Le texte publié conjugue constats d’ordre général, données hypothétiques, vœux pieux et mensonges.
Je suis d’accord avec les signataires sur certains points, notamment le fait qu’en 2030, 40 % de nos besoins énergétiques proviendront – hélas – encore des hydrocarbures. Mais justement, l’ensemble du Québec, et du Canada, doit travailler à réduire cette dépendance. La construction de l’oléoduc Énergie Est irait à l’encontre de cette volonté.
Comme l’ont montré de multiples études et mémoires, notamment ceux qui ont été présentés aux audiences du BAPE avorté, les retombées économiques d’Énergie Est sont illusoires, alors que les risques environnementaux sont énormes.
Mais les aspects les plus importants – et c’est là que j’appelle le collectif à prendre ses responsabilités – c’est que le projet Énergie Est est incompatible avec la lutte contre les changements climatiques, que la pétroéconomie est vouée à l’extinction à moyen terme, et qu’il est grand temps d’investir argent et savoir-faire dans la transition énergétique. Cette transition énergétique ne peut en aucune façon être soutenue par l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels comme ceux tirés des sables bitumineux et du schiste.
Cessez de prétendre qu’Énergie Est permettrait d’« acheter local » : le pétrole qu’il transporterait (produit pas seulement en Alberta, mais aussi aux États-Unis) est destiné à 90 % à l’exportation, alors que les perspectives des marchés ne sont pas favorables à ce produit coûteux et polluant. Oui, nous avons encore besoin du pétrole pour un temps, mais les entreprises l’achèteront toujours au prix le plus bas du marché.
De plus, la construction d’Énergie Est favoriserait l’augmentation de la production de pétrole des sables bitumineux en amont, et en aval la consommation de pétrole, alors que les scientifiques appellent à une réduction de l’offre d’hydrocarbures.
Vous parlez de développement durable et d’acceptabilité sociale : les citoyens du Québec sont en majorité opposés à l’oléoduc et favorables aux énergies renouvelables.
Vous parlez de renforcement de l’expertise des travailleurs : à vous de les orienter vers l’économie de l’avenir, au lieu de les confiner à des filières sans lendemain.
C’est là votre responsabilité de chefs d’entreprises et de citoyens : au lieu de miser sur des promesses illusoires de contrats juteux à court terme, soyez visionnaires : l’avenir n’est pas dans les hydrocarbures fossiles.
Denise Campillo
Roxton Falls
Membre du regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec