Édition du 19 novembre 2024

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États-Unis

La chronique de Donald Cuccioletta

Comment le Parti Républicain a créé le monstre

Depuis l’élection de Ronald Reagan à la présidence des États-Unis en 1980, la droite conservatrice a enclenché ce quelle a appelé une « guerre culturelle » avec comme objectif de changer la mentalité du citoyen américain « ordinaire ». C’est ainsi que sont arrivés dans le Parti républicain des évangélistes de droite comme Pat Roberston et Jerry Falwell. Le Parti Républicain pensait utiliser ces extrémistes pour enlever les votes démocrates des conservateurs du sud, notamment. Mais ceux qui devaient être utilisés ont en fin de compte utilisé le Parti Républicain pour ancrer leur propagande réactionnaire partout dans la société. Ils sont rentrés à la Maison-Blanche par la porte d’en avant, accueillis par Reagan lui-même.

Et c’est ainsi que la guerre culturelle a commencé. Très vite, les intégristes chrétiens ont envahi le système d’éducation. Ils ont changé les cursus pour enlever des livres jugés antiracistes, comme le fameux « Huckleberry Finn » du grand romancier Twain. Ils ont fait la chasse à la science, notamment aux théories de l’évolution. Ils se sont mis à surveiller les professeurs d’université pour voir s’ils étaient « vraiment » chrétiens. Depuis Reagan, en passant par George Bush père et Bill Clinton, tous, Démocrates comme Républicains, se sont tassés vers la droite, évitant à tout prix de se faire traiter de « libéral » (une insulte aux États-Unis), sans même penser, « de gauche ». Autre facette, le libertarisme, cette philosophie qui croit à l’individualisme et au capitalisme sauvage, complète très bien cette nouvelle approche pour la démocratie atrophiée que les néoconservateurs veulent exporter dans le monde.

Dans les dernières années, on voit un nouveau joueur arriver sur la scène. Avec le Tea Party, c’est le populisme de l’extrême-droite. S’ajoutant aux religieux d’extrême droite et aux libertariens, les Tea Party ouvrent la saison de chasse contre les femmes, le libre-choix de l’avortement, les Noirs, les gais et lesbiennes, le mariage gai et les mesures sociales introduites par l’administration Obama (comme l’Obamacare).

Ce triangle d’extrême droite contrôle le discours du Parti républicain. Plus encore, il est relayé par de nombreux sénateurs (Ted Cruz et Marco Rubio), des gouverneurs (comme Scott Walker au Wisconsin) et d’innombrables élus au congrès tels le président de la Chambre et également le nouvel espoir républicain, Paul Ryan. 

Pour terminer : les Républicains avaient besoin de ces extrémistes pour s’attaquer à l’héritage d’Obama et compléter leur guerre culturelle. Trump n’a pas créé ce populisme d’extrême-droite. Il est le résultat, le bout de la chaîne. En même temps, Trump amène un nouvel élément caractérisé par un discours de haine et de violence qui pourrait facilement glisser vers un autoritarisme que certains qualifient de néofascisme. Beaucoup de monde sont inquiets. Moi aussi.

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