Le larvicide Bti contre les moustiques et ChatGPT
C’est ce qu’a fait une entreprise de contrôle des insectes piqueurs, la plus grosse entreprise en fait, qui arrose nos milieux humides au larvicide Bti, pour détruire les moustiques et les mouches noires. Voici la question que l’entreprise a posée à ChatGPT, le robot conversationnel vedette ces jours-ci :
« Le Bti est-il dangereux pour l’environnement ? » La réponse, en gros, du système d’intelligence, toute artificielle, fut ceci :
« Le Bti est largement utilisé pour le contrôle des larves de moustiques, de moucherons et d’autres insectes nuisibles dans les zones où les larves d’insectes aquatiques posent un problème de santé publique ou agricole. Il agit de manière sélective en ciblant spécifiquement les larves aquatiques. Il ne nuit généralement pas aux autres organismes aquatiques tels les poissons, amphibiens ou microorganismes, est biologique, non persistant et il réduit l’utilisation des insecticides chimiques. »
On croirait lire une information sur le site de la compagnie.
Notre question à ChatGPT
L’entreprise mentionne sur sa page avoir posé la question par curiosité. Par curiosité, nous avons, nous aussi, posé une question sur ce larvicide au tout-puissant ChatGPT, mais avec une tournure un brin différente :
« Quels sont les dangers du Bti pour l’environnement ? » La réponse, essentiellement :
« Le Bti peut encore présenter certains risques potentiels, dont : impacts sur les espèces non-cible, dégradation de l’habitat, résistance des insectes, effets sur les organismes terrestres et effets sur la chaîne alimentaire. »
Pas tout à fait la même réponse… pour ne pas dire, à peu près le contraire que la réponse version 1. Dans les 2 cas par contre, la réponse faisait dans le flou, manquait de précision. En fait, avec ChatGPT, la seule phrase qui nous paraît rigoureuse est celle inscrite tout en bas des réponses que génère le nébuleux cafouilleur automatique : « ChatGPT can make mistakes. Consider checking important information. »
Étant donné que nous considérons le sujet des pesticides comme étant important - leur impact sur le vivant surtout - plutôt que de nous tourner vers une girouette artificielle, nous jugeons préférable de nous informer, dans le cas du Bti et de tout autre sujet jugé important, auprès de sources basées sur la science indépendante.
ChatGPT ou virer à tout vent
N’en déplaise à la nouvelle star, ChatGPT, études à l’appui depuis plus de 15 ans maintenant : le Bti n’est pas sélectif, car il s’attaque à n’importe quelle larve sur son passage qui fait partie des nématocères (un des groupes d’insectes vitaux pour assurer l’intégrité de la chaîne alimentaire) ; il détruit notamment les proches cousins non-piqueurs des moustiques, soit les chironomes, une copieuse et précieuse source de nourriture pour la vie aquatique et terrestre ; il nuit aux poissons, qui se gavent de chironomes là où ils en trouvent ; le Bti affecterait aussi le développement et le microbiote des grenouilles ; et il est loin d’être biologique puisque plus de 80% des produits Bti sont composés d’une soupe d’additifs divers.
La COP 15 a vivement sonné l’alarme par rapport à la crise de la biodiversité et le déclin généralisé des insectes. Le ministère de l’Environnement, de la lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs recommande d’appliquer le principe de précaution concernant le Bti (c.-à-d., dans le doute, s’abstenir d’en utiliser). Il existe des solutions simples et sans impacts sur l’eau et sur la diversité de la vie pour éviter les moustiques (protections personnelles, bornes à base de CO2 recyclé). Alors qu’est-ce que la municipalité de Trois-Rivières attend pour rompre avec cette pratique des années 80 ? Une réponse claire de ChatGPT peut-être ?
Danièle Dugré
Christiane Bernier
Coalition biodiversité-Non au Bti
https://www.nonaubti.org
https://www.facebook.com/NonBti
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