Édition du 17 décembre 2024

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Environnement

Contamination Lac-Mégantic : cachoterie, autruche ou incompétence ?

Le 5 septembre, le ministère de l’Environnement a annoncé les résultats d’analyse des sédiments prélevés autour des prises d’eau de la rivière Chaudière. Les résultats du MDDEFP font état de la contamination des sédiments à 80km de la catastrophe. Quatre-vingts kilomètres, 80 000 mètres du lieu de la catastrophe ! Ainsi, « les résultats d’analyse des sédiments ne montrent pas de concentrations préoccupantes pour l’approvisionnement en eau potable des prises d’eau de Saint-Georges, de Sainte-Marie ou de Lévis. ». 

L’auteur est responsable de la campagne climat-énergie pour Greenpeace Canada.

Mais qu’en est-il des 80 premiers kilomètres et du Lac-Mégantic ?

Rien, aucun résultat rendu public ce qui n’est rien pour rassurer la population, en particulier celle du Lac-Mégantic qui se remet à peine du douleureux drame humain qu’elle a vécu. 
C’est bien d’échantillonner autour des prises d’eau potable à 80 km de la catastrophe, mais il faut également échantillonner sur les lieux et tout près du déversement majeur, soit là où le nettoyage est prioritaire. Si le Ministère de l’Environnement ne nous renseigne pas sur l’état de l’environnement, qui le fera ? Si le gouvernement ne cherche pas à la bonne place et ne cherche pas les bons contaminants, il est certain qu’il ne trouvera pas de problème.

Cachoterie, autruche ou incompétence ?

Soit le MDDEFP cache quelque chose, soit il a joué à l’autruche en n’échantillonnant pas les sédiments du Lac-Mégantic et ceux des 80 premiers kilomètres de la rivière affectés par la catastrophe. Soit c’est de l’incompétence soit on veut nous cacher quelque chose.

Dans tous cas, cela se fait au détriment de l’intérêt de la population et de l’environnement. C’est à se demander si le gouvernement ne tente pas de minimiser les risques et impacts qui viennent avec l’exploitation et le transport du pétrole, lui qui rêve de faire du Québec une pétroprovince.

Arsenic

Il est permis de se questionner sur les dépassements des critères pour l’arsenic présent dans les sédiments sachant qu’il est reconnu pour être présent dans le pétrole de schiste. La Société pour vaincre la pollution en collaboration avec Greenpeace avait trouvé des niveaux d’arsenic (qui ne se dégrade pas) qui dépassait de 28 fois la norme jugée acceptable par Québec pour les eaux de surface à moins de 5 kilomètres du Lac. Le ministère, lui, n’avait pas trouvé d’arsenic ce qui reste difficilement explicable.

Celui-ci note cette fois des dépassements d’arsenic dans les sédiments à 80 km du désastre, mais qu’en est-il sur les lieux même et à proximité de la catastrophe ? Est-ce que le dépassement des critères pour l’arsenic à 80 km est dû à la catastrophe ou ce dernier était déjà présent dans les sédiments ?

Plusieurs questions sans réponse

Deux mois après la catastrophe, on ne connait toujours pas la composition chimique exacte du pétrole qui a été déversé, la quantité de pétrole qui s’est retrouvée dans le lac, la quantité de contaminants présents sur les berges et dans les sédiments du lac et des 80 premiers kilomètres de rivière affectés, la quantité de pétrole récupéré ainsi que les travaux de décontamination qui ont été menés. Cela fait beaucoup de questions sans réponse.

Deux mois après la catastrophe la population est en droit d’exiger plus de transparence sur l’état de la contamination du lac et de la rivière ainsi que sur les activités de décontamination qui ont eu lieu ou sont en cours. Lorsque les glaces arriveront il sera trop tard et si des contaminants sont encore présents ils risquent d’être relargués lors de la débâcle et des crues printanières.

Patrick Bonin

Blogueur pour Greenpeace Canada. Il est aussi responsable de la campagne énergie-climat pour l’organisme.

http://www.greenpeace.org/canada/fr/

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