Mettre la souveraineté en vitrine " … Une expression qui nous vient de Jacques Parizeau. Sortie de son contexte, on serait tenté de se moquer du titre choisi.
Avec cette campagne web, le Parti Québécois procède par un ricochet sur la question nationale, à une auto-promotion pas très subtile, destinée à engranger du capital politique pour son seul bénéfice partisan. Oublier « la cause » , mot fétiche prisé par quelques souverainistes de salon, ce n’est assurément pas le but de cette initiative péquiste.
Il s’agit plutôt d’une inélégante stratégie (le Parti Québécois, en guerre perpétuelle tant avec ses adversaires que ses alliés, est un adepte de ce vocabulaire guerrier), une stratégie donc, visant à marginaliser le rôle de Québec solidaire et d’Option nationale dans la lutte politique nationale en quête de l’avènement d’un pays.
Pourtant, les propositions de QS et d’ON issues de débats démocratiques au sein de chacune des formations, sont en principe, tout aussi légitimes que celles du Parti Québécois ; propositions d’ailleurs dont on ne sait plus grand chose, tellement la dite « gouvernance souverainiste » évacue le débat et évoque plutôt, l’absence de vision et de détermination du Parti Québécois à concrétiser une démarche d’accès à l’indépendance. Tout compte fait, on est tenté de conclure que ça ronronne pas mal au PQ, et que ce parti au membership vieillissant, peine à tenir un discours rassembleur et mobilisateur pour l’ensemble des indépendantistes, en particulier auprès des jeunes.
Avec cette campagne Web, le PQ centré sur la rectitude de son image de " parti de l’alternance", confond l’État et celui qui le gouverne. Par une mise en scène aux accents protocolaires déconnectée des réalités citoyennes et populaires, il mise sur la seule présence de la première-ministre perchée dans son gratte-ciel, occupée à débiter son petit laïus convenu et réchauffé.
Voilà donc que non content d’avoir leurré une part de son électorat sur ses intentions véritables quant à l’orientation de sa gouvernance, le PQ s’adonne maintenant à un jeu malsain pour le mouvement indépendantiste. Ce grand mystificateur avec son projet de pays éteint et sans gouvernail, se montre incapable de s’allier aux autres formations indépendantistes car il n’a aucun courage politique pas plus qu’il n’a de proposition concrète dans ses cartons, nous permettant d’amorcer une démarche citoyenne, inclusive et rassembleuse, pour concrétiser la démarche et le mode d’accession du Québec à l’indépendance. Et rappelons que, par-dessus le marché, son programme relègue aux oubliettes une essentielle réforme de notre mode de scrutin archaïque et parfaitement inadapté au multipartisme. Est-ce là toute sa conception d’une réelle démocratie ? Est-ce bien ce parti qui, il y a peine 2 ans parlait de " faire de la politique autrement " ?
Ainsi donc, Le Parti Québécois voudrait faire cavalier seul sur la question nationale ? À sa guise. Reste qu’avec cette attitude fermée et exclusive, il prend le risque de devenir à moyen terme, un boulet pour le mouvement indépendantiste ; et sincèrement, ce serait une tragédie pour ce grand parti politique qui a joué un rôle historique si important dans la quête émancipatrice de la nation québécoise.