Jacques Benoit, GMob.
À quelques mois de la COP-26 à Glasgow, où les pays du monde doivent réviser leurs cibles de réduction de gaz à effet de serre (GES) pour les rendre vraiment ambitieuses et répondre à l’urgence du climat, ce n’est même pas un budget permettant d’atteindre les maigres cibles de réductions de GES prévues dans le Plan vert déposé en novembre dernier.
Pire : le jour du budget Girard, le Devoir nous apprenait que les ministères et les organismes de la province bafouent l’esprit de la Loi sur le développement durable. « 80 % des instances publiques n’ont pas pris d’engagements en matière de biodiversité, y compris une vingtaine d’organismes directement concernés », peut-on lire. Y a-t-il quelque chose dans ce budget qui annonce que le gouvernement va au moins corriger cette situation ?... Non. Ce n’est pas dans le développement durable que nous amène ce gouvernement, c’est vers le dérèglement durable de la biodiversité et du climat, avec tout ce qui va s’en suivre.
Depuis plus d’un an, la pandémie nous donne un bel exemple du genre de crises qui nous attend. Si on n’en mesure pas encore tous les impacts économiques, on en voit pourtant bien les répercussions sociales : l’augmentation du stress et de l’anxiété dans la population, l’aggravation des problèmes sociaux, de la violence conjugale, la croissance des écarts dans les inégalités sociales, etc., toutes des choses qui seront aussi au rendez-vous dans les crises qui vont arriver, mais pour lesquelles on n’aura pas de vaccin !
Les transformations que nous impose le réchauffement planétaire sont tellement fondamentales qu’elles doivent chapeauter toute l’action gouvernementale :
Affaires municipales et Habitation
Agriculture, Pêcheries et Alimentation
Conseil exécutif
Culture et Communications
Économie et Innovation
Éducation
Énergie et Ressources naturelles
Enseignement supérieur
Environnement et Lutte contre les changements climatiques
Famille
Finances
Forêts, Faune et Parcs
Immigration, Francisation et Intégration
Justice
Relations internationales et Francophonie
Santé et Services sociaux
Secrétariat du Conseil du trésor
Sécurité publique
Tourisme
Transports
Travail, Emploi et Solidarité sociale, économie, éducation, Santé, culture, emploi.
Très peu de ministères, dans cette liste, peuvent se vanter de ne pas avoir été affectés par la pandémie, mais aucun ne sera épargné par la catastrophe climatique. Des répercussions se feront sentir dans tous ces domaines, et plus encore. C’est pourquoi on ne peut continuer d’ignorer l’éléphant dans la pièce : ça prend un plan d’urgence climatique global, qui se traduit en chiffres dans un budget climatique.
Est-ce cela que vient de nous présenter le gouvernement ?
Ça avait pris 3 jours l’an dernier pour passer le budget du ministre à la déchiqueteuse. Il ne semble pas en avoir tiré les leçons. Il préfère sans doute attendre qu’une autre crise vienne faire dérailler les rêves économiques de son gouvernement, et il continue de jouer à la roulette russe en ajoutant une balle dans le barillet.
Nous sommes à un tournant de l’histoire du Québec, mais aussi de l’humanité : ou nous continuons à produire des GES comme nous l’avons fait précédemment, sans réellement nous en soucier, ou nous changeons de trajectoire.
Plastic Bertrand chantait, il y a 40 ans, de façon presque prémonitoire : « STOP ou ENCORE ! Je m’arrête ou j’continue ? Où j’en suis ? À la fin ou au début ? »
Avec le réchauffement climatique, il urge de comprendre qu’on en est au début de la fin.
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