Ici comme ailleurs, il a souvent été de l’intérêt des militaristes de rendre le discours de paix inaudible. Pourtant, ce serait un manque d’imagination criminel de croire qu’il n’existe qu’une seule solution au conflit actuel. Tout comme, il serait indéfendable de soutenir qu’une seule piste d’action s’offre au Canada comme membre de la communauté internationale. Demeure-t-il possible de discuter des diverses avenues existantes ?
Comme plusieurs au Québec et à travers le monde, nous sommes tous les jours horrifiés par les nouvelles nous parvenant d’Ukraine. Nous sommes choqués par la brutalité des crimes commis par la hiérarchie et par les forces russes et ce qu’endure le peuple ukrainien, réelle victime de cette agression. C’est justement parce que nous sommes solidaires de tout notre être de ce que vit ce peuple que nous sommes particulièrement inquiets de l’incessante montée du discours militariste des gouvernements occidentaux. Dans le contexte actuel, aucune solution au conflit ne sera idéale. Il n’en demeure pas moins que certaines solutions emprisonnent les populations affectées dans une logique de guerre davantage qu’elles ne les en libèrent. Chaque journée de guerre apporte son lot de morts, de misère et de souffrances. Il est donc urgent d’agir pour la paix.
Dans les années 1940, Saint-Exupéry, qu’on ne peut qualifier de pacifiste niais, écrivait « Tu fondes ce dont tu t’occupes et rien de plus. Même si tu t’en occupes pour lutter contre. […] Et si je fais la guerre pour obtenir la paix, je fonde la guerre. » Il est tout à fait possible d’être et de demeurer résolument solidaire du peuple ukrainien sans pour autant adhérer à l’idée que la seule solution au conflit actuel réside dans l’envoi d’armes sans autre action. Il faut dès à présent fermement s’inscrire dans un mouvement de paix, aussi fermement que nous nous sommes inscrits jusqu’à présent dans une dynamique guerrière.
On doit pouvoir affirmer que la sortie de cette guerre passera nécessairement par des accords négociés. On ne peut espérer une solution dans la guerre. Aucune victoire sur le terrain ne sera réellement décisive. Contre la guerre, il faut militer pour la paix. Il faut demander à notre gouvernement de soutenir et d’aider le peuple ukrainien tout en agissant auprès de la communauté internationale pour forcer un cessez-le-feu. Pourquoi n’est-il pas possible de faire des ententes récentes sur l’exportation des céréales un prélude à des ententes plus larges ? Notre gouvernement ne peut agir que sur un front et attendre que les belligérants décident que la souffrance à assez durée. Il faut parler à nos alliés, il faut parler aux alliés de la Russie. Il faut œuvrer à les convaincre que la paix est la seule issue et que dans le cas ukrainien, la paix commence par un cessez-le-feu. Rien de plus, mais rien de moins.
Il faut aussi que nos médias, sans cesser de nous informer sur les souffrances du peuple ukrainien, permettent à d’autres voix que celles de nos politiques et de nos généraux de s’exprimer. La paix ne sera pas gagnée par la tactique militaire, mais par une stratégie de paix.
Charles-Antoine Bachand
Chelsea
Vagner Castilho
La Pêche
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