Comment cela se passe dans Montréal-Nord ?
On travaille comme des dingues, avec une petite équipe extrêmement motivée, composée du coin, enracinés dans le coin et impliquées dans les différentes communautés. Tout le monde est bénévole. Plusieurs font cela en plus de leurs emplois ou leurs études. Moi-même je suis en pause non payée de mes études. En tout cas, l’écoute est très bonne, mais, avouons-le, nous sommes dans un château fort du PLQ !
Quelle est la différence entre la campagne actuelle et ce qui s’est passé avant à Montréal-Nord ?
En 2012, QS a frappé fort avec la candidature de Will Prosper, un gars bien connu dans le coin. La glace a été brisée. Malheureusement en 2014, on n’a pas pu maintenir le momentum. Bon maintenant, on est mieux enracinés. La candidate vient d’ici. Plusieurs des partisans de QS sont connus, impliqués dans de nombreux projets à travers le quartier. Quand on parle de la lutte contre la pauvreté, les gens connectent bien.
Quelles sont les priorités de votre programme ?
La lutte pour le $15 de l’heure est la première chose, dans un quartier où une très grande partie des gens font le salaire minimum. Pour le reste, on met l’emphase sur des enjeux qui touchent vraiment la population : l’assurance-dentaire universelle et le transport en commun.
Et la question de l’immigration dans tout cela ?
À Montréal-Nord, beaucoup de gens sont presque tannés d’entendre ce mot. Plus de la moitié des habitants du quartier sont de deuxième génération, ils sont nés ici ou ils sont arrivés quand ils étaient très jeunes, comme moi ! En fin de compte, on sent une aspiration populaire à vouloir être davantage des citoyens, et un peu moins des « immigrants ». Certes, on reste sensibles, évidemment, aux problèmes de racisme et de discrimination. On veut s’en sortir parce que l’impact de tout cela, c’est la pauvreté, que les gens voient de plus en plus comme un problème systémique, pas comme une malédiction.
N’empêche que la question de l’immigration est dans l’air…
La CAQ, paradoxalement, essaie de center le débat sur cela, notamment avec les Haïtiens. Pour le candidat de la CA, c’est une « petite contradiction », alors que le message de François Legault, pour dire simple, est qu’il y a « trop d’immigrants ». C’est comme tout le reste avec ce parti de droite bric-à-brac, qui dit n’importe quoi. Le PLQ est bien accoté sur des leaders auto-proclamés des communautés, qui animent des réseaux franchement clientélistes et ils disent, comme leur chef Couillard, qu’ils « aiment » les immigrants ! Le PLQ par ailleurs est bien enraciné avec toutes sortes de groupes caritatifs, qui se contentent de gérer des projets décidés par le gouvernement. Reste le PQ, encore mal remis du fiasco de la « charte des valeurs », et qui est pratiquement absent de la bataille électorale actuelle.
QS réussit donc à se démarquer ?
On est un parti de gauche, et donc la job, c’est simple, c’est de travailler avec les couches populaires sur leurs problèmes de survie, de mauvaises conditions de travail, de discrimination. Sur la question de la souveraineté, notre message commence à passer, à l’effet que cela n’a rien à voir avec l’identitarisme. Un Québec indépendant sera pour tous ses citoyens et citoyennes, point à la ligne.
Quels sont les signes encourageants que vous constatez…
L’accueil n’est plus le même. QS n’apparaît plus comme une bande de Martiens débarqués du Plateau Mont-Royal, mais comme un regroupement de gens de la base, qui veulent changer les choses. Jusqu’à récemment, comme on l’a dit, la circonscription était libérale mur-à-mure (provincial, fédéral, municipal). Récemment, la conseillère municipale qui avait élue avec l’équipe Coderre, Renée Chantale Bélinga, a démissionné avec fracas du parti de l’ex-maire. Elle dit qu’elle est tannée que les élus ne s’occupent pas des gens. C’est une brèche dans un dispositif qui est très puissant depuis plusieurs années.
Est-ce que QS au niveau national fait assez pour s’enraciner et sortir du confort relatif de la « ligne orange » ?
Les choses ne sont plus comme avant. QS a une équipe beaucoup plus diversifiée. Amir, Gabriel, Manon sont devenues des personnalités connues ici à Montréal-Nord, ils n’ont pas peur de sortir des clichés et cela se fait, contrairement à la tradition du PLQ, sans communautarisme plus ou moins déguisé, sans jouer sur les peurs. Ce que je vois dans mon quartier, c’est la misère. Ce que QS peut faire, c’est de combattre cette misère et ceux qui en profitent.
Qu’est-ce qui vous rendrait contente le soir du 1er octobre ?
Avoir rejoint, et même dépassé le score de Will en 2012. Autrement, nous allons continuer, avec notre noyau de jeunes multicolores, qui sont d’ici, qui travaillent ici et qui espèrent se construire une meilleure vie ici. Nous sommes là pour rester.
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