En juin, on a décrété l’interdiction pour 100 ans des défilés pour les droits des homosexuels à Moscou. L’adoption d’enfants par des couples LGBTI russes a été rendue illégale, de même que la « la propagande en faveur de relations sexuelles non traditionnelles en direction des mineurs » - qui vise essentiellement à réprimer ceux qui expriment un quelconque soutien pour les droits des LGBTI et à identifier ces droits à de la maltraitance d’enfants.
Cette discrimination encourage et est renforcée par la répression dans les rues, souvent réalisée par des groupes fascistes organisés. Les clubs LGBTI sont régulièrement attaqués et saccagés. Les manifestants qui tentent de contester ce fanatisme et ces lois draconiennes sont souvent brutalement attaqués par les fascistes, par la police ou par les deux simultanément.
Plusieurs cas de meurtres, de tortures ou d’enlèvements de LGBTI sont signalés chaque mois et sont organisés par des groupes néo-nazis tels « Occupy pédophilie », qui utilise les réseaux sociaux en ligne pour tromper et attirer des adolescents LGBTI à des réunions où ils sont torturé et tués, des vidéos de ces crimes sont ensuite téléchargées sur YouTube. La situation est extrêmement sombre.
Il est clair que cette répression homophobe est encouragée depuis le sommet et qu’elle s’aggrave au fil du temps. La stratégie à long terme de la classe dirigeante russe, poursuivie depuis l’effondrement de l’URSS et surtout depuis que le président Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir, a été à de stimuler un nationalisme russe intense.
A la suite de l’effondrement économique et de la montée de la pauvreté dans les années 1990, le nationalisme a été utilisé afin de neutraliser les explosions sociales qui pouvaient dresser les travailleurs contre le gouvernement ou le secteur privé. Cette exacerbation du nationalisme se produit sur deux fronts en particulier : la glorification de l’impérialisme et de l’histoire russe et un énorme renouveau du christianisme orthodoxe.
Ce nationalisme religieux invoque des valeurs extrêmement conservatrices, en particulier en ce qui concerne les femmes et les droits des LGBTI. Le sommet de l’Eglise orthodoxe russe est un allié clé de l’Etat dans la propagation des mesures sexistes et homophobes à travers tout le pays. Son chef actuel, le patriarche Kirill, est particulièrement virulent sur ce terrain. Ce personnage a longtemps été un agent présumé du KGB et a amassé une fortune de plus d’un milliard de dollars grâce à la possibilité pour l’Eglise russe d’importer et de vendre des cigarettes hors taxes.
Il y a également une raison plus immédiate qui explique l’intensification de la répression et qui est liée aux protestations de l’année dernière contre la corruption dans le régime de Poutine. Le gouvernement avait peur d’une escalade et d’une « Tahrir russe ». Lorsque les protestations se sont calmées, les attaques et les représailles du gouvernement se sont déchaînées. Plusieurs dizaines de militants de premier plan ont été arrêtés et menacés par des dizaines d’années de prison. Certains ont fui ou ont tenté de demander l’asile politique dans d’autres pays.
A côté des lois homophobes, beaucoup d’autres lois restreignant la liberté d’expression et de réunion ont été ou sont en passe d’être adoptées. Le gouvernement fait de son mieux pour fragmenter et isoler toute opposition émergente possible à sa domination en se servant de boucs émissaires, ce qui a toujours été un instrument favori des tsars russes, anciens et nouveaux.
Une autre cible de la répression, moins rapportée dans les médias occidentaux, sont les immigrés. Les sans-papiers sont raflés par la police et internés dans des « camps de la sécurité », où ils vivent dans des conditions abominables jusqu’à leur expulsion. Il y a actuellement 83 de ces camps en Russie et les autorités promettent d’intensifier la répression de manière significative, dans un climat raciste étouffant.
Cependant, malgré tous les efforts du gouvernement, les protestations n’ont pas complètement disparu. Il y a des mobilisations continues autour de l’enseignement, de l’environnement, des droits des migrants et des droits LGBTI. Des petites grèves impliquant des travailleurs de l’automobile, des médecins et des concierges ont également eu lieu récemment.
Les Jeux olympiques d’hiver en Russie pourraient permettre d’attirer davantage l’attention sur la répression exercée par le régime de Poutine. Nous devons apporter toute la solidarité possible à tous ceux qui, dans la communauté LGBTI russe, se dressent et se battent pour leurs droits.
Traduction française pour Avanti4.be : G. Cluseret