Observons avec inquiétude la persistance du gouvernement des Etats -Unis dans sa volonté d’imposer son agenda et de décider arbitrairement de l’orientation des débats de ces Sommets, imposant son véto à la participation de Cuba à cette rencontre, refusant de modifier la néfaste guerre contre les drogues , laquelle –sans réduire ni la consommation ni la production- a seulement servi de prétexte à la militarisation de vastes zones du continent.
Après l’échec de sa proposition de Zone de libre échange des Amériques ZLEA - ALCA, le gouvernement des Etats -Unis continue à promouvoir la militarisation, les traités de libre- échange et le programme néolibéral , qui font obstacle à l’intégration régional et plongent dans la misère plusieurs pays du continent.
Nous enregistrons avec satisfaction que la situation a changé grâce aux gouvernements qui se sont opposés à l’agenda nord- américain et ont fait progresser l’intégration régionale autonome à travers l’ALBA , UNASUR et la CELAC ( communauté des Etats de l’Amérique Latine et des Caraibes). La convergence de nombre de ces initiatives gouvernementales avec les mouvements sociaux , qui avait permis de faire échec à l’ALCA (en 2005), peut être préservée dans la mesure où les mouvements sociaux adoptent une voie unitaire et où les gouvernements démocratiques progressent dans le dépassement du modèle économique néolibéral qui , étant basé sur l’extractivisme et l’agroexportation , restreint la capacité du mouvement social à renforcer les changements.
Suite au Veme Sommet des Amériques à Trinidad Tobago (2008), il était visible qu’Obama ne saurait construire un nouveau type de relation avec l’Amérique Latine. Il a développé la militarisation de l’hémisphère, appuyé le coup d’Etat militaire au Honduras et soutenu le gouvernement illégitime de Porfirio Lobo, renforcé la « guerre » au narcotrafic qui a permis d’aggraver la militarisation et multiplier les violences, il a refusé d’abroger les sanctions contre Cuba, il n’a pas modifié la législation migratoire et il a renforcé les mécanismes de prépondérance militaire dans la région et la traditionnelle posture hégémonique de Washington.
De son côté le gouvernement canadien a lancé une politique de libre-échange et de promotion d’exploitations minière géantes et d’extraction de ressources naturelles et énergétiques à travers tout le continent latino -américain. De nombreuses entreprises canadiennes provoquent des dommages irréversibles à l’environnement, affectent la biodiversité et violent les droits des peuples autochtones et la souveraineté des Etats.
Au cours des Sommets officiels, les mouvements sociaux du continent ont toujours réalisé des « Sommets alternatifs » pour faire valoir notre position face aux dirigeants politiques et mettre en évidence la réalité des problèmes et mettre en question la nature des relations entre les Etats Unis et les pays de la région.
Ainsi, à l’issue des débats de ce Veme Sommet des Peuples de Cartagena, nous exigeons :
La démilitarisation du continent : élimination des bases militaires, suppression des exercices militaires conjoints, suppression de l’Ecole des Amériques et élimination des opérations de la IVeme Flotte, fin des opérations militaires fondées sur le prétexte de la lutte contre les drogues ( responsable de milliers de victimes en Colombie, Mexique et en Amérique centrale) . Ces opérations doivent être remplacées par une politique multilatérale intégrale mettant l’accent sur les mesures de santé publique.
l’abrogation des traités de libre -échange et la fin des politique néolibérales qui aboutissent à augmenter la dette externe, à perdre la souveraineté alimentaire , à désindustrialiser et reprimariser l’économie, détériorer la distribution des revenus, augmenter la pauvreté et l’exclusion , spécialement celle des femmes.
La redéfinition de l’architecture financière internationale ; mise en question du rôle de la banque mondiale du FMI et de l’ensemble des IFI, responsables des politiques qui ont conduit l’Humanité à la grave crise actuelle.
Donner la priorité à la création de postes de travail, dignes pour tous et toutes, garantir la liberté syndicales, la négociation collective et la fin des violences contre les travailleurs ruraux et urbains du continent.
_Les gouvernements des Amériques doivent rétablir le droit de Cuba d’être membre du système multilatéral : exiger des Etats- Unis la cessation du blocus de Cuba et la cessation d’hostilité envers les gouvernements qui ne suivent pas ses dictats.
_La préservation de la capacité de l’Etat d’intervenir dans el développement national, la défense de la souveraineté nationale, le respect des droits humains, économiques sociaux et culturels, la défense de l’environnement et des conditions de vie digne pour la population et la satisfaction des justes réclamations de tous les mouvements populaires du continent.
_Des changements concrets dans les systèmes d’éducation qui garantissent des contenus scientifiques, uneparticipation démocratique des institutions éducatives contre la privatisation et la marchandisation de l’éducation.
L’approfondissement des processus d’intégration autonomes sans l’ingérence du gouvernement des Etats-Unis, la construction de processus amples à partir des peuples avec la reconnaissance de l’apport des peuples Indigènes à une société basée sur la coopération et le Buen Vivir.
_La condamnation du rôle prédateur des corporations transnationales ; la judiciarisation de leurs atteintes aux droits humains , à la souveraineté des peuples et de leur influence nocive à l’encontre des efforts de création de sociétés démocratiques.
(tiré du site du CADTM)