Pour ce samedi soir, nous nous sommes installés devant le téléviseur pour regarder le classique « Titanic » avec Leonardo DiCaprio et Kate Winslet.[1] Je n’ai pas pu m’empêcher de comparer la réaction des personnes passagères du grand navire à celle des dirigeant-e-s du monde face au rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) du mois d’octobre dernier. Le sort du grand navire devient une sorte de métaphore alors que les dirigeant-e-s sur « la passerelle » à Katowice en Pologne doivent déterminer du sort « des passager-ère-s » à la 24e COP (Conférence des parties).
Nous avons déjà un aperçu des changements climatiques. Un bref résumé du Journal de Montréal nous signale des « records de chaleurs », un « trop-plein de CO2 » qui accentue l’effet de serre, « une montée du niveau des mers », et des « catastrophes naturelles comme des canicules, des ouragans et des sécheresses » ;[2] et qui dit sécheresse dit incendies monstrueux comme ceux de la Californie. Nous avions eu une lueur d’espoir lors de la Conférence de Paris (COP 21) en 2015. Malheureusement, ce n’étaient que des vœux pieux. Avec Katowice, il faudrait accoucher d’un plan crédible de réduction des GES (gaz à effet de serre), mais faire face à la réalité semblerait trop pénible. On préfère demeurer à l’abri d’une zone de confort présentement douillette plutôt que d’agir pour réduire les impacts négatifs prévisibles.
Cette situation me rappelle le film Titanic. La collision avec l’iceberg a causé une vibration à peine perceptible pour les passager-ère-s ; il y en a même qui jouent avec des glaçons sur le pont alors que les moteurs sont arrêtés. En surface, tout est calme, mais sournoise, l’inondation est à l’oeuvre ! Les stewards rassurent les quelques passager-ère-s qui sont inquiet-e-s : tout va très bien, car, voyez-vous, ce navire est insubmersible ! Mais sur la passerelle, l’ingénieur en chef déroule les plans du paquebot devant le capitaine entouré de ses officiers et déclare que le Titanic pourrait survivre avec 4 compartiments inondés, mais pas avec 5. Cinq compartiments inondés déclencheront une chaîne d’évènements catastrophiques. Sa conclusion est implacable : « quoi que l’on fasse, il coulera. »
Le dernier rapport du GIEC compare un réchauffement de 1,5 degré Celsius aux effets d’un réchauffement de 2 degrés Celsius.[3] Un, virgule cinq degré, c’est comme 4 compartiments inondés. Le bateau aurait le nez au ras de l’eau et l’orgueil de la White Star Lines en prendrait pour son rhume ; malgré des dommages matériels substantiels, le Titanic ramènerait les passager-ère-s à bon port. Et après un coûteux passage en cale sèche, le Titanic voguerait de nouveau sur les mers ! Mais 2 degrés, c’est comme avoir cinq compartiments inondés ; même s’il y a pas encore d’effets majeurs, ceux-celles qui connaissent la mécanique climatique savent qu’une cascade d’évènements provoquera « le naufrage » de notre monde industrialisé tel que nous le connaissons.
Par leur timidité, les mesures annoncées ressemblent à ces passager-ère-s qui désobéissaient aux ordres du capitaine en refusant d’embarquer dans les canots de sauvetage au motif qu’il faisait trop froid à l’extérieur ! Le choix est clair : plus on attend, pires seront les résultats. Comme l’écrivait Guy Taillefer dans Le Devoir, l’inaction est irrespirable : « Plus de deux décennies de COP (Conférence des parties) annuelles ... n’ont à ce jour pas donné lieu à des gestes suffisamment décisifs et concertés pour espérer pouvoir faire échec au réchauffement climatique. Pour l’heure, la somme des engagements nationaux augure d’un réchauffement des températures mondiales d’au moins 3,5 degrés Celsius pour 2100, bien au-delà de l’objectif de 1,5 degré. » Et de citer plus loin la consternation de Mme Patricia Espinoza, responsable climat de l’ONU : « Nous marchons vers un ouragan de catégorie 5 armés d’un parapluie. »
Sans changement de cap, et en continuant à considérer la réalité comme s’il s’agissait de fake news, on se dirige vers 3,5 degrés !!! C’est vrai qu’on est bien confortable dans notre petit monde avec son économie globalisée. Pourquoi alors faire face à la réalité et permettre ainsi à nos petits-enfants de survivre ?
Gérard Montpetit
Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain
le 18 décembre 2018
1] Réseau TVA, 15 décembre 2018, à 18:30h, Titanic avec Leonardo DiCaprio et Kate Winslet.
2] Journal de Montréal, édition-papier du 16 décembre 2018, page 9.
3] https://www.lemonde.fr/climat/article/2018/10/08/ce-qu-il-faut-retenir-du-rapport-du-giec-sur-la-hausse-globale-des-temperatures_5366333_1652612.html
4] https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/542934/environnement-inaction-irrespirable
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