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Politique canadienne

Assassinats et répression entourant une mine canadienne – Une porte-parole, malgré le choc, est venue nous parler à Québec

18 mars 2013

« Choisir la vie au lieu de l’or »

Le jour avant les conférences à Québec, quatre personnes au Guatemala ont subi une attaque causant la mort d’une d’entre elles, une autre a été capturée et les deux autres ont survécu, mais avec des blessures par torture.

En tournée au Québec, la porte-parole du Conseil des Peuples K’iche (mayas au Guatemala) était sous le choc et attristée, tellement que son accompagnatrice, Marie-Dominique Langlois du Projet Accompagnement Québec-Guatemala (PAQG), a dû l’aider à donner la conférence à l’université Laval.

C’est que la compagnie canadienne GoldCorp maintient la Mine Marlin au Guatemala même si les consultations populaires ont permis aux peuples de la région d’exprimer leur refus de cette exploitation des ressources naturelles sur leur territoire. Cela peut surprendre, mais 75 % de l’industrie minière mondiale s’est subitement déclarée canadienne ces dernières années, comme par magie. Nous vous laissons imaginer les raisons et les avantages encourageant les entreprises minières à installer leur siège social au Canada et pourquoi le gouvernement canadien n’intervient jamais.
Lolita Chavez est venue demander aux gens du Québec et du Canada de les aider à défendre leurs droits face à des entreprises canadiennes et pour nous partager leur vision du monde, leur respect de la vie. Elle a donné deux conférences à Québec ce lundi 18 mars. Une à l’université Laval, en collaboration avec Avocats sans frontières de l’université Laval, et une autre le soir en basse-ville en collaboration avec le groupe communautaire le CAPMO. Elle fait une tournée québécoise et canadienne avec l’aide du PAQG.

« Je suis enseignante et, parce que j’ai consulté mon peuple, parce que mon peuple refuse la destruction de la Terre, on me dit terroriste. »
Dans les communautés autochtones habitant près de la mine canadienne de GoldCorp, mais aussi près du projet d’Hydro Santa Cruz (siège social en Espagne), des consultations populaires et autres actions non violentes ont eu lieu. L’armée a procédé à une répression violente de ces actions citoyennes. La police, quant à elle, a emprisonné arbitrairement, c’est-à-dire sans accusation ni procès, des organisateur-trices de ces consultations. Madame Lolita Chavez a subi 22 attaques violentes, dont certaines étaient de véritables tentatives d’assassinat. La commission interaméricaine des droits humains a convaincu le gouvernement du Guatemala de lui offrir un garde du corps.

« Les entreprises ne pouvant nous corrompre ou nous acheter, il leur reste la répression. » Les autorités tentent donc de faire emprisonner les personnes menant les consultations. Les peuples concernés ont alors collectivement déclaré que 15,000 personnes allaient se rendre à la police et ont proposé au gouvernement de construire de nouvelles prisons pour les accueillir.

L’enjeu serait le droit des peuples d’être consultés avant de subir des projets ou des lois qui les concernent, selon madame Chavez.

Choisir la vie au lieu de l’or

« Détruire la biodiversité et l’écologie, c’est s’attaquer à nous. Nous faisons partie de la Terre-Mère. Qui est le plus fou ? Empoisonner l’eau, et donc la vie, pour un profit à court terme est un choix insensé. Si on choisit l’or au lieu de la vie, n’est-ce pas ce choix qui est le plus fou ? »
Rappelons qu’une grande quantité d’eau et de cyanure est utilisée pour extraire l’or. Ces peuples résistent aussi au projet d’Hydro Santa Cruz.
« Les abus contre Terre-Mère, en particulier l’exploitation minière massive, ne sont pas un problème maya. C’est un problème du monde entier, de tous les êtres habitant sur cette planète Terre. Le Canada est toutefois particulièrement responsable considérant toutes ces entreprises canadiennes. »

« En regardant ces cas d’entreprises canadiennes, les Européens ne doivent pas oublier leurs propres entreprises qui abusent de la Terre. Il y a des projets hydroélectriques, surtout européens, des compagnies pétrolières, des monocultures, etc. »

Conclusion : il y a par contre la solidarité entre les peuples

Il y a du positif, car désormais son peuple aurait l’appui d’environ 66 % de la population du pays en général : celle-ci serait en défaveur des projets. La population totale du Guatemala est estimée à 13,8 millions.
« Vous êtes vraiment la bienvenue au Guatemala, comme visiteur-es ou touristes, mais non pas comme minière », de conclure amicalement madame Chavez.

Elle ajoute qu’en ce moment même, GoldCorp solliciterait des fonds du gouvernement du Canada pour faire des « projets sociaux ».
Notons que nous n’avons pas remarqué de médias de masse lors de cette conférence.

Dans un contexte d’impunité, un procès historique s’ouvre aujourd’hui

Mme Langlois a débuté la conférence par une mise en contexte, rappelant qu’environ 250,000 personnes ont été assassinées il n’y a pas si longtemps entre 1960 et 1996 (surtout entre 1981 et 1983). Le problème est que le règne du droit au Guatemala n’est toujours pas survenu, où c’est plutôt l’impunité qui règne, c’est-à-dire que 98 % des crimes restent impunis. Toutefois, une exception incroyable à la règle a débuté ce jour même : Ríos Montt, ex-général dictateur, sera jugé pour Crimes contre l’Humanité.* Le procès a été subitement déclenché plusieurs mois plus tôt que prévu pour déjouer des menaces de violence. D’ailleurs, l’autre porte-parole de la tournée a dû retourner au Guatemala pour contribuer à ce processus judiciaire.

Suggestions de l’auditoire (actions)

Voici quelques-unes des suggestions et idées de personnes dans l’auditoire après l’intervention de l’invitée.

Nos « fonds de pension » (caisses de retraite) et nos investissements sont intimement liés à ces compagnies et donc nous avons une responsabilité et un pouvoir à cet égard.

Vu le grand nombre de pays et de peuples qui subissent les abus de telles entreprises, en passant de l’Afrique au Québec, il devrait y avoir une concertation mondiale des personnes affectées pour, ensemble, appliquer des solutions mondiales.

Les organismes sociaux devraient dénoncer publiquement cette répression, dont l’attaque d’hier, et nous devons, comme citoyen-nes, chercher à en savoir plus sur ces situations issues de projets dits canadiens.

D’ailleurs, la Marche mondiale des femmes —des groupes à travers le monde— dénonce actuellement cette situation, incluant l’attaque d’hier.
Un porte-parole à Québec de Développement et Paix vous invite à écrire à votre député-e au niveau fédéral.

Rappelant que le gouvernement conservateur ne changera pas ses intérêts en faveur de ces compagnies, une personne nous invite plutôt à écrire directement à GoldCorp, et aux autres compagnies concernées, pour leur faire part de notre attention. Il est suggéré d’affirmer le principe suivant : quand une communauté locale, subissant directement l’exploitation de ressources naturelles sur son territoire, refuse un projet, il faut respecter son refus quoiqu’en pensent la mairie, les gouvernements et les entreprises. Ce principe ferait du chemin dans les esprits, même au sein du gouvernement du Québec.

La porte-parole du PAQG nous suggère de faire plus attention à notre propre consommation, celle-ci ayant une influence sur ces projets commerciaux.


Michaël Lessard, à titre de rapporteur pour le Média reseauforum.org
du Réseau du Forum social de Québec Chaudière-Appalaches


Blogue de la tournée au Québec et au Canada http://defenddissenttour.wordpress.com/
Page Facebook de cette tournée https://www.facebook.com/DefendDissentTour

* Ouverture d’un procès historique le 19 mars 2013 - Ríos Montt sera jugé pour crimes de génocide http://www.collectifguatemala.org/
Michael Lessard... - Publiée le 19 mars, 2013 - 01:06

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