Édition du 18 juin 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Amérique centrale et du sud et Caraïbes

Ça tremble au Chili

Le peuple est dans la rue et exige trois choses : la démission du gouvernement conservateur de Piñera, le remplacement de la constitution de Pinochet et la fin du modèle néolibéral. Rien de moins.Ce mouvement de protestation est dans sa troisième semaine avec des manifestations massives dans toutes les villes du pays, un mouvement horizontal qui regroupe une grande diversité de personnes autant des secteurs populaires que de la classe moyenne. Du jamais vu !

photo : Manifestation de deuil par 127 jeunes ayant perdu un œil par les projectiles de chevrotines et de bombes lacrymogènes(photo prise à Santiago, le 1er novembre, libre de droits.

Les élites du pays, dirigées par un multimillionnaire véreux, sont complètement déconnectées de la réalité vécue par le peuple. Devant cette mobilisation monstre, le président Piñera déclare : « Nous sommes en guerre contre un ennemi puissant, implacable, qui ne respecte rien ni personne et qui est disposé à user de violence et de délinquance sana aucune limite. »On croirait entendre Pinochet ! Aussitôt, il lance l’armée à la rue et la répression est terrible contre un million de personnes qui marchent pacifiquement. Cela fut le détonateur qui provoqua une mobilisation massive alors que le président déclarait l’état d’urgence et imposait le couvre-feu !

Pour justifier sa violence, le régime dénonce des actions de vandalisme, des incendies dans les stations du métro, des pillages de supermarché. Il est vrai que des actes violents sont commis par une tranche des manifestants, mais il importe d’ouvrir l’oeil. Comme tout le monde est armé d’un téléphone cellulaire, les actions des militaires sont scrutées, filmées et mises en ligne immédiatement. Ici, un vandale dangereux apparait peu après être un carabinier déguisé qui réalise des arrestations. Ailleurs, on filme des carabiniers organisant le pillage d’un supermarché, demandant aux gens présents de ne pas trop exagérer (sic) et promettant la protection de la police pour leur sécurité. On voit clairement un policier glisser un couteau dans le sac d’un manifestant qu’on retient violemment…

Amnistie internationale a mobilisé une équipe au Chili et dénonce une répression terrible de la part de l’État : des dizaines personnes assassinées par des agents de l’État, des centaines ont perdu un œil alors que la police tire systématiquement avec des fusils à plomb au visage des manifestants. Les violences sexuelles et les tortures sont très nombreuses. Des milliers de blessés, de détentions et même des disparitions.

Les causes de ce ras-le-bol se sont accumulées durant les trente dernières années. Une élite sélecte s’est enrichie aux dépens du peuple et l’inégalité sociale a augmenté de façon astronomique. Les travailleurs se sont vus spoliés de leurs pensions par la privatisation forcée des régimes de pensions. Les retraités sont condamnés à la pauvreté après une vie professionnelle remplie. L’éducation a été largement privatisée ainsi que la santé. Le coût de la vie a augmenté : essence, transport en commun, médicaments, etc. L’eau a été privatisée.

À cela s’ajoute une grande quantité d’immigrants qui fuient leurs pays à la recherche d’une meilleure vie : 1250 000 immigrants sont entrés au pays en 2018 en provenance du Venezuela, du Pérou, d’Haïti et de Colombie. Sans oublier le peuple Mapuche et autres premières nations qui ont vu leurs revendications historiques réprimées sauvagement par l’État chilien depuis toujours et qui sont continuellement mobilisées.

Révoltée, la population exige une nouvelle constitution et des réformes économiques du modèle ultralibéral en place. Cette constitution rédigée par un petit groupe durant la dictature ne représente aucunement les aspirations du peuple chilien. En ce 12 novembre, le pays est totalement paralysé par une grève générale.

La terre tremble souvent au Chili, mais cette fois-ci c’est le géant d’argile ultralibéral des Chicago Boys qui connait un séisme majeur.

Claude Lacaille, Trois-Rivières

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