, elles se demandent sur quelle planète vivent les technocrates qui dirigent aujourd’hui le Québec et le Canada ! Sont-ils sourds, aveugles ? Ont-ils accès à des données secrètes qui leur permettent de croire et d’affirmer que le type de développement qu’ils préconisent va pouvoir durer encore des années et que la fée technologie va continuer à soutenir indéfiniment la croissance ?
Comment des hommes et des femmes politiques qui, pour plusieurs, ont été formés dans les meilleures universités, et à qui on a confié la noble tâche de voir au bien-être de tous, peuvent-ils avoir des idées aussi décrochées de la réalité ?
Que doit-on en penser ?!
François Prévost
Membre du RVHQ
