Édition du 17 décembre 2024

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Gaz de schiste

Capitalisme - les profits avant l'environnement

Une autre traduction d’un papier dans le journal The New York Times. Il s’agit de politique et économie chez les États-Unis. Mais le Canada suit de si près l’ombre de son voisin, tout ce qui se dit dans cet article est aussi valable pour le pays. Traduction les AmiEs du Richelieu.

Des femmes et des hommes honnêtes de conviction se font arrêter devant la Maison Blanche. Des femmes se font arrêter pour avoir empêché un camion-citerne (fournisseur d’une opération de fracturation) de pénétrer dans leur réserve en Alberta. Êtes-vous maintenant convaincus que nous vivons dans un état policier ? Nous nous payons des forces de l’ordre pour qu’ils arrêtent des citoyens pacifiques qui veulent que leurs droits humains soient respectés. C’est un pays comme cela que nous voulons ?

Les profits avant l’environnement

Je n’étais pas surpris quand l’administration de George W. Bush avait sacrifié l’environnement en faveur des profits corporatifs. Mais quand les mêmes choses se répètent durant une administration démocrate, c’est déprimant. Avec peu ou pas de consultation publique, les politiques se décident pour avantager les corporations, peu importe les conséquences.

Pas surprenant qu’un sondage fait en avril 2010 fait par le Pew Research Center a trouvé que seulement 20% des États-uniens ont confiance dans le gouvernement. C’est probablement l’une des choses qu’ont en commun les gens de la droite, et de la gauche, et beaucoup au centre. Mais peut-être qu’il y a rien de nouveau là-dedans : comme disait Glenda Farrell, alias Genevieve "Gen" Larkin, disait dans "Gold Diggers of 1937", "C’est si difficile d’être bon sous un système capitaliste."

Mais est-ce quelqu’un au pouvoir fait même un petit effort ? L’hiver passé, le département de l’agriculture a dérèglementé la luzerne génétiquement modifiée de Monsanto, malgré les préoccupations de croisement de pollen avec les récoltes normales. Il a ensuite défié un ordre de la cour qui interdisait de semer des betteraves à sucre génétiquement modifiées en attendant une étude en impacts environnementaux.

Les ingénieurs de Monsanto créent ces plantes et fabriquent le Roundup, l’herbicide qu’elles peuvent résister. Mais les récoltes Roundup n’augmentent pas le rendement à long terme, et maintenant une poignée de fermiers doivent tenter de contrôler des "mauvaises herbes" qui lui survivent, et il y a la question des "super-bibittes", tout çà presque entièrement la faute de Monsanto. Finalement, ce système ne bénéficie pas à personne excepté Monsanto et ses profits. Malgré tout, le secrétaire de l’agriculture Tom Vilsack a donné le feu vert à Monsanto, peut-être suite à des pressions venant de la Maison Blanche.

Les États-Unis font les mêmes sortes de pressions dans d’autres pays. WikiLeaks a démontré que les É.-U. font de la promotion des récoltes génétiquement modifiées en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud grâce à des programmes de promotion de bio-technologies. Il semblerait que des diplomates ont complotés pour se venger de pays dans l’Union Européenne qui voudraient interdire ces récoltes.

Le sacrifice de l’environnement pour des profits ne se limite pas à l’administration Bush, et ne se limite pas aux OGM. Prenez par exemple le projet de prolongation de l’oléoduc Keystone XL. La grandeur XL s’applique à tout dans ce projet : le tuyau sera de 36 pouces, s’étendra des sables bitumineux de l’Alberta, traversera les Plaines pour se rendre au Golfe du Mexique, coûtera $7 milliards et s’étendra sur 1,711 milles (plus que le double de la longueur de l’oléoduc de l’Alaska). Il traversera un peu moins de 2,000 rivières, le vaste écosystème de milieux humides appelés le Nebraska Sandhills et l’aquifère Ogallala, la plus importante source d’eau douce souterraine du pays.

Si Keystone se construit, nous verrons les émissions de GES augmenter tout de suite (la production des sables bitumineux génère 3 fois plus de GES que la production de pétrole conventionnel), et notre plus grande dépendance aux combustibles fossiles nous dirige tout droit vers un désastre de changements climatiques. De plus, il y a le potentiel de fuites, et pas du genre de WikiLeaks, et cela s’est déjà produit.

Les promoteurs de Keystone suggère que le projet pourrait faire baisser le prix de l’essence et notre dépendance au pétrole étranger. Mais le forage local ne fait qu’augmenter, pas baisser, le prix du pétrole. Pour ce qui est de notre dépendance, hé bien, nous devons apprendre à mieux consommer le pétrole déjà disponible.

Ils disent aussi que l’oléoduc pourrait créer 100,000 nouveaux emplois. Mais même le Amalgamated Transit Union et le Transport Workers Union s’opposent au projet, disant que "Nous avons besoin d’emplois, mais pas ceux qui augmentent notre dépendance au pétrole des sables bitumineux."

Il semblerait que les représentants des unions ont lu les écrits de l’activiste Bill McKibben qui dit du projet Keystone XL : "Il est une mèche pour allumer la plus grosse bombe de carbone du continent." et le scientifique de la NASA Jim Hansen a dit que le projet sonnera le "game over" pour la planète.

"Game over" ? Pas de problème dit le State Department qui a conclu que le projet n’aura pas d’impacts sérieux sur "la plupart des ressources le long du trajet planifié pour l’oléoduc." Le groupe Sierra Club a répliqué tout de suite en qualifiant le rapport comme étant "une insulte pour quiconque qui s’attend à ce que le gouvernement travaille dans les intérêts du peuple des États-Unis."

C’est ce que je m’attends de mon gouvernement, et je suis insulté. Le président Obama peut refuser le permis de ce projet. Un président vraiment en faveur de l’environnement (comme le candidat Obama semblait l’être) chercherait des façons originales pour laisser les combustibles fossiles sous terre, pas les extraire. Peut-être qu’il ne croit pas aux changements climatiques en ce moment, comme plusieurs Républicains ?

Quand le gouvernement défend les intérêts des corporations, les citoyens doivent se battre. McKibben a aidé à organiser une manifestation devant la Maison Blanche contre le projet Keystone XL, et il est l’un parmi une centaine de personnes qui ont été arrêtées depuis quelques semaines. Ces gens démontrent que le rôle du gouvernement comme ami des corporations doit être mis au défi.

Et ce sera la même chose pour la lutte contre la carte blanche donnée aux OGM : du 1 au 16 octobre, il y aura une marche à partir de la ville de New York jusqu’à Washington pour demander que les aliments contenant des OGM soient étiquetés, ce que demande la majorité des Américains. Cette petite et parfaitement légitime demande s’est buttée à l’opposition conjointe de l’industrie techno-alimentaire et (encore une fois) la Food and Drug Administration.

Pourquoi est-ce que la plupart d’entre nous ne faisons pas confiance au gouvernement ? Peut-être que parce que nous, comme Gen Larkin, savons que c’est trop difficile d’être bon sous le système capitaliste.

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