Le SPSSS vient de compléter un premier bilan de l’expérience Proaction, dans les services à domicile au CSSS de Québec-Nord, comme l’ont fait les syndicats dans de nombreux autres établissements du Québec. Les résultats sont désastreux et ils ont pour effet d’aggraver les problèmes d’attraction et de rétention de la main-d’œuvre, déjà aigus.
Détérioration du climat de travail
Sous l’égide de la firme Proaction, les établissements s’engagent dans des réorganisations qui valorisent fortement certains actes professionnels dits directs, aux dépens d’autres, dits indirects. Ce qui est très grave, c’est que les actes ainsi dévalorisés sont dans les faits au cœur des services que doivent offrir les différents intervenants en soutien à domicile.
« Le modèle Proaction pourrait peut-être apporter quelque chose dans une usine de production de biens, mais nous l’estimons complètement inadéquat pour un établissement de santé. On ne peut pas plaquer ici l’organisation du travail d’une chaîne de montage, ça n’a pas de sens. En fin de compte, ceux qui en paient le prix, en plus des salarié-es, ce sont des personnes parmi les plus vulnérables de notre société. Ceux et celles qui comptent sur les services CSSS pour avoir un minimum de qualité de vie et c’est extrêmement frustrant pour les intervenants de constater qu’ils sont les seuls, dans toute la pyramide, à mettre la qualité des services au sommet des priorités », déplore la présidente du Conseil central de Québec Chaudière-Appalaches CSN, Ann Gingras.
Éviter les erreurs
Le bilan dressé au CSSS de Québec-Nord par le SPSSS, après un an du régime Proaction, est préoccupant : démotivation du personnel, augmentation du stress et baisse de satisfaction au travail.
Pour le président du syndicat, Danny Roy, l’exclusion des syndicats dans la recherche de solutions est absurde et illogique. « Le vieillissement de la population est une réalité. Nous avons l’obligation de servir tous ces gens et il est possible que la solution ne repose pas uniquement sur l’augmentation des budgets, nous le reconnaissons. Ceci dit, ce sera impossible, sans ajout budgétaire, d’améliorer les choses avec un personnel démotivé, plus essoufflé, plus stressé et pourtant globalement moins satisfait de son travail. » Il rappelle que, dans le passé, le syndicat a pris part, avec beaucoup d’ouverture et de dynamisme, à la recherche de solutions aux problèmes d’organisation du travail, de concert avec les directions des CSSS de la région, et ce, avec succès.
Plan d’action
Le syndicat réunit d’ailleurs ses membres plus tard aujourd’hui afin de mettre en place un plan d’action pour contrer les effets néfastes de l’approche Proaction. Il vise notamment à soustraire ses membres des effets néfastes de l’optimisation des processus de gestion instaurés dans nos établissements par la firme Proaction. Il exigera des employeurs qu’ils mettent fin aux outils de gestion utilisés pour le contrôle de la variation de la performance soit la « planification et le suivi de la performance » (PSP) et « les rencontres de supervision active » (RSA), qui sont sources de conflit, de stress et de démotivation. Il réclamera des comités conjoints afin de mettre en place les clés de la réussite des projets d’organisation du travail dans les CSSS de la région. Enfin, le syndicat continuera de réclamer une augmentation budgétaire correspondant à une offre de service de qualité pour que les personnes âgées puissent vieillir dans la dignité.