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Venezuela : Maduro gagne la présidentielle, Capriles refuse la défaite

Le candidat chaviste Nicolas Maduro a emporté l’élection présidentielle organisée dimanche 14 avril au Venezuela. Le Conseil national électoral (CNE) a proclamé sa victoire avec 50,6 % des suffrages, une courte avance sur son opposant Henrique Capriles, qui a refusé de reconnaître le résultat « tant que tous les bulletins n’auront pas été recomptés ».

15 avril 2013 | Par La rédaction d’infoLibre | mediapart.fr

Le CNE a annoncé ce résultat portant sur 99 % des bulletins dépouillés à 23 h 30, heure locale (6 heures à Paris lundi). Maduro a obtenu 7 505 338 voix (50,66 %) et Capriles 7 270 403 (49,07 %). Soit une différence de 234 935 voix que la porte-parole de l’organe de contrôle des élections a qualifiée d’« irréversible ». Le taux de participation a atteint 78,7 %, un chiffre élevé proche de celui enregistré à la présidentielle d’octobre 2012 emportée par Hugo Chávez, décédé le 5 mars.

Quelques minutes après la proclamation de sa victoire, Maduro a prononcé un discours depuis le balcon du palais présidentiel de Miraflores. Après avoir évoqué un « triomphe électoral juste, légal et constitutionnel », le Président par intérim tout juste élu a affirmé que ces résultats signifient que Chávez reste « invaincu ». « C’est la première fois que le géant n’est pas candidat, mais il a laissé son fils et son fils va être président pour construire la patrie », a-t-il déclaré, selon Europa Press. Maduro a confié qu’il avait eu un entretien avec Capriles et que ce dernier lui avait proposé un audit des résultats. Le candidat élu a demandé à son opposant de reconnaître sa défaite et de ne pas imposer des semaines de tension au pays. Il a aussi reconnu avoir donné ordre à l’armée de maintenir « la paix ».

De fait, Vicente Díaz, l’un des cinq membres du CNE par ailleurs lié à la candidature de Capriles, a demandé un audit sur la totalité des bulletins de vote.

Comptes piratés

La journée électorale s’est déroulée normalement mais la tension est montée à la fermeture des bureaux de vote. Tout d’abord, des hackers ont pris le contrôle des comptes Twitter de Nicolas Maduro et du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV). Ils ont annoncé leur action sur le compte @LulzSecPeru en ces termes : « C’est un plaisir d’annoncer que nous avons pris le contrôle du système informatique d’un pays. »

Quelques minutes plus tard, le réseau Internet est tombé dans tout le pays, selon des sources de l’opposition. Le vice-président Jorge Arreaza a reconnu que des hackers avaient tenté de s’introduire dans le site du CNE, chargé du recomptage.

Bien que les affiches de Nicolas Maduro comme d’Henrique Capriles appelaient à respecter le résultat de l’élection, la tension est encore montée quand le candidat de l’opposition a accusé le camp officiel d’essayer de manipuler les résultats. « Nous prévenons le pays et le monde d’une intention manifeste de vouloir changer le souhait exprimé par le peuple », a dénoncé Capriles.

43 personnes arrêtées

La journée électorale s’est déroulée normalement, selon la présidente du CNE, Tibisay Lucena : « La nouveauté dans ce processus électoral est qu’il n’y a pratiquement pas eu de nouveauté. » Tous les bureaux de vote avaient pu être installés sans incidents. L’organe de contrôle avait lancé un appel à participer, à se rendre aux urnes « dans la paix, la tranquillité et la confiance », promettant que tous les suffrages seraient « strictement comptés ».

Les incidents isolés qui se sont produits dans plusieurs régions du pays ont entraîné l’arrestation de 43 personnes, selon les chiffres fournis par le gouvernement.

« Avalanche » est le terme employé par Capriles après avoir déposé son bulletin dans l’urne d’un bureau de vote d’un quartier privilégié de Caracas, accompagné de plusieurs membres de sa famille. Le candidat a voté au milieu des cris d’opposants comme de partisans, qui répétaient « Capriles président ! ». Le candidat de la Table de l’unité démocratique (MUD) a mentionné l’existence d’« entraves et d’abus » constatés au cours du processus électoral.

Maduro a voté une demi-heure plus tard. « Nous sommes en train de battre des records de participation », a assuré le candidat du Parti socialiste à la porte de son bureau de vote, où il est arrivé au volant de sa voiture accompagné de sa femme, l’ex-procureure générale Cilia Flores, de ses enfants et du président de l’Assemblée Diosdado Cabello. Le candidat Président par intérim a dit qu’il ne prétendait pas « jeter la pierre » à l’organisme dirigé par Lucena, lançant une pique à Capriles : « Nous, nous ne sommes pas venus attaquer le CNE, nous, nous ne sommes pas déloyaux. Nous, nous sommes au-dessus de tout cela. » Et Maduro a de nouveau fait référence au président Chávez décédé le 5 mars : « J’ai fait ma vie autour du rêve d’un homme, d’un géant. Aujourd’hui, je me suis levé avec lui, avec son chant, avec ses mots. »

Henrique Capriles a démenti avoir proposé un « pacte » à Maduro, comme celui-ci l’avait indiqué dans son premier discours de Président élu. « Moi, je ne fais de pacte ni avec le mensonge ni avec la corruption. Je ne fais pas de pacte avec ceux que je juge illégitimes », a-t-il précisé. Capriles s’est engagé à « lutter » pour que « la vérité » soit faite. « Je vais défendre le peuple vénézuélien, qu’il soit d’un côté ou de l’autre », a-t-il souligné, reconnaissant que le pays « est divisé en deux ».

Rédaction d’infoLibre

Traduction et adaptation : Laurence Rizet

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