Carlos Heras, jacobinmag.com, 20 décembre 2018
Traduction, Alexandra Cyr
Après 12 ans de guerre à la drogue au Mexique aux cours desquelles 260,000 personnes ont été tuées et au moins 37,000 sont disparues, un nouveau gouvernement prend le pouvoir. Il arrive avec de nouvelles idées à propos de la drogue, de la paix et de la sécurité. Le nouveau Président, Andrés Manuel López Obrador (AMLO comme on l’appelle familièrement) à promis de promouvoir des politiques visant la pacification (du pays) parmi lesquelles, des débats sur la justice et la réconciliation, l’amnistie pour les jeunes déliquants.es, la décriminalisation de la marijuana et des cultures de pavot.
Son programme s’oppose aux idées les plus ancrées, celles qui donnent une image dépassée remontant aux années 1980 qui affirment que la principale source de la violence au Mexique est le fait des cartels de la drogue. Il s’oppose aussi aux séries comme Narcos, qui décrivent les traficants.es comme des mégalomaniaques qui terroriseraient des pays entiers sans aucune aide pour satisfaire l’insatiable appétit du nord pour les drogues.
AMLO reconnait que la politique d’affrontement du crime organisé ne suffit pas à faire face à la violence dans le pays. Il propose de s’attaquer à ses causes profondes en faisant la promotion de l’éducation, en développant des alternatives de travail pour les jeunes des communautés rurales qui dépendent des activités illicites.
La plupart des chercheurs.euses mexicains.es estiment que c’est la militarisation du pays qui y a fait augmenter la violence et l’a maintenue. (Dans leurs travaux), Guadalupe Correa, Dawn Paley et Oswaldo Zavala soulignent que le début des violences dans une région à tendance à apparaitre lorsque des soldats.es y sont déployés.es. Des dizaines de centaines de ces troupes ont participé à la sécurité intérieure du pays depuis 2006. La guerre à la drogue financée et mise en action par les États-Unis, encourage les cartels à acheter plus d’armes, à recruter plus de soldats et à se battre plus furieusement.
Mais, ils et elles soulignent autre chose : les cartels ne comptent plus seulement sur le trafic de la drogue pour faire leurs profits. Les organisations criminelles mexicaines progressent dans un contexte militarisé très complexe surtout depuis la fin des années 1990 et celles du début 2000 quand le pays s’est ouvert au capital international créant ainsi de nouvelles opportunités pleines de richesses qu’ils pouvaient parasiter.
Aujourd’hui, les réseaux criminels lourdement armés, ne se contentent plus du seul trafic de drogue. Pour mettre la main sur n’importe laquelle possibilité de profits, ils sont parvenus à se spécialiser dans l’occupation territoriale. Cela leur permet de prendre le contrôle de toutes les activités économiques légales ou illégales sur un territoire donné. Avec ce modèle, il est logique qu’ils se battent pour mettre la main sur les richesses naturelles les plus profitables et pour se positionner en regard du capital international qui est entré dans ces régions. En effet, les territoires les plus affectés par le crime et l’extrême violence, sont habituellement les plus riches en hydrocarbures et en ressources minérales. C’est le cas dans la vallée de Juarez et dans l’État frontalier de Tamaulipas.
Mmes Paley et Correa expliquent qu’à la lumière de ces facteurs on peut voir que la violence extrême qui sévit dans plusieurs régions du Mexique, bénéficie à une partie du capital international particulièrement celui de l’énergie, des hydrocarbures, des mines, de la sécurité privée, de la finance et du trafic d’armes. Les déplacements forcés (de populations), permettent l’occupation et l’achat de terres, mêmes les terres communes appelées éjidos. Ce système de propriété collective des terres au Mexique n’autorise pas la vente. Les achats se font donc à vil prix. Les acquéreurs évitent aussi les résistances locales envers les activités extractives. Selon le dernier rapport annuel de la Commission mexicaine pour les droits humains, une ONG indépendante, 329,917 personnes se seraient déplacées sur le territoire à la fin de 2017.
On ne peut pas dire s’il y a eu des efforts centralisés et planifiés pour utiliser la guerre contre les stupéfiants afin d’ouvrir des sections du pays aux entreprises minières, pétrolières et gazières internationales. La guerre à été trop chaotique avec trop d’acteurs.trices changeants.es pour tirer de conclusion. Il appert toutefois que la réorganisation néolibérale se passe en même temps que les paramilitaires augmentent et que la sophistication des « deux côtés » de la guerre à la drogue produit des effets dangereux.
Maintenant, des secteurs du capital international sont dépendants de l’État mexicain envahi par les narco trafficants.es et son habileté à déplacer, terroriser et imposer son monopole sur les territoires pour mener leurs programmes à bout. La collaboration des capitalistes avec les paramilitaires criminels existe dans l’univers de l’État corrompu où elle augmente sa sophistication et ses retranchements dans l’économie mexicaine.
Cela veut dire que pour confronter l’endémique violence mexicaine et transformer ses structures de sécurité, AMLO devra faire plus que de réformer les politiques sur la drogue. Il devra aussi s’attaquer au capital international.
La guerre aux drogues
En décembre 2016, Felipe Calderón a pris ses fonctions de Président du Mexique. Quelques jours plus tard il annonçait l’Opération conjointe Michoacán du nom de son État d’origine. Il s’agissait d’un effort concerté de l’armée, de l’infanterie navale mexicaine, et de la police fédérale pour s’attaquer au crime organisé et au trafic de drogue. Le Président avait peu de légitimité pour initier une telle opération et il avait besoin d’un ennemi intérieur. Il avait gagné la Présidence par la mince marge de 0,62% devant Andrès Manuel López Obrador qui criait à la fraude électorale. Selon beaucoup d’observateurs.trices ce fut l’événement fondateur de la « guerre à la drogue » mexicaine.
Avec cette politique de confrontation, F. Calderón voulait s’attaquer aux cartels de la drogue et rétablir la sécurité dans le pays. Au lieu de cela, le taux d’homicides a doublé durant ses 6 années à la Présidence. Des dizaines de milliers de soldats.es ont été déployés.es dans le pays pour prendre en main la sécurité. À part cette augmentation des troupes, il n’y a pas eut de différence stratégique entre les politiques de sécurité de M. Calderón et celles du Président sortant, Pena Nieto.
En 2007, George Bush et Felipe Calderón ont signé une entente cadre en vue de l’Initiative Mérida, du nom de la ville où ils se sont rencontrés. Inspirée du Plan Colombie signé en 2000 qui apportait de l’aide américaine pour lutter à la fois contre les trafiquants.es de drogue et les guérillas de gauche, l’Initiative Mérida apportait des millions de dollars américains pour la lutte contre les narcotrafiquants.es, les terroristes, pour la sécurité à la frontière, la sécurité publique et l’application de la loi avec des technologies et de la formation. Elle prévoyait aussi la construction d’édifices. En 2008 seulement, le Département d’État (américain) à versé 400 millions pour cette initiative.
Dans son livre, Drug War Capitalism, Mme Dawn Paley établit que cette collaboration entre le Mexique et les États-Unis pour la mise en place d’institutions sous le parapluie de l’Initiative Mérida et d’autres programmes soutenus par USAID a joué un rôle majeur dans la poussée néolibérale et des réformes structurelles en faveur des entreprises. Au cour de son mandat, le Président Enrique Pena Nieto a procédé à des réformes structurelles dont des modifications à la Constitution dans l’éducation, le système bancaire, judiciaire, dans l’énergie et le système fiscal.
Ces changements institutionnels sont allés de pair avec l’extrême violence dans certaines parties du pays loin de corridors traditionnels de la production et du trafic de drogues. Durant cette « guerre à la drogue » les militaires et d’autres forces fédérales qui exécutaient des tâches policières dans les milieux urbains autant que le contrôle des territoires ruraux ont été incapables d’arrêter la violence. La première stratégie consistait à se débarrasser des têtes dirigeantes des organisations criminelles. Elle n’a servi qu’à les multiplier et à leur faire diversifier leurs affaires dans d’autres activités encore plus illégales, à renforcer les conflits entre ces groupes et augmenter la violence contre la population. La répression militaire à déclenché des tactiques militaires et l’augmentation des armes de haut calibre à l’intérieur de ces organisations criminelles.
Mais Mme Paley souligne que pendant que les interventions militaires étaient incapables d’arrêter le crime, elles ont eut des effets collatéraux qui ont bénéficié au capital. Elle explique que la terreur et la violence à réduit la mobilité des ouvriers.ères que ce soit dans la vie de tous les jours dans les villes ou dans leur capacité à migrer. Elles ont aussi discipliné la force ouvrière, intimidé les défenseurs.euses des territoires et déplacé les capitaux depuis les petites et moyennes entreprises plus fragiles devant l’extorsion, vers les transnationales.
Dans plusieurs parties du pays, la présence militaire à fait grimper les homicides et les disparitions forcées. Les responsables gouvernementaux les ont souvent interprétés comme des effets indirects de la bataille pour éliminer le crime. Par exemple, on a pu solidement documenter que les militaires avaient une lourde présence dans un des secteurs les plus mortels du Mexique, la vallée Juarez, le corridor frontalier juste à l’est de la ville de Juarez, durant le mandat Calderón.
Dans cette vallée, on estime à 1,600 pour 1,000 habitants le nombre de meurtres en 2009. Il faut comparer ce nombre à celui de l’ensemble de la nation qui atteint un sommet de 25 homicides pour 1,000 habitants cette année. La violence a augmenté après que les militaires aient pénétré dans la région dans la foulée d’un conflit entre 2 groupes criminels. Ces soldats.es ont contrôlé toutes les routes d’accès à la vallée au moment où des nombres record de femmes, de militants.es des droits humains et d’autres civils.es étaient victimes de meurtre, de disparitions forcées et de déplacement forcés. Comme le rapporte la journaliste Melissa del Bosque, beaucoup de personnes dénoncent une collusion directe des militaires dans ces crimes.
En plus d’être un corridor pour le trafic de drogue, il appert que la vallée Juarez fait parti du bassin de la Chihuahua où on pense trouver une très grande quantité de gaz de schiste. L’idée circule que les militaires étaient d’abord là pour empêcher l’opposition à la fracturation plutôt que pour mettre fin au trafic de drogue.
Il n’y a aucune preuve de réduction du trafic de drogue vers les États-Unis ni d’aucun succès dans le combat contre les organisations criminelles. Au mieux, de nouveaux groupes se développent quand les anciens dépérissent. Le crime organisé, la sécurité policière et les cadres institutionnels importants pour le développement des capitaux sont tous devenus plus sophistiqués aux cours de la période.
Le crime organisé se transforme
Jusqu’en 1990, le trafic de drogue était relativement contrôlé par les élites politiques au Mexique. Elles décidaient qui pouvait opérer, dans quel territoire et s’appropriait une partie des revenus. Certains chercheurs estiment que le développement de la pluralité politique des ces dernières années qui a culminé avec l’élection de Vincente Fos en 2000, premier Président à ne pas faire parti du Parti révolutionnaire institutionnel après 71 ans, à brisé ces arrangements clandestins entre les cartels et l’État et en a établi de nouveaux dans les régions.
Cela a mené à une transformation du crime organisé visible sur le terrain. L’anthropologiste Naralia Mendoza a procédé à une enquête ethnographique dans sa ville à la frontière de l’État de Sonora en 2005 et en 2011. Elle a observé un énorme changement aux cours de ces années marquées par l’intensification de la guerre à la drogue et par la militarisation de la frontière avec les États-Unis.
Le trafic de drogue est passé d’une activité contrôlée localement, dans laquelle les gens s’engageaient sporadiquement, en une économie lourdement organisée en monopole et en une seule organisation par région. Ce processus tient avec au moins 3 changements majeurs : la privatisation des routes de trafic vers les États-Unis, la création d’une armée permanente au service du crime organisé et le contrôle absolu des passages organisés des migrants.es par ces organisations.
Mme Mendoza dans son livre Conversaciones en el desierto, nomme ce phénomène, la « cartellisation ». Même s’il a pris des allures et un tempo différents selon les particularités locales comme la proximité de la frontière américaine et les développements spécifiques du crime organisé dans chaque territoire, quelque chose de similaire se serait passé partout dans le pays.
Le développement des cartels Los Zetas par exemple, a été un moment déterminant même là où le trafic était sérieusement organisé et contrôlé. Cette aile paramilitaire du cartel du Golfe dans le nord-est du Mexique, a été créé à la fin des années quatre-vingt-dix. Il a rapidement grandi et acquis son indépendance en 2003. Il est celui qui a installé un modèle basé sur les territoires et les populations grâce à des tactiques militaires pour extraire des rentes d’une série d’activités illégales comme le trafic de drogues, le vol de pétrole, l’extorsion, le kidnapping, la vente de DVD et d’autres. Le groupe fondateur de Los Zetas était des membres déserteurs de l’élite militaire. Ce modèle a été à la source d’un environnement extrêmement violent qui a éliminé la liberté de parole et de mouvements dans la région.
Los Zetas dont la présence s’étend tout le long de la côte atlantique et au-delà, est devenu une organisation transnationale avec des liens profonds avec le monde politique et l’appareil policier, une entreprise diversifiée et une marque utile basée sur la terreur. Même si c’est le déclin qui le caractérise maintenant, d’autres groupes ont adopté ses manières de faire. Et comme le Mexique cherchait à imposer le nouvel ordre néolibéral à ses citoyens.nes, basé lui aussi sur la répression des travailleurs.euses, et sur le renforcement du capital minier international, ce modèle d’occupation et de terreur à été bien utile aux élites.
Les ressources et la para militarisation
Que les points les plus chauds de la guerre comme, Tamaulipas, la vallée de Juarez et l’État de Michoacán soient aussi ceux qui sont riches en hydrocarbures en ressources minérales, est notoire. Contrairement à l’idée reçue qui veut que « la guerre soit dommageable aux affaires », les investissements privés dans les projets miniers n’ont jamais cessé. Ceux du gouvernement dans les infrastructures et les enchères pour l’exploration et l’exploitation des champs de gaz de schiste et d’autres carburants fossiles n’ont jamais cessé non plus.
Dans son livre, Los Zetas Inc., Mme Correa décrit ce qui se passe au Mexique comme une guerre pour le contrôle de son territoire, particulièrement pour les régions riches en hydrocarbures ou celles où se trouvent des infrastructures cruciales comme les ports pour l’exportation. Elle écrit : « La domination de ces régions assurerait la domination presque totale de la chaine de l’offre énergétique du Mexique. Le crime organisé transnational mexicain comme les Zetas, les Chevaliers du temple, et le cartel Jalisco nouvelle génération, ont commencé à prendre le contrôle de ces zones. Mais en fin de compte, la violence qui en résulte et la réponse du gouvernement pourrait renforcer la participation et le contrôle de nouveaux acteurs : les entreprises multinationales de l’énergie ».
L’extrême violence dans l’État de Michoacán peut aussi s’expliquer par la présence d’infrastructures importantes et par les ressources minérales (qui s’y trouvent). En plus de la production des drogues synthétiques le crime organisé fait de bonnes affaires dans l’extraction du minerai de fer et son exportation vers l’Asie via l’un des ports les plus importants du Mexique à Lázaro Cádenas.
Les déplacements forcés des terres communales et des ejidos par le crime organisé, ont été rapportés à de multiples reprises dans les zones où les compagnies minières s’installent. Comme l’écrit Mme Paley, les déplacements de populations servent aussi à éliminer des oppositions potentielles aux projets miniers. En plus, les militaires qui contrôlent le territoire assurent que les investissements privés ne soient pas perturbés.
On observe la même chose dans le nord du Tamaulipas où se trouve le bassin du Burgos riche en gaz de schiste. 41% des terres communales et des ejidos (sont l’objet de déplacements de populations) comme le note Mme Correa dans son livre. Ces déplacements et le régime de terreur qui les accompagne aurait facilité l’achat et l’occupation de terres à Tamaulipas affaiblit la résistance à la fracturation et à l’occupation des terres par les compagnies privées.
Au même moment, le trafic de pétrole volé est de plus en plus florissant. Il coûterait 1 milliard de dollars de revenus par année à l’État mexicain. C’est Pemex, la pétrolière d’état mexicaine, qui est surtout touchée. Elle a déposé 3 poursuites entre 2010 et 2012 devant les tribunaux contre 23 compagnies américaines pour avoir acheté du pétrole volé par l’intermédiaire du crime organisé. Elle a perdu ces procès. Dommage pour la compagnie qui déclarait une perte de 17 milliards de dollars en 2017, mais probablement une bonne affaire pour le capital transnational privé qui augmente magistralement sa participation dans ce secteur économique.
Dans ce contexte il est inutile d’examiner la question de la violence au Mexique sous l’angle étroit de « la guerre à la drogue » qui se concentrerait sur le traditionnel trafic entre le nord et le sud avec ses routes bien établies. Avec l’arrivée du développement minier, des incitatifs bien plus puissants se sont fait jour pour modeler les activités du crime organisé. Pour certains États plus compétitifs et pour les élites corporatives, le maintient de l’actuel statut quo est déterminant pour la poursuite de leurs programmes politiques et économiques.
Vers une politique de la paix ?
Le nouveau gouvernement à posé des gestes promettant une restructuration du commandement militaire. Même si AMLO ne retire pas l’armée des tâches sécuritaires comme il l’avait promis durant sa campagne électorale, au moins la nouvelle administration va réorganiser ces rôles de police que joue l’armée. Les Marines et la police fédérale seront regroupés sous un commandement unique appelé Garde nationale. Cette nouvelle organisation, critiquée par beaucoup d’experts.es des questions de sécurité, devrait donner un cadre légal au rôle des militaires dans la sécurité domestique, ce dont la « guerre à la drogue » n’a pas bénéficié dans les années passées.
On s’attend aussi à des changements majeurs en matière de politiques sur la drogue. La ministre de l’intérieur désignée par le nouveau Président, Mme Olga Sánchez Cordero, a proposé une décriminalisation de la production de la marijuana, de sa distribution, de son utilisation et l’introduction de règles légales pour la production du pavot à des fins médicinales.
Beaucoup de pauvres fermiers.ères étaient forcés.es par des menaces violentes de cultiver ces plantes illicites à cause du manque d’alternatives profitables, spécialement depuis que l’ALÉNA a permis à des produits agricoles américains moins chers, d’entrer sur le marché mexicain. Ces ferniers.ères et les coupables non violents.es condamnés.es pour des offenses reliées à la drogue seront surement les plus grands gagnants.es de cette politique d’amnistie annoncée par AMLO avant les élections.
Cette proposition d’amnistie à suscité beaucoup de débats durant la campagne électorale et on en ignore encore beaucoup de détails. Mais pour AMLO il s’agit d’un « processus de paix et de réconciliation ». Elle devrait inclure des mécanismes transitoires de justice. Elle devrait faciliter les dialogues avec les victimes, les organisations de défense des droits humains et les dirigeants.es religieux.euses, sur la paix. Mais pas avec le commandement policier ou militaire.
Pour ce nouveau Président, le véritable défi sera de remettre en question le statut quo et il devra se confronter au secteur international de l’énergie. Avec ce que le gouvernement précédents a fait, ce sera difficile. En 2013, il a fait adopter une réforme majeure du secteur de l’énergie qui ouvre les champs pétrolifères mexicains aux enchères internationales. Le monopole de PEMEX dans ce secteur est donc battu en brèche.
Dans un premier temps, AMLO s’est opposé à cette réforme et à promis de la retirer. Mais depuis, il a fait marche arrière et déclaré que le nouveau gouvernement réviserait les contrats et révoquerait seulement ceux où il découvrirait des irrégularités en lien avec la corruption. Cette nouvelle loi durant le mandat de Pena Nieto, a permis la signature de plus d’une centaine de contrats d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures par des compagnies internationales et locales, par PEMEX et ses subsidiaires. Une nouvelle ronde d’enchères pour le gaz de schiste du bassin du Burgos est inscrite pour février (2019). On s’attend à des investissements d’environ 2,343 millions de dollars.
On doute que le nouveau gouvernement puisse séparer l’ouverture des terres à l’exploitation néolibérale et les liens des entreprises avec le crime organisé dont elles sont dépendantes grâce à son cadre d’« anti corruption ». Depuis le début de la restructuration néolibérale, des sections de l’appareil d’État et du capital se sont appuyé sur la dévolution de la violence à des paramilitaires pour ouvrir des régions du pays au développement et intimider la main d’œuvre. Briser ces relations obligera à affronter le pouvoir du capital international dans l’économie mexicaine.
La nouvelle approche sur les drogues et la sécurité est une bonne nouvelle. Mais, une réforme tous azimuts du secteur de l’énergie nous indiquera jusqu’à quel point le nouveau gouvernement est prêt à affronter le capital transnational et les élites locales. 12 ans de violence massive et de réformes néolibérales ont fait beaucoup de dommages. Mais certaines choses peuvent changer.
Un message, un commentaire ?