En 2012, pour la première fois dans l’histoire de la construction au Québec, les travailleurs de la Côte-Nord étaient minoritaires sur les chantiers de leur région. Durant cette période, seulement 45 % des heures travaillées sur la Côte-Nord l’ont été par des salariés locaux.
La FTQ-Construction demande un taux d’utilisation des travailleurs qualifiés équitable par rapport aux autres régions du Québec. Partout ailleurs au Québec, au moins deux heures travaillées sur trois sont faites par les travailleurs locaux. « Nous demandons qu’un règlement soit instauré sur la Côte-Nord pour faire respecter ce ratio de deux pour trois. Ce qu’on veut, c’est que les travailleurs locaux soient priorisés », demande Yves Ouellet, le directeur général de la FTQ-Construction.
Pour l’instant, plus de 44 % des travailleurs de la construction sur la Côte-Nord ne réussissent pas à travailler l’équivalant de 6 mois à temps plein par année. « Quand tu travailles la moitié du temps et que tu voies que la majorité du travail dans ta région est fait par des gens de l’extérieur, c’est certain que tu ne peux pas trouver ça équitable », déplore Yves Ouellet.
Des drames humains
Des centaines de travailleurs de la construction sur la Côte-Nord se retrouvent au bord du gouffre financier. « Je vois des gens craquer tous les jours. Ils ont une hypothèque et une épicerie à payer. Ils se démènent comme le diable dans l’eau bénite pour y arriver. Et pendant ce temps, pour chaque salarié local, on compte deux salariés de l’extérieur. C’est insensé ! », dénonce Bernard Gauthier, représentant syndical pour le Local 791, membre de la FTQ-Construction.
Éric Dufour était un charpentier-menuisier de Sept-Îles. Il a dû se résigner à devenir chauffeur de taxi plutôt que de continuer à travailler sur les gros chantiers industriels de la Côte-Nord. « Là, j’ai ma carte de compétence de la construction, mais je dois accepter de faire le taxi pour payer l’épicerie », rage monsieur Dufour.
Yolaine Brisson ne travaille presque pas depuis deux ans. Elle a travaillé sur de grands chantiers un peu partout à travers le Québec. « Avant, je ne me cassais pas la tête. Mon syndicat me plaçait sur des chantiers. Depuis deux ans, c’est l’enfer. Il n’y a jamais eu autant de travail dans ma région et je n’ai jamais eu autant de difficulté à travailler ! », s’exclame madame Brisson.