Se réclamer de l’Holocauste pour dire
que Dieu est avec nous en toutes
circonstances est aussi odieux que le
« Gott mit uns » qui figurait sur
le ceinturon des bourreaux.
• Emmanuel Levinas
La radicalisation droitière en Israël
Ce qui est particulièrement inquiétant en marge du massacre délibéré de toute une population civile à Gaza, c’est la droitisation que cela révèle chez la population juive israélienne. Dans un blog publié sur le site de l’Agence media Palestine, Jonathan Ofir faisait état d’une enquête publiée par l’Institut israélien de la démocratie montrant que 68% des Juifs israéliens s’opposaient au transfert de l’aide humanitaire à la population de Gaza. Dans ces circonstances il ne faut pas s’étonner du fait que des manifestants israéliens bloquent le passage des convois humanitaires près de Rafah et soient loin d’être réprimés pour ces gestes. Il en concluait que les « Israéliens ne semblent même plus se soucier de maintenir un semblant de libéralisme – ils sont passés en mode génocide ».
Cela se fait aussi lourdement sentir dans les territoires palestiniens occupés de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Ainsi, selon des données recueillies par des organismes de défense des droits humains, 422 personnes palestiniennes (108 mineurs) ont été tuées depuis le 7 octobre, 4690 blessées (724 mineurs), 7725 arrêtées. Les démolitions de maison se poursuivent, les raids de l’armée israélienne ont doublé depuis le 7 octobre et on a recensé 660 attaques de colons israéliens contre les Palestinien.nes. Il y a plus de 9000 Palestinien.nes détenues dans les prisons israéliennes, dont plusieurs en détention administrative (i.e. sans accusation précise et, a fortiori, sans procès). De plus Israël s’est approprié 8 000 dunums de terres palestiniennes dans la vallée du Jourdain, terres sur lesquelles le ministre des finances, Smotrich, se propose de construire de nouvelles colonies
Pendant ce temps à Gaza, le décompte macabre s’accélère. Si l’armée israélienne n’a pas encore lancée sa grande offensive contre Rafah, elle n’en poursuit pas moins ses opérations tant à Rafah que dans le reste de Gaza : ce sont encore des bâtiments civils et des hôpitaux qui sont principalement pris pour cible. Ceci sans compter la famine et les maladies liées à l’absence d’eau potable et de soins médicaux qui risquent d’accélérer le processus, de même que les morts de nourrissons et de jeunes enfants. Ainsi Gaza est passé du statut de prison à ciel ouvert à celui encore moins enviable de camp d’extermination.
Une fois de plus, Israël ignore la volonté de la communauté internationale et feint de croire que les décisions du conseil de sécurité ou celles de la Cour internationale de justice ne sont que des recommandations alors qu’elles constituent des obligations. Même si les États-Unis semblent avoir momentanément renoncé à utiliser leur droit de veto au conseil de sécurité de l’ONU, ils n’en continuent pas moins d’alimenter la machine de guerre israélienne.
Renforcer la solidarité internationale
L’expérience nous a montré que la plupart des États occidentaux continuent de soutenir, d’une façon ou d’une autre, Israël. Ce n’est que la solidarité des peuples qui peut parvenir à faire changer la donne pour la population palestinienne.
Le 23 mars, une coalition de plus de 200 organisations québécoises organisait une marche de solidarité avec le peuple palestinien. Il est à souhaiter que ce genre de coalition continue à agir ensemble pour montrer notre détermination à empêcher que le Québec et le Canada ne se fassent les complices d’un État génocidaire et maintenir une pression qui a permis que le gouvernement canadien appelle (tardivement) au cessez-le-feu à Gaza, recommence à financer l’UNRWA et révise sa politique de vente d’armes à Israël. Il semble que nous devons également redoubler d’effort par rapport au gouvernement québécois qui, non seulement a décidé d’ouvrir un bureau du Québec à Tel Aviv mais y a, après avoir longtemps menti à ce sujet, envoyé son responsable. Nous devons faire en sorte que ce bureau ferme définitivement.
Nous devons également redoubler d’efforts pour que l’aide humanitaire se rende effectivement à Gaza et qu’Israël se conforme aux décisions de la Cour internationale de justice qui a encore réitéré et notifié à Israël sa décision du 26 janvier dernier. Le parachutage de quelques denrées ou même la construction d’une jetée à Gaza ne sont que de la poudre aux yeux qui non seulement ne permet pas de nourrir adéquatement 2 millions de personnes, mais peut également s’avérer dangereuse puisque les soldats de l’armée israélienne n’hésitent pas à ouvrir le feu sur ceux et celles qui se précipitent sur les denrées.
Il importe également de remettre à l’ordre du jour le droit à l’autodétermination pour le peuple palestinien. À cet égard, il est urgent d’intensifier un peu partout à travers la planète la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) à l’encontre de l’Israël et de sa politique d’apartheid et de colonisation par rapport au peuple palestinien. Car il n’y saurait y avoir de paix et de justice si le peuple palestinien ne peut exercer son droit à l’autodétermination.
Diane Lamoureux
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