Faut-il toujours attendre qu’il y ait des victimes et des vies brisées pour que le gouvernement se décide à agir ? Ça fait trois ans que les groupes de femmes, les citoyennes et les citoyens attendent cette annonce. L’Intersyndicale des femmes, dont la FIQ est membre, le rappelait d’ailleurs au gouvernement en mars 2015, lors des consultations sur le Plan d’action gouvernemental 2008-2013 en matière d’agression sexuelle. Cela sans compter la campagne #AgressionNonDénoncée qui a fait tant de bruit et qui a provoqué une déferlante de témoignages de femmes victimes sur le Web en 2014. Le gouvernement aurait dû se réveiller plus tôt devant tant de voix qui s’élevaient.
Si seulement, la politique mise de l’avant constituait un réel progres. Lorsqu’on y regarde de plus près, force est de constater qu’il n’y a pas grand-chose de nouveau. L’accent est mis presque entièrement sur le processus judiciaire bien souvent long et vécu comme un second traumatisme par les victimes. Sachant que seulement 5 % des victimes portent plainte et que 95 % demeurent muettes, on peut se demander si le gouvernement souhaite réellement soutenir ces femmes. Par ailleurs, sur les 200 millions de dollars évoqués dans la politique, seulement 26 millions sont des nouveaux crédits. Les autres 174 millions concernent les programmes qui sont déjà en place dans les différents ministères, mais dont les montants n’avaient pas encore été versés aux organismes qui viennent en aide aux femmes victimes d’agressions sexuelles.
Le document rendu public par le gouvernement pour présenter sa politique regorge pourtant de chiffres qui reflètent sans équivoque les faits. À leur lecture, on ne peut plus nier que la violence sexuelle n’est pas seulement un problème individuel, mais un véritable problème de société. Les victimes parlent, les chiffres parlent… mais le gouvernement ne semble écouter ni les unes ni les autres !