Une femme seule.
Assise dans la foule,
Sereine,
Une femme seule,
Elle n’est plus jeune
Plus jeune, on comprendrait
Qu’elle ne porte pas le poids
D’être seule et femme.
Les gens la regardent
Elle se tient très droite
Elle ne traine pas de charge
Elle n’a ni père ni frère, ni mari,
Ni mère à ses côtés.
Peut-être qu’il y a des gens qui passent après elle ?
Mais plus personne devant.
Elle est libre, voyez-vous
Et le fait d’être seule ne semble pas peser
Sur son échine.
Elle sourit.
La foule dans l’autobus est de glace.
Les gens regardent ailleurs
Soigneusement
Comme on évite de regarder un malade
Des airs de pitié glissent sur son dos
Qu’elle ignore
Toute à ses pensées,
À son mystère.
Ses yeux pétillent de malice,
Puis elle se lève,
Prend pied sur le trottoir
Et poursuit seule sa route.
Manon Ann Blanchard
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