« Alors que le Québec vit une série sans précédent de féminicides et une épidémie d’infractions d’ordre sexuel, nous sommes consternés par l’insouciance avec laquelle l’employeur aborde ces sujets alarmants. Pourtant, le gouvernement du Québec mène une campagne de sensibilisation inédite pour convaincre les personnes impliquées de demander de l’aide. Ce refus de considérer l’ajout de congés spécifiques est honteux et inadmissible », tonne Line Lamarre, présidente du SPGQ.
Le SPGQ ne décolère pas, d’autant que l’employeur proscrit habituellement l’utilisation de jours de maladie à d’autres fins. Pourtant, lors d’une rencontre de négociation tenue le 13 avril, les représentants du SCT ont fait valoir au syndicat une position diamétralement opposée qui se résume ainsi : si une personne est victime de violences conjugales et familiales, qu’elle tente de s’enfuir pour protéger sa vie et celles de ses enfants, elle peut se prévaloir de congés de maladie. Le SPGQ est stupéfié par ce double discours répugnant qui traite avec beaucoup trop de légèreté les victimes de ces fléaux destructeurs.
« Lors d’une rencontre le 31 mars avec la présidente du Conseil du trésor, celle-ci nous a spécifiquement enjoint à prioriser nos demandes. Ce faisant, nous avons réclamé que l’employeur reconnaisse que le personnel de l’État compose parfois avec des situations de violence ou de mauvais traitements dans sa vie personnelle, qui peuvent affecter sa présence ou son rendement au travail. En conséquence, nous avons donné priorité à l’ajout de 10 jours de congé sans perte de traitement pour se présenter à des rendez-vous médicaux, des procédures judiciaires ou toute autre activité nécessaire aux victimes de violences conjugales et familiales. Vraisemblablement, les représentants de Mme LeBel n’ont pas compris le message ni la signification de ce qu’est une priorité », s’offusque Mme Lamarre.
Cette situation soulève autant d’incompréhension que de colère, car le projet de loi n° 59 visant à moderniser le régime de santé et de sécurité du travail prévoit d’obliger l’employeur à prendre les mesures nécessaires pour assurer la protection d’une travailleuse ou d’un travailleur exposé sur les lieux de travail à une situation de violence physique ou psychologique, incluant la violence conjugale ou familiale. En contexte pandémique et de télétravail obligatoire, le SPGQ trouve ahurissant un employeur qui estime que d’assurer la sécurité d’une employée ou d’un employé victime de violence conjugale ne relève pas de sa responsabilité et ne semble rien proposer pour y faire face, malgré les velléités d’un projet de loi censé s’y consacrer.
« Force est d’admettre que les belles paroles du premier ministre et de la vice-première ministre n’étaient que de la poudre aux yeux. S’émouvoir devant les caméras des violences conjugales et familiales, mais refuser d’instaurer des mesures concrètes comme celle du gouvernement fédéral qui octroie 10 jours par an à ses employés victimes de violence est parfaitement infâme, cynique et indigne d’un gouvernement du XXIe siècle », conclut la présidente du SPGQ.
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