Le Code du travail prévoit que les parties doivent « poursuivre [les négociations] avec diligence et bonne foi ». « Alcoa ne se comporte pas de façon à chercher une entente négociée. En coupant de moitié la production restante à 48 heures de l’échéance des négociations fixé par le ministre, la compagnie envoie le signal qu’elle ne prend pas au sérieux le processus de négociation. En effet, l’arrêt des cuves accroît le coût du lockout et le temps nécessaire au redémarrage de l’usine », explique le président de la section locale 9700 des Métallos, Clément Masse.
La compagnie a multiplié les nouvelles demandes de concessions depuis le début du lockout le 11 janvier dernier, signe qu’elle ne cherche pas réellement un règlement négocié. « Une compagnie qui revient sur des clauses déjà paraphées et qui formule des offres moins avantageuses que celles refusées initialement ne fait pas montre de bonne foi. Le gouvernement a nommé un médiateur spécial au printemps dernier, puis un conseil de médiation le 7 novembre en donnant un ultimatum pour arriver à une entente négociée. Or, Alcoa n’a pas saisi l’opportunité de s’engager dans une démarche constructive », dénonce l’adjoint au directeur québécois des Métallos, Dominic Lemieux.
Le Syndicat des Métallos déplore le déséquilibre dans les négociations, alors que la clause d’Act of God ou de force majeure invoquée par ABI a dispensé la compagnie de payer plus de 200 millions à Hydro-Québec pour le bloc d’électricité qui lui est réservé. « La compagnie voit ses pertes épongées par tous les Québécois. C’est 200 millions en moins dans les coffres de l’État en redevances d’Hydro-Québec et cela risque même de faire hausser les tarifs de tous les Québécois. Ce cadeau de 200 millions permet à ABI de réduire ses pertes. Le gouvernement réunit les conditions qui incitent ABI à négocier de mauvaise foi », dénonce le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau.
Les 1030 syndiqués de l’aluminerie de Bécancour ont été mis en lockout le 11 janvier dernier par Alcoa et Rio Tinto. Les négociations achoppaient sur le financement du régime de retraite et le respect de l’ancienneté dans les mouvements de main-d’œuvre. Alors qu’une entente négociée était possible, l’employeur a plutôt choisi de décréter un lockout.
Un message, un commentaire ?