Édition du 18 juin 2024

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Lutte contre les pipelines

Lettre adressée à TransCanada par le Regroupement inter-régional sur le gaz de schiste de la vallée du St-Laurent

Demande d’annulation des activités géophysiques et géotechniques à Cacouna

Monsieur Steve Pohlod

Président Oléoduc Énergie Est,

TransCanada Monsieur John Van der Put

Vice-°©‐président Oléoduc Énergie Est, TransCanada

450 – 1st Street S.W. Calgary, AB

Canada T2P 5H1

24 avril 2014

Objet : Demande d’annulation des activités géophysiques et géotechniques à Cacouna

Messieurs Pohlod et Van der Put,

Nous sommes très inquiets des activités géophysiques et géotechniques que TransCanada est sur le point d’entreprendre au cours des prochains jours, au printemps et à l’été dans le secteur de Cacouna, et qui nous ont été présentées en détail hier par M. Van der Put et ses collaborateurs de AECOM et CIMA+.

Nous estimons que les risques associés aux sondages géophysiques sont réels et majeurs, tels que reconnus par Pêches et Océans Canada dans son avis scientifique sur ce projet. Nous estimons que les risques sont tout aussi majeurs pour ce qui est des activités géotechniques prévues en mai et juin, surtout considérant que la période visée se rapproche de la période de mise bas des bélugas. Ces risques ne peuvent être ramenés à des niveaux acceptables dans la perspective où ces activités sont évaluées à la pièce, sans tenir compte des impacts cumulatifs sur la population des bélugas.

Nous rappelons que le béluga du Saint-Laurent est une espèce menacée, protégée par la Loi sur les espèces en péril (LEP), qu’un avis scientifique publié en mars 2014 par Pêches et Océans Canada et s’appuyant sur 30 ans de données démontre que la population est en déclin, et qu’une évaluation en cours pourrait élever son statut à une catégorie de plus haut risque de disparition. De plus, le site visé par le projet de port pétrolier à Cacouna est au cœur de son habitat essentiel, tel qu’identifié par l’équipe de rétablissement prévue par la LEP.

Il nous apparaît irresponsable et peut-être illégal de soumettre ainsi une
population protégée par la LEP à un tel niveau de risque, sans que le projet ait été préalablement évalué dans son ensemble en termes d’acceptabilité sociale et environnementale. L’argument selon lequel les informations à recueillir par ces activités géophysiques et géotechniques sont essentielles pour le dépôt de l’étude d’impact à l’ONÉ au cours de l’été prochain n’est absolument pas convaincant : ces informations techniques pourraient suivre l’évaluation plus globale du projet, surtout considérant les niveaux de risques élevés que cette première étape représente pour les bélugas du Saint-Laurent.

Contrairement à ce que M. Cannon, votre porte-parole, écrivait dans sa lettre au Devoir le 24 avril, les sondages géophysiques sur le point de commencer et les activités géotechniques pour lesquelles TransCanada a demandé une autorisation doivent être considérés partie intégrante du projet de construction d’un port pétrolier à Cacouna. Ces activités ne devraient pas être évaluées à la pièce.

Elles doivent donc faire partie de l’évaluation globale du projet et ne pas être initiées avant les conclusions de cette évaluation.

Nous sommes trois chercheurs impliqués dans des programmes à long terme sur le béluga du Saint-Laurent. Les résultats de nos travaux, qui s’étendent sur plus de 30 ans, ont contribué à mieux comprendre cette population, à documenter son statut et à identifier les facteurs limitant son rétablissement. Nos préoccupations s’appuient sur notre compréhension des activités géophysiques et géotechniques présentées par votre équipe, sur notre connaissance de la population de bélugas du Saint-Laurent et sur la vaste littérature scientifique établissant les risques indéniables pour les mammifères marins associés au type d’activités prévues ce printemps et cet été par TransCanada aux abords de Cacouna.

Pour toutes ces raisons, nous vous faisons deux demandes :

• La suspension immédiate des sondages géophysiques.

• Le retrait du projet d’activités géotechniques prévu pour mai/juin.

Recevez, Messieurs Pohlod et Van der Put, nos salutations distinguées.

Robert Michaud, M. Sc. Président et directeur scientifique Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) Pierre Béland, Ph. D. Président Institut national d’écotoxicologie du Saint-Laurent (INESL)

Stéphane Lair, D.M.V., D.V.Sc., Diplomate, American College of Zoological Medicine Professeur titulaire Directeur du Centre québécois sur la santé des animaux sauvages Faculté de médecine vétérinaire Université de Montréal

c.c. n : Ross Girling, Président TransCanada ; L’Honorable Gail Shea, Ministre des Pêches et des Océans du Canada ; Richard m Nadeau, Directeur général régional, région du Québec, Pêches et Océans Canada ; Gordon Walsh, Directeur régional, Direction régionale de la gestion des écosystèmes, Institut Maurice-°©‐Lamontagne, Pêches et Océans Canada.

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