Face aux revendications unies des fédérations étudiantes, de tous les partis d’opposition et de nombreux acteurs jeunesse pour qu’un échéancier soit adopté dès que possible pour rémunérer les stagiaires, la ministre de l’Enseignement supérieur, Mme Pascale Déry, a passé les derniers mois à implorer le mouvement de prendre son mal en patience car, disait-elle, « on y travaille ». Avec aucuns investissements pour les stages dans le budget du Québec 2024-2025, le mouvement étudiant a déploré un rendez-vous manqué, et il est d’autant plus décevant de constater que la ministre ajoute l’insulte à l’injure en reniant maintenant à nouveau cet engagement.
Sur le terrain, les conséquences d’une telle promesse brisée sont multiples. En abandonnant les stagiaires au milieu d’une crise du coût de la vie, on place plusieurs devant le difficile dilemme entre s’endetter pour poursuivre ses études et abandonner son parcours, au détriment de leur réussite et de toute la société québécoise. Alors que des stagiaires doivent composer avec des stages pouvant aller jusqu’à 40 heures par semaine, des cours et un emploi pour subvenir à leurs besoins, leur précarité financière est présentement exacerbée. Le gouvernement prétend placer l’éducation et la santé dans ses priorités, mais il refuse de rémunérer les stages dans ces domaines-clés, alimentant la pénurie de main d’œuvre qui y sévit. Enfin, les femmes étant surreprésentées au sein des domaines non-rémunérés, on laisse se perpétuer une injustice entre les domaines historiquement masculins, rémunérés, et ceux qui sont historiquement féminins et non-rémunérés.
Le mouvement étudiant, maintenant plus que jamais, prend la pleine mesure de ce que vaut la parole du gouvernement après ce condamnable changement de discours. Les stagiaires du Québec se souviendront amèrement de ce recul qui les abandonne à leur sort, au moment même où ils et elles auraient eu le plus besoin de soutien.
« Faisant suite à l’amère déception du budget, il est inacceptable que le gouvernement ne revienne sur son engagement de rémunérer les stages du secteur public québécois. La population stagiaire québécoise, qui devra payer cet abandon à la sueur de son front, s’en souviendra. »
- Laurence Mallette-Léonard, présidente de la FECQ
« La rémunération des stages reste un enjeu prioritaire pour la communauté étudiante et la ministre doit rendre des comptes par rapport aux propos inacceptables qui ont été énoncés. Pour résorber la pénurie de main-d’œuvre criante notamment en éducation, en santé et dans les services sociaux, la rémunération des stages est indispensable et le gouvernement doit se rendre à l’évidence. »
- Catherine Bibeau-Lorrain, présidente de l’UEQ
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