Le ministre Hamad laisse entendre d’autre part que les nouveaux demandeurs devront accepter « tout emploi convenable » qui leur est proposé, même si cet emploi se trouve à plusieurs centaines de kilomètres de leur domicile. Encore une fois, le ministre Hamad en met plus que le client en demande ! S’il revient sur cette obligation pour la limiter par exemple à 50 km, est-ce que nous pousserons un grand soupir collectif et remercierons le ministre d’avoir agi avec plus de modération ? Loin de là !
Pour le Collectif pour un Québec sans pauvreté, quel que soit au final le montant de la pénalité financière ou la distance à parcourir, cela ne changera rien à l’affaire : les obligations attachées au Programme objectif emploi sont en soi inacceptables. Il est tout simplement impensable de couper les prestations des personnes assistées sociales, celles-ci étant déjà contraintes de survivre avec des revenus même pas suffisants pour couvrir leurs besoins de base.
Mais M. Hamad semble y tenir terriblement, à ces obligations.
Il y tient surtout pour montrer que le gouvernement agit en toute équité, obligeant même les personnes assistées sociales à faire leur part dans la lutte contre le déficit. Mais cela, il n’ose pas le dire. Ça pourrait mal passer aux yeux de ceux et celles qui ont mieux à faire que de casser du sucre sur le dos des plus pauvres. Comme il n’ose pas dire que la pénalité prévue est de 50 $ ou 60 $ par mois, et non de 300 $. Comme il n’ose pas non plus avouer qu’il serait complètement contre-productif de forcer quelqu’un à se déraciner de son milieu pour aller occuper un emploi précaire et mal payé à des centaines de kilomètres.
Depuis le dépôt du projet de loi 70, M. Hamad semble chercher à se dégager une marge de manœuvre. Pour quelle raison ? Pour pouvoir reculer sur les propositions les plus délirantes de son projet de loi, tout en montrant, du même coup, son « écoute » et sa capacité à s’adapter aux demandes de la société civile... Mais le Collectif ne sera pas dupe.
Ailleurs dans le monde, les programmes de workfare, dont s’inspire le projet de loi 70, ne fonctionnent pas. Ces programmes reposent non seulement sur des préjugés, mais, en plus, ils les alimentent. Les menaces découragent plus qu’elles motivent. Et la très grande pauvreté mène trop souvent à l’itinérance et à la désaffiliation.
À la veille du début des consultations publiques sur le troisième plan d’action gouvernemental en matière de lutte contre la pauvreté, le Collectif pour un Québec sans pauvreté demande au ministre Hamad de jouer franc jeu. Le Collectif n’acceptera pas l’appauvrissement des personnes assistées sociales. Il refusera même d’en débattre, tant la chose lui apparaît immorale. Que le ministre Hamad et ses collègues se le tiennent pour dit.