Lors de l’audience de Maniwaki, organisée en collaboration avec l’Association de solidarité et d’entraide communautaire (ASEC) de la Haute-Gatineau, elle a pu entendre les témoignages de personnes directement aux prises avec des problèmes de logement, ainsi que d’organismes préoccupés par cet enjeu.
La situation de Maniwaki contient plusieurs particularités qui risquent de retenir l’attention des commissaires. Ainsi, 43,2 % des ménages y sont locataires, ce qui est plus que la moyenne en Outaouais (31 %). Parmi ces locataires, 55 % sont des personnes seules et 18 % des familles monoparentales, ce qui est, dans les deux cas, supérieur à la réalité vécue ailleurs au Québec. Les ménages ayant une femme comme principal soutien financier sont également représentés dans une plus forte proportion parmi les locataires de Maniwaki (55 %), tout comme ceux comprenant une personne de plus de 65 ans (26 %).
Danielle Beaudry, de l’ASEC, explique que « même si le loyer est plus bas à Maniwaki qu’il ne l’est en moyenne en Outaouais, le revenu y est inférieur de 7 500 $ par an, de sorte que plus du tiers des locataires doit consacrer davantage que la norme de 30 % de leur revenu au loyer, soit à peu près la même proportion que dans le reste de la région ».
Lors du recensement de 2006, 15 % de la population de Maniwaki déclarait avoir une identité autochtone. Parmi ces ménages, environ 21 % de ces ménages demeuraient dans des logements nécessitant des réparations majeures. Ce pourcentage était de 11 % parmi l’ensemble de la population de la ville, dont 9 % chez les locataires et 12 % chez les propriétaires occupants, ce qui est plus élevé que dans le reste du Québec.
Les gouvernements doivent prendre leurs responsabilités
Véronique Laflamme, organisatrice au FRAPRU, a pour sa part, tenu à rappeler que les gouvernements ont un rôle essentiel à jouer pour s’assurer du respect et de la mise en oeuvre du droit au logement. Plusieurs moyens doivent, à son avis, être mis en place pour ce faire, dont le financement d’un plus grand nombre de logements sociaux, échappant à la logique du profit et permettant aux locataires en difficulté d’avoir accès à des logements convenables à un loyer raisonnable.
Mme Laflamme estime toutefois que les gouvernements ne s’acquittent pas adéquatement de leurs responsabilités à cet égard. Elle s’en prend en particulier au « gouvernement fédéral de Stephen Harper qui n’accorde que de miettes de 57,5 millions $ par année au Québec pour tous ses programmes de construction de logements sociaux et de rénovation domiciliaire ». Elle ajoute que « les fonds attribués pour la construction de logements dans les communautés autochtones sont eux aussi insuffisants puisqu’ils ne contribuent qu’à la réalisation de 200 à 300 logements par année à l’échelle du Québec, alors que les besoins croissent plus rapidement ».
Quant au gouvernement québécois, maintenant dirigé par Pauline Marois, le FRAPRU estime qu’il doit non seulement respecter son engagement électoral d’augmenter de 2 500 à 3 000 par année le nombre de logements sociaux financés au Québec, au cours des cinq dernièers années, mais qu’il doit aller bien au-delà de cet objectif.
Parmi les quatorze personnes composant la Commission populaire itinérante sur le droit au logement, trois étaient à Maniwaki. Il s’agit de Me Lucie Lamarche, professeure titulaire de la Chaire Gordon F. Henderson en droits de la personne de l’Université d’Ottawa et de Joan Tremblay, présidente du Collectif pour un Québec sans pauvreté.