Un bouclier budgétaire
Si le réseau de la santé et des services sociaux (RSSS) est à ce point délabré, à force de financement et de réformes inadaptées, l’APTS est convaincue que ce n’est pas une fatalité. « Un réseau fort, c’est possible si on en fait une priorité, qu’on en finit avec les mesurettes à la petite semaine et que le courage politique est au rendez-vous pour mettre en place des solutions qui sortent des sentiers battus », fait valoir Robert Comeau. L’instauration d’un mécanisme de bouclier budgétaire — une revendication de longue date de l’APTS — est impérative. Ce dernier stabiliserait le financement du réseau en garantissant les ressources suffisantes pour offrir des soins et services de qualité, indépendamment des fluctuations économiques.
Des mesures fiscales audacieuses
Une fois ce mécanisme en place, il faut le financer. Pour cela, l’APTS souligne que de nombreuses options s’offrent au gouvernement, dont l’adoption de mesures fiscales audacieuses. Une taxation sur le patrimoine du 1 % le plus riche, par exemple, pourrait rapporter quelque 4 milliards de $ annuellement. « Dans un monde hypothétique où les métiers du domaine de la santé et des services sociaux seraient redevenus attrayants grâce à des politiques judicieuses, cette « petite » somme permettrait de doubler le nombre de professionnel•le•s et de technicien•ne•s dans le réseau, rien de moins ! », illustre Émilie Charbonneau.
Une réforme du statut des médecins
De la même façon, mettre fin à l’incorporation des médecins permettrait de regarnir les coffres de l’État tout en corrigeant une iniquité indécente si l’on considère leur niveau de revenu. « Un•e médecin n’est pas une société par actions, il n’y a aucune bonne raison qu’il•elle soit taxé•e à 20 % -voire à 12 - plutôt qu’à 50 %, comme le serait n’importe quel•le autre contribuable au revenu comparable », poursuit Émilie Charbonneau. Une réforme du statut d’emploi et de la rémunération de la profession s’impose également. Combinées, ces mesures permettraient d’injecter un appréciable milliard de dollars dans la santé et les services sociaux.
Une cure de désintoxication du privé
Finalement, l’APTS maintient qu’une stratégie de déprivatisation énergique mais graduelle du réseau doit être mise en place sans plus tarder. Si les investissements nécessaires sont faits, il suffira de 5 ans pour ramener les dépenses privées de santé à leur niveau plancher de 1979. « La CAQ consacre 10, 15, 20, 30 sous aux profits des entreprises privées pour chaque dollar dépensé dans la santé et les services sociaux. Imaginez tous les soins et services que le réseau pourrait offrir si on rapatriait ces millions ! », évoque Émilie Charbonneau. « Arrêtons de prétendre que le privé complète le public, c’est tout le contraire — il le cannibalise. La moindre des choses serait que notre gouvernement n’en soit pas complice », renchérit-elle.
« Oser pour vrai »
L’APTS affirme que de nombreuses autres solutions existent et qu’un réseau fort est à portée de main si le bien-être collectif n’est plus sacrifié sur l’autel des intérêts partisans ou privés. Robert Comeau et Émilie Charbonneau invitent d’ailleurs les Québécois•es à ne pas abdiquer leur droit fondamental à la santé et au bien-être et à signer leur lettre pour, à leur tour, lancer le défi au gouvernement. « Dans notre lutte pour un réseau public fort, on a bien peu à perdre et tout à gagner. Alors, pour une fois, si on osait pour vrai ? »
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