Une secte mondiale, aux activités douteuses
Non mais dites-moi que je rêve ?!... Parle-t-on vraiment ici de cette pseudo-église aux activités plus que douteuses, dont l’une des salles vides contiendrait l’âme pépère et flottante du fondateur Ron Hubbard lui-même, et dont les citoyens-nes de St-Roch tolèrent le bien curieux voisinage (sur St-Joseph) depuis nombre d’années ? Parle-t-on de cette bâtisse pharaonesque de 6 M $, reconnue comme OSBL et exempte de taxes, dont les employé-e-s (nommés travailleur-euse-s religieux-ses) sous-payé-e-s et maltraité-e-s ont récemment fait l’objet d’une enquête de la Commission des Normes du Travail ? Parle-t-on de cette secte mondiale, accusée de fraudes et d’escroqueries en bande (en France et ailleurs), vilipendée par les Droits de la Personne de nombreux pays, et dont Québec a fermé l’un des centres de désintox (Narconon-2012), à Trois-Rivières, à cause de pratiques jugées non-conformes et dangereuses ?
Vraiment, soit le proprio du resto Wok n’Roll (sur Charest Est) était désemparé ou désespéré, pour poser pareil geste… Soit il était de mauvaise foi ou carrément mal informé !
Les multiples bienfaits d’un SIS
Car quoi : s’agissant de Montréal, Toronto, Vancouver, Ottawa et partout dans le monde, la preuve est faite que les SIS contribuent non seulement à diminuer la criminalité, mais aussi à garder les gens en santé, tout en réduisant considérablement les risques de propagation d’ITTS, VIH, VHC et Hépatite B. Qui plus est, comme l’ont répété des dizaines de participants-es aux deux soirées estivales de consultation menées par le CIUSSS (Capitale-Nationale), outre une nécessaire stabilisation, les utilisateurs-ices de drogues injectables (UDI) se verront aussi offrir de précieuses alternatives en matière de ressources et de thérapies. Bref, au lieu de réprimer, on informe et on donne de l’espoir !
Pour un, après avoir « erré » pendant plus de quarante ans comme ex-alcoolique actif, intervenant social ou journaliste dans tout ce que la Ville comptait de tavernes et de bouges, je peux sans conteste affirmer que ce sont des centaines et des centaines de morts d’itinérants-es, de prostitués-es et autres toxicomanes qu’on aurait pu éviter, si seulement ces gens-là avaient eu accès à un SIS, au lieu d’un pilier d’autoroute, une porte de garage ou un parking glauque.
St-Roch : ni aux promoteurs, ni aux bobos
Cela dit, je comprends monsieur Woo et d’autres pareils à lui d’être dérangés et d’avoir des craintes … Mais, comme le soulignait récemment Éric Courtemanche-Baril, président de la Société de Développement Commerciale (SDC), « … le "pas dans ma cour" ne tient plus comme argument. Il faut maintenant voir comment ce projet sera sécuritaire et bénéfique pour tous. » Et j’ajouterais qu’un SIS est tout ce qu’il y a de plus « normal » pour un quartier du centre-ville comme St-Roch, et aussi que cet ancien faubourg ouvrier n’a pas à être considéré comme un parc-réservoir à condos, voire comme un nouveau terrain de jeu culturel et commercial pour bobos alanguis, promoteurs voraces et autres jeunes loups venus s’y établir et trouvant « qu’il y a trop de pauvres et d’organismes communautaires, pour ce qu’il y a d’édifices en hauteur et de petits commerces branchés. » (GM Développement dixit).
On se garde une petite gêne, les amis !
S’ouvrir l’esprit, comme autrefois…
En terminant, je voudrais rappeler à monsieur Woo cette époque bénie du début des années soixante où, les tavernes étant fermées le dimanche, moi et ma bande allions boire de la grosse bière (accompagnée d’un vieux sandwich-maison rassis) dans ces merveilleux petits troquets de l’ancien quartier chinois (si bien évoqué par le grand Lepage dans sa Trilogie). Du Min-Sun au Woo’s House, en passant par le Canton, le Dragona et chez madame Tippitit, nous y étions toujours accueillis dans le respect, et ce, même si nous n’avions souvent que notre jeunesse turbulente et nos blagues douteuses à offrir en échange…
Je garde un souvenir impérissable de cette époque d’ouverture et d’enrichissement mutuel avec les familles Seto, Woo, Fang, Wong, Chan, Lee, Tom et autres qui vivaient et travaillaient en Basse-ville de Québec.
Puisse monsieur Woo (et sa fille) s’en inspirer allègrement pour leur Wok n’Roll, plutôt que d’agiter des épouvantails et des dragons pour un éventuel SIS.
Tout le monde en profitera.
Gilles Simard,
Journaliste, auteur et pair-aidant en santé mentale
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