Édition du 4 février 2025

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Monde du travail et syndicalisme

Grève générale en Serbie

De nombreux acteurs sociaux ont appelé à une grève générale le vendredi 24 janvier (appelée officiellement par les étudiant·es et lycéen·enes) qui a été marquée par des rassemblements de masse, qui se sont poursuivis samedi et dimanche, portant le nombre de manifestations à plus de 150. Au moins 22 000 personnes ont manifesté à Novi Sad, 15 000 à Niš dimanche, 6 000 à Kragujevac. Pour la ville de Belgrade, on estime qu’environ 35 000 personnes se sont rassemblées près du bâtiment du gouvernement, tandis que 20 000 autres personnes se sont rassemblées au rond-point près de la municipalité. Belgrade compte 1,3 million d’habitant·es et la Serbie 6,60 millions.

Tiré d’Europe solidaire sans frontière.

Les manifestations, qui ont débuté en novembre et réclament que les autorités rendent des comptes et que justice soit rendue pour l’effondrement de l’auvent de la gare de Novi Sad, le 1er novembre dernier, qui a fait 15 victimes. Cette contestation est devenue le plus grand défi auquel les autorités ont été confrontées depuis que le Parti progressiste serbe a pris le pouvoir en 2012. Le président Aleksandar Vucic a appelé à « punir sévèrement » les responsables de la tragédie qui s’est produite dans la gare, mais rien n’a été fait.

Mais pour beaucoup les dirigeants corrompus, par l’intermédiaire desquels des proches de fonctionnaires ont passé les commandes de construction de cet auvent, sont les symboles d’un régime qu’ils et elles ne supportent plus. Ils et elles demandent également que Vucic lui-même soit tenu pour responsable.

Les étudiant·es sont mobilisé·es en permanence depuis novembre 2024. Ils et elles expliquaient en décembre dernier « Nous avons suspendu nos études, organisé des assemblées générales et voté des revendications, créé des groupes de travail. Nous avons occupé les locaux des facultés et les avons adaptés à notre vie quotidienne. Nous avons installé des cuisines, des dortoirs, des pharmacies, des ateliers, des cinémas et des salles de classe qui dispensent des cours pendant la grève. En trois semaines, presque tous les bâtiments universitaires de Serbie sont devenus des centres d’auto-organisation politique 24 heures sur 24. Nous recevons le soutien de nos concitoye·nes, dont les dons nous permettent de vivre. Chaque jour, d’autres groupes vulnérables de la société se joignent à notre lutte... Nous mettons en pratique le principe de la démocratie directe. Lors de ces réunions, tout le monde a une voix égale et le droit de décider de toutes les questions ».

De son côté, le syndicat indépendant des éducateur·trice, de nombreuses écoles et personnes employées dans l’éducation se sont opposé·es à la décision des syndicats « représentatifs » de poursuivre les négociations avec le ministère de l’Éducation. Des troupes de théâtre de Belgrade, ainsi que le Théâtre national serbe de Novi Sad, puis le Théâtre national de Sombor, ont annulé leurs représentations et ont lu une déclaration de protestation contre la tentative d’assassinat d’une étudiante en référence à la voiture qui a foncé le 16 janvier sur un rassemblement étudiant.

Plus tôt le 15 janvier, le syndicat TENT a décidé de se mettre en grève et demande « la satisfaction des revendications des étudiant·es, la détermination des responsabilités dans la situation catastrophique de l’industrie électrique - mais aussi la destitution du directeur général de l’EPS AD, de l’ensemble du directoire, du conseil de surveillance, de l’Assemblée de EPS, et le Ministre des Mines et de l’Énergie. » Trois jours plus tard entre 53 000 et 55 000 personnes ont participé à une manifestation devant la Télévision Rodio de Serbie (RTS), sous le mot d’ordre « Notre droit à tout savoir » ce qui constituait selon un quotidien serbe l’un des plus grands rassemblements de l’histoire de la Serbie. À la suite du mouvement étudiant, d’autres secteurs de la société serbe se mettent en mouvement qui vient de culminer avec ce week-end de grève générale.

A la suite de ces manifestations, le premier ministre serbe, Milos Vucevic a démissionné le 25 janvier. « Afin d’éviter de ne pas augmenter davantage les tensions dans la société, j’ai pris cette décision », a-t-il déclaré. Une première victoire du mouvement des étudiants.

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