Dimanche le 21 septembre, dans de nombreuses villes à travers le monde, plus de 600 000 manifestants ont demandé à nos divers gouvernements de faire les efforts requis pour limiter l’importance des changements climatiques. Ces personnes exigeaient que nos gouvernants prennent les bonnes décisions lors de la conférence de cette semaine présidée par le Secrétaire de l’ONU à New York. Comme l’a démontré le dernier rapport du GIEC et le consensus de 95% des scientifiques en la matière, le réchauffement climatique est une menace pour l’humanité ; les conséquences économiques et sociales seront très lourdes. Si on veut se limiter à un réchauffement de seulement deux degrés Celsius au cours du prochain siècle, l’humanité doit réduire très rapidement sa dépendance aux carburants fossiles et opter pour une économie post-carbone.
Pourtant, depuis une semaine, certaines manchettes nous démontrent que le Canada va, au contraire, dans le sens d’une accélération de l’exploitation des carburants fossiles. Au moment des manifestations du 21 septembre, le pétrolier Materna Gloria chargeait le pétrole lourd des sables bitumineux de l’Alberta dans le port de Sorel-Tracy. L’exemple est aussi éloquent que votre absence à la conférence de New York !
Gouverner, c’est prévoir. La conférence de New York, sous l’égide du Secrétaire des Nations Unis, demande aux dirigeants des nations de préparer le terrain pour le rendez-vous de Paris en décembre 2015. Il faut une suite logique à l’Accord de Kyoto. Le choix est clair : les gouvernements de tous les pays doivent choisir entre des bénéfices économiques à court terme (principalement pour les grandes entreprises) ou le bien-être à long terme de l’ensemble des êtres humains. Comme vous vous réclamez de votre foi chrétienne, je vous rappelle cette parole de l’évangile : "Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme." Dans ce cas, devrait-on dire : "Que sert à quelques compagnies de devenir milliardaires en bourse si cela doit déclencher la sixième grande extinction des espèces de la planète". Sans êtres humains sur la terre, que vaut la cote en bourse du Dow Jones ?
Monsieur le Premier Ministre, il est impossible de cacher la vérité ; elle sortira tôt ou tard. Il y a 400 ans, Galilée a soutenu la thèse de Copernic qui disait que la terre tournait autour du soleil et non le contraire. Cela bousculait les intérêts des autorités en place. Dans un procès célèbre, les autorités de l’inquisition ont exigé que Galilée se rétracte ! Pour éviter d’être condamné au bûcher, il l’a fait du bout des lèvres. Le déni des changements climatiques par votre gouvernement, par l’industrie des carburants fossiles et par les climato-sceptiques est aussi flagrant que le déni de l’hélio-centrisme au temps de Galilée. Au 25e siècle, le rejet de l’Accord de Kyoto et toutes vos actions en faveur de l’industrie pétrolière seront vus avec tout le mépris hautain que nous avons présentement pour les membres de l’inquisition du 17e siècle.... à condition qu’il y ait encore des êtres humains sur terre en l’an de grâce 2414 !
Il y aura des élections d’ici un an. Au nom de la vérité scientifique et de l’avenir de l’humanité, je demande au prochain Premier Ministre du Canada, d’être un participant enthousiaste à la prochaine conférence de Paris en décembre 2015 et d’y prendre une part active et positive dans le but de trouver une solution pour le bien-être à long terme de notre planète et des êtres humains.
Veuillez accepter, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Gérard Montpetit