Sur les trente-sept grèves et actions de protestation recensées sur la carte des luttes établie par l’organisation susmentionnée, plus de la moitié (vingt et une) ont eu lieu dans le secteur des services, dont sept dans le transport, six dans le commerce de détail et deux dans l’éducation. Quant au secteur industriel, on y a comptabilisé un total de quatorze grèves.
L’augmentation des grèves dans le secteur des services correspond à ce qui figure dans une note de HSBC [Hong Kong & Shangai Banking Corporation] publiée le 8 octobre 2012 indiquant que les volumes de nouvelles commandes passées à des compagnies de services avaient continué à augmenter plus fortement que jamais au cours des quatre derniers mois, alors que les nouvelles commandes passées à des industries manufacturières avaient continué à chuter en septembre.
En septembre, ce sont les revendications portant sur des hausses de salaires (douze cas) qui ont été la cause première de grèves et de protestations, suivies par des revendications portant sur de meilleures primes, indemnités (huit cas) et sur le paiement d’arriérés de salaires (cinq cas). D’autres motifs de grèves et de protestations incluaient des revendications portant sur les heures supplémentaires et la sécurité sociale. En plus de cela, des conducteurs de bus et de taxi dans de provinces côtières chinoises ont protesté contre le fait que beaucoup de taxis roulent sans licence, contre le coût trop élevé de ces licences, contre l’augmentation du prix de l’essence et contre le prix trop bas des courses.
Malgré l’affaiblissement continu du secteur manufacturier chinois, les travailleurs de huit usines, principalement dans le delta de la rivière des Perles [une plaine deltaïque située au centre de la province de Guangdong, dans le sud de la Chine], se sont mis en grève pour tenter d’obtenir de meilleurs salaires. Dans quatre usines des provinces [du sud] de Guangdong et de Shenzhen, usines appartenant toutes à des Japonais, les ouvriers ont également protesté contre l’« offensive » menée par le gouvernement japonais sur les îles Diaoyu au début du mois d’octobre.
Bien que ce soient des compagnies étrangères qui aient subi en plus grand nombre les grèves menées en septembre, des protestations ont également affecté des entreprises d’Etat et des institutions publiques telles que des écoles. Par exemple, des travailleurs de la construction ont protesté dans une station hydroélectrique d’Etat de Guangdong et les ouvriers d’une fabrique de bière de la province [du centre-ouest] de Sichuan ont protesté contre un plan de rachat d’actions. A Hunan [province du sud], des employés de banque ont protesté contre la résiliation de contrats de travail ; dans une école rurale de la province de Guangdong, des enseignants ont exigé une augmentation de salaire, ce qu’ont fait également des ouvriers d’une usine aérospatiale de Guizhou [province du sud]. De plus, il y a eu deux grèves initiées par des ouvriers du secteur de l’assainissement dans la province de Guangxi [région autonome de la République Populaire de Chine située à la frontière du Vietnam] et de Guizhou pour protester contre des salaires trop bas et avancer des revendications concernant la sécurité sociale.
En termes de réactions des autorités locales aux protestations des ouvriers, la police a été déployée sur onze lieux de grève et les Bureaux du travail locaux [contrôlés par le PCC et l’administration] sont intervenus dans sept conflits. Les grèves dans les transports ont en général obtenu une réaction rapide de la part des gouvernements municipaux, des départements de transport et de sécurité publique. Ils ont en effet tous promis de relayer les préoccupations des chauffeurs, non sans arrêter ça et là quelques grévistes accusés d’entraver le bon fonctionnement des transports publics. Au cours d’une grève des taxis, le 12 septembre, dernier dans la province de Guangdong, par exemple, cinq grévistes supposées leaders ont été mis en détention après une occupation de dix heures d’une gare pour protester contre les taxis roulant sans licence et les coûts trop élevés de ces licences.
Des ouvriers ont également été brièvement détenus dans le cadre d’une grève anti-japonaise dans la province de Guangdong, d’une grève anti-licenciement dans une compagnie d’énergie solaire de Jiangsu [province côtière du sud-est] et d’une grève menée dans une fabrique de maroquinerie de Guangdong appartenant à des Hongkongais.
Avec l’intervention du gouvernement contre des protestations collectives de travailleurs qui est devenue la norme, l’on voit bien que la motivation immédiate des autorités est d’assurer le maintien de la « stabilité sociale » plutôt que de résoudre le problème de travail qui a été à l’origine du conflit. Par exemple, un garde dédié à la sécurité, qui avait pris part à une grève dans une usine chimique de Dongguan [province de Guangdong] appartenant à un Taïwanais, a raconté que le représentant du Bureau du travail local avait quitté une séance où il avait réussi à faire asseoir ouvriers et direction à la table de négociation, sans avoir donné auparavant d’instructions sur la manière dont les négociations devaient être menées ! La grève a eu lieu le 25 septembre et a pris fin à la veille d’un jour de congé national, mais le conflit a persisté et, en date du 5 octobre, les deux parties n’étaient toujours pas parvenues à un accord. (Traduction A l’Encontre)
Article publié en date du 8 octobre 2012 par China Labour Bulletin.