Mais plus tard, à mi-chemin dans le siècle dernier, la résistance des peuples contre ces impérialismes a marqué de grands coups. En Europe, le fascisme allemand a été vaincu. Les puissances capitalistes ont été forcées d’accepter les revendications populaires pour vivre en paix, avec des conditions de travail et de vie améliorées. Dans les colonies, les luttes anti-impérialistes ont vaincu l’impérialisme américain, au Vietnam, à Cuba, en Angola et ailleurs.
Plus récemment, l’infâme « guerre sans fin » lancée par le président Bush au Moyen-Orient a connu de retentissants échecs en Irak, en Afghanistan, en Palestine, précipitant aux États-Unis et leurs alliés-subalternes comme le Canada, dans la plus grande crise économique depuis 1929. Les peuples sont en marche à travers les divers « printemps » un peu partout aux quatre coins du monde.
Quel est le bilan de ces grands affrontements ? Pour certains, l’Empire américain est entré dans un déclin irrésistible. Pour autant, la bête reste dangereuse, un peu comme un ours blessé qui, avant d’agoniser, devient encore plus violent. À ce déclin correspond la montée de nouvelles puissances, la Chine par exemple. Également en Amérique latine, la poussée des luttes populaires a eu un impact sur l’équilibre entre les régimes progressistes et la droite traditionnelle appuyée par Washington. De ce chaos émerge un monde multipolaire où des espaces d’autonomie peuvent être arrachés par les peuples.
Pour d’autres, l’Empire reste encore au poste de commande d’un capitalisme mondialisé, via un système financier globalisé, la maîtrise des nouvelles technologies et, au bout de la ligne, la suprématie militaire. Dans un tel scénario, les options sont limitées. Il faut s’attendre à ce que la confrontation aboutisse à davantage de militarisation, pour ne pas dire à davantage de guerres. C’est dangereux.
Il faut donc peser les conséquences politiques de tout cela. Voisins de et dans une large mesure subordonnés aux États-Unis, le Québec et le Canada appartiennent à la « sphère d’influence » américaine. Les dominants dans notre pays, Québec inc comme Canada inc, acceptent ce rôle subalterne, en secondant le dispositif militaire via l’OTAN, notamment. En fin de compte, le Canada est une sorte de mini puissance impérialiste. Or, aujourd’hui dans le sillon du déclin de l’Empire, l’État canadien se retrouve déstabilisé. Le Canada pétrolier et militarisé dont rêvait Harper est sur la sellette. C’est le temps de voir comment on peut utiliser ces fractures pour changer le rapport de forces et mettre ces néoconservateurs au rancart. (Il y aura plusieurs discussions sur cette question lors de l’université populaire des NCS.