Édition du 17 décembre 2024

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États-Unis

Chers.ères Démocrates, Robert Mueller vous donne une marche à suivre pour la destitution. Suivez-la

Chers.ères Démocrates de la Chambre (des représentants)

Vous nous avez demandé d’être patient.e, de faire attention, d’attendre (le rapport) de Robert Mueller. L’attente est terminée et le moment d’introduire les procédures pour la destitution est arrivé.

Mehdi Hassan, The Intercept, 18 avril 2019
Traduction, Alexandra Cyr

Oubliez le menteur Ministre de la justice William Barr et ses tentatives malhonnêtes et répétitives de résumer et de faire la publicité du rapport du procureur spécial avant sa diffusion.

Vous avez maintenant accès à l’original des 448 pages, même caviardées, qui vous offre un itinéraire clair pour destituer D. Trump. C’est en lien avec l’article 2 de la section 4 de notre Constitution : « Le Président, le Vice-président et tous les fonctionnaires des États-Unis doivent être sortis.es de leur poste par voie de destitution avec preuve et condamnation de trahison, de corruption et autres crimes majeurs et délits ».

Voyez ce que vous dit Robert Mueller : « Nonobstant que le Président puisse ou non être trouvé coupable d’entrave à la justice en exerçant ses pouvoirs en vertu de l’article 2 de la Constitution, nous affirmons que le Congrès a l’autorité nécessaire pour destituer l’usage corrompu qu’un Président fait de son autorité pour protéger l’intégrité de l’administration de la justice. (Nous concluons) que le Congrès peut appliquer les lois relatives à l’entrave à la justice à l’égard de l’usage corrompu des pouvoirs accordés à un Président conformément à ceux qui lui sont accordés par notre système constitutionnel de freins et contrepoids (checks and balances) et du principe qui veut que personne ne soit au-dessus de la loi ».

Vous avez compris ? Le procureur spécial, qui fait la liste de 11 occurrences de potentielles entraves à la justice dans son rapport et refuse « d’exonérer » le Président (de ces possibles méfaits), remet la balle dans votre camp. Vous avez là, la direction vers la destitution que vous demandiez, que vous attendiez.

Robert Mueller pense que le Président n’a peut-être pas commis de « crime sous-jacent » dans l’interférence russe dans l’élection de 2016, mais franchement, ce n’est pas pertinent pour la cause de la destitution. Voici ce que disait l’un des 13 avocats.es de votre auguste organe officiel pour justifier la procédure de destitution contre B. Clinton en 1999 : « Il n’est pas nécessaires d’avoir commis un crime pour perdre votre poste (de Président) dans notre république constitutionnelle si cet organe (le Congrès) détermine que votre conduite à titre de représentant.e public.que est clairement hors norme dans l’exercice de votre fonction ». (Réquisitoire défendu) par le représentant Lindsay Graham à l’époque et maintenant sénateur. Et il ajoutait que le processus de destitution « vise la restauration de l’honneur et de l’intégrité de la fonction ».

Voilà votre devoir, votre obligation ! Vous devez restaurer un certain sens de l’honneur et de l’intégrité de la fonction présidentielle.

Prenez connaissance de 3 articles de destitution que vos prédesseurs.es républicains.es et démocrates qui siégeaient au Comité de la justice de la Chambre ont déposé en juillet 1974 contre le Président Nixon. Le premier, traite de l’entrave à la justice et cite les : « déclarations publiques mensongères (du Président) dans le but de tromper le peuple américain ». Il met aussi en évidence les efforts de R. Nixon pour « suggérer à de possibles accusés.es, à des individus dûment accusés.es et condamnés.es que des traitements de faveur leur seraient accordés en retour de leur silence ou de leurs faux témoignages ».

Je mets au défi n’importe qui d’entre vous de lire le rapport de procureur spécial et de ne pas conclure que le Président actuel n’a pas menti, menti et menti encore. Il a menti à propos de l’interférence russe dans les élections de 2016, il a menti à propos des contacts de son équipe de campagne avec les Russes, il a menti quant au camouflage de ces contacts. Arrêtez-vous sur l’infamante rencontre de juin 2016 à la Tour Trump (de New York). Le Président a personnellement écrit une déclaration au nom de son fils Donald jr Trump qui prétend que celui-ci a rencontré une avocate russe pour « d’abord et avant tout » discuter « d’un programme d’adoption d’enfants russes ». Mais voici par contre, ce que dit R. Mueller à ce propos : « L’équipe de campagne prévoyait recevoir des informations de Russie qui auraient servi aux futurs résultats électoraux du candidat (Trump). Mais l’avocate russe ne les a pas fournies ».

Je mets aussi au défi n’importe qui d’entre vous de lire le rapport du procureur spécial et de ne pas conclure que ce Président n’a pas tenté (d’offrir) et offert : « des traitements de faveur et des récompenses à des témoins et des accusés.es dans l’enquête sur (les rapports de la Russie avec l’équipe de campagne Trump) à la Nixon. Exemple tiré du rapport Mueller : « Plusieurs des agissements du Président envers les témoins, dont les détourner de la collaboration avec le gouvernement et la suggestion de possibles pardons dans le futur, sont publics…Et, aucun principe légal ne rejette les actes publics hors de l’aire statutaire de l’entrave à la justice ».

Vous devez prendre connaissance de ce qu’écrit la représentante Elizabeth Holtzman qui siégeait au Comité de la justice de la Chambre en 1974 et qui vient de publier un livre intitulé : Plaidoyer pour la destitution de D. Trump. J’ai eu une conversation avec elle jeudi et elle m’a expliqué « qu’à la lumière du précédent Nixon, des preuves tirées du rapport Mueller renforcent l’idée que D. Trump a commis des offenses dignes de la destitution. Les parallèles sont bien plus solides maintenant ».

J’ai compris ! Vous avez peur. Vous avez peur des contres attaques de vos collègues républicains.es. Vous avez peur de perdre vos chances de gagner la majorité au Sénat (en 2020) alors, qu’en ce moment, vous n’avez pas la majorité pour destituer D. Trump. Vous avez peur que des audiences en destitution ne créent une distraction pour votre Parti dans la campagne présidentielle de 2020.

Mais, d’abord et avant tout, votre travail est de préserver la démocratie et de protéger la règle de droit. C’est ce que la Constitution vous confie comme responsabilité et que le peuple américain attend de vous. Vous ne pouvez pas vous en échapper.

Votre leader à la Chambre, Mme N. Pelosi a déclaré, avant que le rapport Mueller n’ait été publié, qu’elle pense que déclencher une procédure de destitution contre le Président « n’en vaut pas la peine ». (…) Si un Président a effrontément et à répétition induit la population en erreur, accueilli l’interférence d’un gouvernement étranger dans le processus électoral américain en tentant de la faire fonctionner en sa faveur, à de multiples occasions introduit des entraves à la justice dans des tentatives pour camoufler tout cela, et aussi, ne l’oublions pas, a louangé les néo-nazis en les traitant de « très bonnes personnes », ne mérite pas la destitution ? Alors quel Président le mérite ? Quand donc le méritera-t-il ?

Alors également, que devient l’article 2, section 4 de la Constitution ? Si vous n’êtes pas d’accord de retirer le Président de son poste, dans la foulée de ce rapport accablant, vous pourriez aussi bien retirer de la Constitution, l’article sur la destitution. Si ça ne concerne pas Donald Trump, alors qui ?

Sincèrement,
Medhi Hasan

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