Andrés, c’est ta troisième campagne, Qu’est-ce qui se passe cette année ?
C‘est une course à 2, la CAQ et le PQ sont loin derrière. Je suis un peu en avance, mais cela va rester très chaud jusqu’à la fin. Dans Parc Ex, le PLQ est bien assis sur la communauté grecque. Les Indo-Pakistanais qui sont également nombreux sont moins convaincus, mais ils restent majoritairement à distance. Dans l’est à Villeray (deux tiers des votants du comté), c’est notre territoire et on compte à peu près 60 % des électeurs qui sont avec QS. Cependant, il subsiste encore un bon groupe de personnes qui continuent de s’identifier au PLQ. On ne prend rien pour acquis.
Comment on fait pour se construire une base dans l’ouest ?
Cette année et c’est nouveau, on a un bon petit groupe de jeunes d’origine indo-pakistanaise, Ayant des racines dans la gauche de ces pays, ils sont actifs dans les groupes communautaires et ils se reconnaissent dans QS. Quand ils s’adressent aux gens de Parc Ex, cela a du poids. Évidemment, leurs priorités sont les questions économiques (le 15 $ de l’heure, la gratuité scolaire) et environnementales.
Comment expliquer la débâcle du PQ ?
Cela avait été déjà évident en 2014 lorsque le candidat péquiste, Pierre Céré, avait fini bon troisième. Il y a un alignement des astres contre le PQ dans ce coin de Montréal, les errements de l’identitarisme étant parmi les facteurs importants. Plusieurs anciens électeurs du PQ viennent de notre côté. Et c’est presque drôle, parce qu’ici, l’argument du vote « utile » ou « stratégique » joue en notre faveur, le PQ étant déclassé ! Voter QS, c’est la meilleure chance de bloquer le retour du PLQ !
Quel est le principal avantage de QS ?
On passe pour gens qui savent ce qu’ils veulent, qui ont des principes, qui ne vont pas dire n’importe quoi. Sur les questions de l’environnement, c’est très clair. Le PQ qui essaie de se rattraper n’a pas beaucoup de crédibilité, pour les électeurs politisés, ayant gouverné pendant plusieurs années avec peu de volonté et d’impact sur ce dossier.
Et l’immigration ?
Étonnamment, dans ce quartier où on compte beaucoup d’immigrants (y compris dans Villeray en passant), ce n’est pas une grande préoccupation lorsqu’on écoute les gens. On dirait que c’est un débat qui ne vient pas les chercher. Peut-être que l’explication la plus évidente est qu’ici, on vit ensemble et franchement, il n’y a pas de friction.
Le PLQ a une grosse machine, QS aussi…
On n’a jamais été organisés comme aujourd’hui, avec une équipe à temps plein de 8 personnes, dont moi, et plus de 300 militant-es. On couvre tout le quartier. Ça roule à plein. Il faut dire qu’il y a deux facteurs secondaires mais importants qui nuisent au PLQ. Il y a une jeune candidate du NPD, Apostolia Petropoulos. C’est une travailleuse sociale dans le quartier qui se définit comme progressiste et fédéraliste, assez connue dans Parc Ex, et qui pourrait chercher quelques votes qui autrement iraient à l’autre parti fédéraliste. De l’autre côté du spectre, il y a un candidat d’origine indo-pakistanaise, Mohammad Yousuf, qui se présente pour le Parti conservateur. C’est un gars du coin, et donc, cela aussi pourrait arracher quelques votes au PLQ.
Quels sont les maillons faibles de la campagne de QS ?
Franchement, au niveau local, c’est difficile d’imaginer ce qu’on aurait pu faire de plus. Je suis connu, on a une équipe solide, le discours est cohérent, l’accueil est bon et en fin de compte, si on regarde les dernières années, QS a connu une croissance impressionnante. Ce qui peut nous rattraper donc est la campagne nationale, où, en d’autres mots, si QS est capable d’apparaître comme une réelle alternative. Depuis le début de la campagne, on se tient bien, malgré les tentatives assez systématiques de certains médias de nous discréditer. Je pense qu’on devrait maintenir le rythme de croisière pour les semaines qui nous restent.
Est-ce que l’impensable devient pensable ?
C’est difficile de penser qu’on puisse régresser, à l’échelle nationale ayant passé le cap du 12-14 % et peut-être un peu plus. L’engouement est là, surtout du côté des moins de 30 ans. Il faut se souvenir de l’élection fédérale de 2011. Rétroactivement, donc bien après l’élection, des analystes ont dit qu’il y avait eu des signaux indiquant le désir de changement. N’empêche que personne ne prévoyait la percée du NPD à peine deux semaines avant l’élection. Je ne dis pas que la situation actuelle est semblable. Je dis qu’il y a une montée du QS qui pourrait peut-être aller assez loin.
Qu’est-ce qui se passe pour toi le 2 octobre ?
Je n’ai pas de plan B. Il y a un seul plan et c’est de gagner.
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